5 novembre 2014

Temps de lecture : 2 min

Des paroles de Rap en 3D !

Les " lyrics " de hip-hop fascinent chez l’Oncle Sam, à tel point que la plate-forme à succès Rap Genius en a fait son modèle économique. Une artiste newyorkais vient carrément de les transformer en objets physiques imprimés en 3D !

Les paroles de hip-hop fascinent chez l’Oncle Sam, à tel point que la plate-forme à succès Rap Genius en a fait son modèle économique. Une artiste newyorkais vient carrément de les transformer en objets physiques imprimés en 3D !

Ah les paroles de rap, si bucoliques, profondes et inspirantes… Halte aux préjugés, haro sur les clichés : oui les Rimbaud de quartier peuvent agacer par la nullité de leurs écrits, mais certaines plumes justifient encore la genèse du hip-hop, né dans les années 70 à New York comme un mouvement de contestation et d’expression des conditions de vie d’une jeunesse urbaine défavorisée. Alors oui, le comte de Bouderbala leur a consacré un sketch entier de son spectacle, Laurent Gerra les taille à la hache réactionnaire, la police les abhorre et les médias grands publics les brandissent pour expliquer les guéguerres écervelées entre pseudo stars de la rime. Mais réduire le rap à cette médiocrité serait injuste et contraire à une autre réalité plus sociologique.

En décembre 2013, INfluencia s’intéressait au très intéressant projet de l’agence Amusement Park. Dans un clip en noir et blanc ultra esthétique, les frères et fondateurs Jimmy et Jarrel Smith mettaient en scène des enfants reprenant certains dérapages verbaux de morceaux de rap à succès. L’art servait alors de levier de sensibilisation et de conscientisation sur les dangers de la vulgarisation de la vulgarité. Autre corde à son arc, l’art peut également se servir de la technologie pour explorer l’influence du langage, de la culture et des normes sociales contenues dans les paroles de rap afin de comprendre la façon dont les êtres humains se perçoivent et se traitent entre eux.

Avec son exposition « Grillz », l’artiste newyorkaise Roopa Vasudevan utilise l’impression 3-D pour donner une forme physique aux écrits de stars comme Jay-Z, Notorious B.I.G., Puff Daddy, Rick Ross et Fat Joe. Concrètement, Roopa Vasudevan exploite un algorithme analysant certains mots clefs pour produire des formes géométriques à partir de morceaux célèbres comme “ Make It Rain ”; “ Been Around the World ”; “Juicy ”…

Rap Genius a montré la voie

Grâce au logiciel PyGenius – qui passe à la moulinette analytique toutes les paroles de rap pour en faire une base de données simple et pratique, l’artiste de Gotham, membre du collectif Flux Factory, imprime en 3D des sortes de protège-dents en acier doré. Chacun à sa manière reflète le sens des morceaux  passés au grill. Pour choisir les mots clefs analysés par l’algorithme, Roopa Vasudevan a puisé dans deux extrêmes sociaux opposés, pauvreté et richesse. Voitures, ghetto, argent, bijoux, drogue et prostitution ont donc servi au processus qui a transformé certains codes du langage hip-hop en des formes physiques 3-D.

Inaugurées mi-octobre lors du Dumbo Arts Festival de Brooklyn, les installations de Grillz ont également été mise en valeur par le collectif de Philadelphie Little Berlin lors de l’exposition « Heavily Scripted », fin octobre. L’attention médiatique qu’a reçue le travail de Roopa Vasudevan s’inscrit dans une tendance surprenante mais indéniable aux Etats-Unis : la fascination et l’intérêt suscitées par les paroles de hip-hop auprès des médias, des artistes et même du grand public. Le succès de la plate-forme Rap Genius en est le symbole, les projets similaires Drug Slang in Hip Hop et Same Old Shawn leurs émanations.

Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA

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