Lorsqu’on évoque l’impression 3D, on ne peut pas s’empêcher de penser aux grandes inventions et de croire que cette nouvelle technique en fait partie. Pourrons-nous un jour créer nous-mêmes chaque objet qui nous entoure grâce à la technologie 3D ? Cette question est sur de nombreuses lèvres et si l’impression 3D fait parler, elle n’en est pourtant pas à son coup d’essai.
A l’origine
Cette technologie existe depuis le milieu des années 80. On doit sa paternité à Charles Hull, aujourd’hui vice-président de 3D Systems. Bien avant de devenir le procédé abouti qu’on connait, l’impression 3D était basée sur un principe de Stéréolytography, permettant aux industriels d’avoir une vision en volume de leurs objets avant de lancer leur production de pièces en séries. Dix ans plus tard, l’impression couche par couche apparait et prouve que l’impression 3D est viable. Ce constat se confirme en 2002 lorsque le laboratoire Wake Forest Institute for Regenerative Medicine recrée un rein fonctionnel à partir de l’impression 3D.
Son évolution
Depuis, la technique n’a cessé de progresser et de se préciser avec le lancement en 2009 de la Makerbot, première imprimante 3D destinée au grand public, et en 2013, où les plans d’une arme à feu fonctionnelle en plastique imprimable sont diffusés sur Internet. Le gouvernement américain interdira leur diffusion, mais ces plans auront été téléchargés 100 000 fois entre temps. C’est aujourd’hui la médecine qui s’intéresse le plus à la technologie 3D, avec pour ambition de recréer des organes, des os et des morceaux de tissus humains. La start-up américaine Organovo travaille notamment sur un concept d’imprimante pouvant créer des tissus vivants transplantables.
La ruée vers la 3D
Du côté des marques, Auchan propose depuis peu dans son centre d’Aéroville (près de Roissy) d’imprimer des objets en 3D à partir d’un catalogue personnalisé. Le distributeur rejoint Ikea, utilisateur quasi historique de l’impression 3D. En effet, c’est dans son siège d’Almhult en Suède qu’Ikea fabrique des prototypes fonctionnels de ses produits à partir de sa propre imprimante 3D. Taille, forme et texture : l’ergonomie des produits est testée et approuvée par les designers avant commercialisation.
Autre nouvel acteur dans le monde de la 3D : McDonald’s. Il se murmure que le géant américain aimerait installer des imprimantes 3D dans ses restaurants afin de permettre aux enfants de choisir et d’imprimer leur jouet Happy Meal favori. Mark Fabes, director of IT & Digital McDonald’s restaurants UK a déclaré au Register : » Le bonheur d’un bon repas McDonald’s pour d’innombrables familles a été gâché parce que le héros du dernier blockbuster avait été remplacé par un autre héros moins à la mode « .
Quel est l’intérêt pour une marque d’utiliser la technologie 3D ? Proposer des produits différents, se démarquer, mais surtout réaliser des opérations de communication différentes et asseoir un positionnement avant-gardiste, innovant face à la concurrence. Pour Auchan par exemple, proposer la 3D avant des leaders comme Carrefour ou Leclerc est synonyme d’un coup de poker. Même La Poste a succombé aux charmes de l’imprimante 3D, avec la présence de cet outil d’impression dans 3 bureaux franciliens.
Et c’est en ça que la 3D nous apparaît comme une évolution technologique de taille. Chaque jour, elle permet de créer plus d’objets. Et chaque jour, elle permet d’utiliser de nouveaux matériaux, plus flexibles, plus ergonomiques et plus beaux. Mais elle permet aussi d’ouvrir un champ de possibilité quasi illimité en terme de marketing, de communication et d’influence.
Les précurseurs de la 3D
C’est du côté des designers qu’il faut aller chercher les plus beaux exemples d’impressions 3D : The Sugar Lab et l’utilisation du sucre comme matériau, Continuum Fashion avec l’impression de chaussures en nylon ou encore l’incontournable Amanda Ghassaei, spécialiste du vinyle. Pour eux aussi la 3D est un moyen de se démarquer, mais ce sont aussi eux, à travers leur travail, qui donneront envie aux futurs designers d’exploiter la technologie 3D et de faire en sorte que celle-ci entre dans le quotidien du « commun des mortels ».
Il convient de rester lucide. En effet, comme toute innovation, la 3D connaît son revers de médaille et celui-ci s’appelle la contrefaçon. En ouvrant la possibilité de copier des objets, la 3D peut porter atteinte aux marques, brevets, droits d’auteur. Comme évoqué plus haut, la 3D peut également être la porte ouverte à certaines dérives, comme la production d’armes. On peut donc se poser la question de l’encadrement de la technologie 3D et surtout se demander si ce ne sont pas ces dérives qui font parfois le succès d’une technologie. Le temps le dira…
Déborah Larue
Spanky Few
Rubrique réalisée en partenariat avec Leo Burnett
Quelques travaux réalisés grâce à l’impression 3D
The Sugar Lab
Conçu par Kyle et Liz Von Hasseln, The Sugar Lab est un concept d’impression 3D différent, car les designers ont utilisé du sucre, à la différence des autres projets de ce type, habituellement réalisés avec du plastique ou de la résine. Pour la première fois, l’impression 3D pénètre le domaine culinaire et ouvre des perspectives aux professionnels du milieu.
Continuum Fashion avec Strvct
Quand la mode prend possession de la 3D, cela donne des modèles étonnants à l’image de Strvct, un modèle de chaussures créé par Continuum Fashion. Conçues en nylon, mais renforcées avec du cuir et du caoutchouc synthétique, ces chaussures ont été déclinées en plusieurs modèles inspirés de l’origami. Selon ses créateurs, elles sont solides, légères et confortables. N’ayant pas eu l’occasion de tester, on le croit sur parole !
Orlando Fernandez Flores et de Lucia De Conti
A l’image de Strvct, les designers italiens Orlando Fernandez Flores et de Lucia De Conti ont utilisé le nylon comme matériau grâce à sa légèreté et sa flexibilité. Pour les designers mode, le nylon apparaît comme le matériau qui offre le plus de possibilités comme en témoigne cette collection de bijoux qui devraient être déclinée à travers les saisons.
Amanda Ghassaei
On a gardé le meilleur pour la faim : on matière d’impression 3D, Amanda Ghassaei est un peu notre maitre. Cette « test-tout » a fait de la création de vinyle en impression 3D sa spécialité. Pour cela, elle utilise alternativement le bois, le papier et l’acrylique grâce au « laser cutter ». Et le plus beau, c’est que ça fonctionne ! En matière de design, elle est la seule qui, selon nous, a réussi à créer un objet à la fois utile et beau.
Pour en savoir plus sur la 3D, rdv au 3D Print Show les 15 et 16 novembre à Paris.