Depuis l’avènement du digital, les modes de comportements ont bien évidemment changé. La sexualité fait partie de ces changements majeurs qui ont tendance à remettre en cause les fondements même de notre société de vie et de consommation. Cela ouvre aussi une boite de Pandore dont le contenu reste encore difficile à évaluer…
Description de l’étude pour Cam4.fr par François Kraus, directeur d’études au Département Opinion de l’Ifop : Génération You Porn : mythe ou réalité ? Et de l’influence des nouvelles technologies sur les comportements sexuels des jeunes et surement des moins jeunes :
Riche en surprises et en enseignements, cette enquête réalisée auprès de 1 000 jeunes âgés 15 à 24 ans montre que les comportements sexuels des jeunes ont profondément changé au cours des 20 dernières années et qu’ils intègrent de plus en plus les nouveaux modes de communication.
Les chiffres clés
La comparaison des résultats de cette étude avec ceux des enquêtes de référence réalisées au cours des 20 dernières années (ACSF 1992, ACSJ 1994, CSF 2006,…) met en lumière trois grandes tendances :
1. Un essor des pratiques masturbatoires et de la fréquentation des sites pornographiques
Une forte hausse de la fréquentation des sites pornographiques
– Les deux tiers des garçons (69%) et près d’une fille sur trois (35%) ont déjà surfé sur un site pornographique
– Le nombre d’hommes de 18-24 ans ayant déjà surfé sur ce type de site est en forte hausse : +30 points en sept ans (à 77%)
– Aujourd’hui, à 15 ans, la moitié (55%) des jeunes âgés de 15 à 24 ans a ainsi déjà vu un film X
Une généralisation des pratiques masturbatoires, notamment dans la gent féminine
– Près des trois quarts des jeunes (73%) admettent s’être déjà masturbés au cours de leur vie
– Cette activité solitaire reste toujours plus facilement admise par les garçons (88%) que par les filles (58%)
– Cette pratique se banalise toutefois chez les femmes âgées de 18 à 24 ans : + 25 points par rapport à 1992
2. Une sexualité de plus en plus diversifiée et ouverte aux pratiques issues de l’univers du X
Le répertoire sexuel des jeunes apparaît de plus en plus diversifié si l’on en juge par l’essor de certaines pratiques bucco-génitales (fellation, cunilingus, « 69 »,…) ou anales (sodomie)
– Plus des trois quarts des jeunes ayant déjà eu un rapport sexuel ont déjà essayé la « levrette » (78%)
– De plus en plus de jeunes (79%) ont déjà léché ou sucé le sexe de leur partenaire au cours de leur vie
– La proportion de jeunes s’étant déjà adonnés à la pénétration anale (35%) a doublé en l’espace de 20 ans
On observe aussi une intégration dès le plus jeune âge de pratiques sexuelles issues directement de la culture porn comme l’éjaculation faciale ou la biffle
– Etroitement associée à l’univers du X, l’éjaculation faciale a déjà été pratiquée par un jeune sur quatre (24%)
– Plus d’un jeune sur trois (36%) s’est déjà adonné à la pratique de la « biffle »
– La pratique de l’anulingus reste moins répandue, que ce soit sous forme active (15%) ou passive (18%)
Enfin, la tendance à la bisexualité apparaît de plus en plus marquée dans la gent féminine même si le passage du fantasme à la réalité reste plus limité
– 18% des filles de moins de 25 ans ont déjà été sexuellement attirées par une autre fille
– Cette proportion a doublé en 20 ans chez les adolescentes de 15-17 ans (12% en 2013, contre 7% en 1994)
– Le nombre de filles passées à l’acte est toutefois plus limité (10% parmi celles ayant déjà eu un rapport).
3. Une intégration des nouveaux modes de communication dans la vie sexuelle des jeunes
Un usage d’Internet à des fins sociales et sexuelles de plus en plus développé
– Plus d’un tiers des jeunes de moins de 25 ans (38%) a déjà surfé sur un site de rencontre
– Près d’un quart des jeunes (24%) sont déjà sortis avec des personnes rencontrées par Internet
– Un jeune sur six (17%) a déjà eu un rapport avec une personne rencontrée sur Internet
?? Le développement d’activités sexuelles virtuelles via divers outils de communication interactifs
– 24% des jeunes ont déjà eu des conversations érotiques avec quelqu’un qu’ils n’avaient jamais vu en vrai
– 28% des jeunes pourraient faire l’amour virtuellement via une webcam avec leur partenaire
– 8% des jeunes ont déjà visionné gratuitement le show sexuel d’une personne devant sa webcam
Le point de vue de l’Ifop
Etroitement lié à l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la banalisation de la consommation de pornographie chez les jeunes a considérablement changé leur vie sexuelle en favorisant l’intégration dès le plus jeune âge de pratiques associées à l’univers du X : le contenu de leurs rapports sexuels apparaissant de plus en plus influencé par les codes de la pornographie.
Mais si l’impact le plus visible de ces nouveaux modes de communication est l’essor d’une consommation passive de films x, leur usage ne s’inscrit pas seulement dans une logique de substitut à une vie sexuelle réelle : le nombre croissant de jeunes qui utilisent les ressources du web pour établir des contacts amoureux ou sexuels reflétant un usage de plus en plus actif d’Internet à des fins sociales et sexuelles.
Près d’une douzaine d’années après l’apparition des premiers sites de rencontre en France, leur usage s’est donc largement banalisé dans une jeunesse née ou en tous cas élevée avec Internet dès le plus jeune âge. Dans ce cadre, on observe aussi le développement d’échanges sexuels purement virtuels via des plateformes offrant à des jeunes qui ne disposent pas toujours d’espace propre la possibilité de se livrer à des jeux de séduction ou à des jeux sexuels qu’ils n’oseraient pas réaliser en face-à face.
François Kraus, directeur d’études au Département Opinion de l’Ifop
Retrouvez l’intégralité de l’étude ci dessous :