Révolution récente, les MOOC signifient “ Massive Open Online Course”, c’est-à-dire “cours en ligne ouvert et massifs ”. Le concept se résume facilement : il s’agit de mettre en ligne un cours en accès gratuit pour l’enseigner à un maximum d’élèves, où qu’ils soient. Les MOOC peuvent soit prendre la forme classique (comme en classe, sauf que la classe est le monde) d’un cours magistral dispensé par un professeur (on parle alors de xMOOC), soit être plus collaboratif dans un espace où sur un sujet chacun vient apporter ses connaissances et sa pierre à l’édifice (on parle alors de cMOOC). Ils se caractérisent par la gratuité, l’accès de masse et la forte implication des universités et des grandes écoles. Bref, à l’heure de la mobiquité, la connaissance, aussi, devient nomade.
L’avènement des MOOC survient avec la généralisation du haut débit. L’histoire retiendra sans doute comme point de départ de cette révolution du savoir, le MOOC de l’université de Standford sur l’intelligence artificielle, qui durant trois mois fin 2011, attira plus de 150 000 étudiants, provenant de 190 pays différents. En France, même si le secteur est encore loin d’être structuré, le MOOC est en plein démarrage. Et 2014 pourrait bien être l’année de son explosion. L’INRIA vient de lancer un MOOC Lab et toutes les universités et grandes écoles que compte l’Hexagone (Paris 1, Polytechnique, Centrale, Sciences Po, la CNAM…) sont en train de s’y mettre, sur leurs sites et/ou sur de larges plates-formes comme Edunao.com ou FUN (France Université Numérique), piloté par le Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et qui regroupe les MOOC de Sciences Po, Polytechnique, Centrale, Mines Telecom, Paris 1, Bordeaux 3, Montpellier 2… Réalisée en septembre 2013, une étude du Ministère de l’Education Nationale estimait déjà à 10% le nombre d’étudiants et d’enseignants du supérieur français ayant déjà suivi ou donné un MOOC. Et une étude TNS Sofres montre que 57% des étudiants aimeraient en suivre.
La technologie est ainsi peut-être en train de réaliser un des plus vieux rêves humains : mettre le savoir à la portée de tous, en rendant accessibles les cours des plus prestigieuses universités et institutions d’enseignement. Elle change radicalement le sens de l’interaction : ce n’est plus à moi de me déplacer physiquement pour accéder au savoir, c’est lui qui vient à moi, dans mon ordinateur ou ma tablette, où que je sois et sans que j’aie à bouger.
Polytechnicien sans passer de concours ?
Pour Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique, les MOOC sont aussi une « révolution » : « après avoir renversé les secteurs de la logistique, de la musique, de la publicité, ou encore de l’édition, c’est au tour de l’école et de l’université de connaître les effets disruptifs de l’Internet avec l’émergence de nouvelles technologies qui redéfinissent la manière même de transmettre et partager le savoir»*. Etre polytechnicien sans jamais avoir passé le concours, voilà ce que permet déjà presque l’école virtuelle ! Les MOOC vont entraîner un changement complet dans l’acquisition des savoirs et la gestion de sa formation, tant initiale que continue. Rien de plus facile en effet avec eux que d’enrichir ses compétences tout au long de sa carrière.
De nouveaux acteurs MOOC se positionnent déjà sur le marché de la formation continue. Pour « apporter une réponse innovante à l’évolution des besoins de formation continue en finances », le groupe français FirstFinance vient par exemple de lancer le premier MOOC d’analyse financière, animé par un professeur d’HEC, et avec validation des acquis. Un site comme CoorpAcademy se spécialise, lui, dans la mise en ligne de MOOC, dédiés à la formation professionnelle au sein des entreprises.
Rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir les autres innovations recensées par PQR 66 et présentées dans le rapport « Français, Françaises, etc. »
* « Les MOOC ou l’innovation disruptive à l’assaut de l’éducation ». Alumni Sciences-Po Magazine, septembre2013.