12 octobre 2015

Temps de lecture : 5 min

Branding packaging et innovation : émigration et culture culinaire

Comment les vagues d’émigration sont venues enrichir et diversifier la consommation quotidienne des Français.

Comment les vagues d’émigration sont venues enrichir et diversifier la consommation quotidienne des Français.

Le savoir-faire et la culture culinaire de notre pays nous sont enviés par une bonne partie de la planète. De nombreux pays utilisent notre langue pour valoriser un produit ou une recette sur les packagings de leurs marques. Des milliers de jeunes du monde entier viennent chaque année dans nos écoles apprendre ce savoir-faire culinaire unique et dynamique qui se renouvelle sans cesse. La France, premier pays touristique du monde, doit cette position en partie à sa réputation de bien vivre, bien manger et bien boire, des qualités « culturelles » résultant du brassage des produits issus de nos régions, de la qualité et de l’exigence que nous apportons dans l’élaboration complexe et sophistiquée de nos recettes.

Cela dit, depuis déjà de nombreuses années, l’apport de marques et de produits issus des quatre coins du monde n’a cessé de progresser dans notre alimentation quotidienne. Les traditions culinaires issues des différentes migrations sont venues enrichir les recettes des Français. Peuple traditionnellement sédentaire, nous voyageons à travers la découverte de nouveaux produits, de nouvelles saveurs, de nouveaux mélanges, de nouvelles couleurs. Nous avons assimilé cet ensemble. Aujourd’hui, les Français cuisinent en intégrant ces découvertes, que ce soit dans le choix des ingrédients comme dans les habitudes de préparation. Nous nous sommes ouverts sur le monde sans perdre nos valeurs.

Comme là-bas mais bien de chez nous

Dans les années 70, le célébrissime couscous Garbit avec le slogan « c’est bon comme là-bas » fut le déclencheur d’une révolution culinaire qui n’a jamais cessé depuis de se consolider et de s’enrichir, ouvrant la voie à l’intégration dans nos habitudes alimentaires de produits et de recettes issus des quatre coins de la planète. A priori rétif à la mondialisation, notre pays mange aujourd’hui le couscous à la maison ou le tajine en version classique, bio ou light, le hamburger, le porc au caramel et les lasagnes au même titre que le bœuf carottes ou les coquillettes au jambon. Traditionnellement orientée vers le sud (Italie, Espagne, Grèce, Algérie et Maroc), cette ouverture s’est déplacée vers l’Asie, l’Amérique du Nord/du Sud et les Caraïbes. Cette tendance tirée par les nouvelles générations s’est inscrite dans notre quotidien allant jusqu’à se banaliser, en trouvant sa place dans le fameux espace-temps « qu’est-ce que je vais faire à manger ce soir pour les enfants ? ».

Du classique Garbit au light, le couscous est devenu incontournable

Saveurs du monde

Plus étonnant, la rupture avec la sacro-sainte baguette à la Française qui a, je vous rassure, encore de beaux jours devant elle. Le pain, aliment de base de beaucoup de pays est devenu, en quelques années, la clé d’entrée de l’intégration de recettes ou de produits étrangers dans nos habitudes de consommation. Se développe le plus souvent une nouvelle gestuelle « manger avec ses mains », sûrement barbare et « mal-élevée » pour les anciennes générations et pour beaucoup d’adultes habitués à des usages transmis via les traditions familiales mais devenue ludique et gourmande pour les jeunes générations.

La pizza venue d’Italie, identifiée par sa forme ronde comme la terre, est devenue un symbole de cette alimentation mondiale.

Conclusion :

L’observance des us et coutumes alimentaires de base en usage dans le monde est toujours une source d’innovation importante dans un monde de plus en plus décloisonné et en attente de nouvelles saveurs, textures, couleurs et modes de consommation. L’aventure culinaire ne fait que commencer…

Vient de là-bas mais vu qu’ici

Des marques ont adopté des noms et des codes de pays plus ou moins lointains. Créer un naming évoquant une origine étrangère qui nous fait rêver ou qui apporte un certain statut à la catégorie produit est une constante dans nos rayons. Depuis longtemps en France, de nombreuses marques doivent leurs succès à ces emprunts. Nom, univers évocateur, packaging d’inspiration étrangère, typographies inspirées d’alphabets étrangers, tout est permis pour faire voyager le consommateur et le faire rêver autour d’un goût, d’une recette ou d’un produit.

Les îles du pacifique = pureté et parfums magiques

L’Asie et ses senteurs envoûtantes

Fraîcheur et gourmandise de la Méditerranée ou des Balkans

Manger nature comme en Scandinavie

L’Amérique et son énergie légendaire

Conclusion :

Le consommateur n’est pas dupe et joue le jeu dans une certaine limite. Il aime rêver et voyager, mais les marques doivent être à la hauteur de leurs promesses et rester cohérentes avec l’univers qu’elles se sont approprié.

Le meilleur vient de là-bas

Depuis peu d’années, nous finissons par admettre que certains pays souvent proches, produisent et consomment des produits d’une qualité nettement supérieure à ce qui se fait chez nous. Les Français voyagent de plus en plus et se font un honneur de découvrir lors de leurs escapades des produits introuvables en France. L’Italie en est le meilleur exemple. Ils savent faire les pâtes mieux que nous, le jambon est plus fin et plus savoureux, le café à plus de goût grâce à leurs percolateurs uniques, les sauces sont plus gourmandes car elles contiennent des ingrédients variés et de meilleure qualité. Fort de ce constat, le consommateur recherche une origine certifiée.

Des origines lointaines et exotiques pour des goûts typés

Conclusion :

La mondialisation nous offre cette possibilité de goûter à ce qu’il y a de meilleur dans le monde. Ne pas hésiter à prendre son sac à dos et partir loin des sentiers battus, à la découverte de ce que le monde nous offre de meilleur en termes d’ingrédients ou de savoir-faire.

Vendu ici pour les gens de là-bas

Un certain pourcentage de la population française, pour des raisons d’âge, de culture ou d’émigration récente consomme des plats, des produits ou des ingrédients inconnus de la grande majorité des consommateurs français. Ils s’approvisionnent souvent à des prix relativement élevés dans des circuits de distribution qui nous semblent très exotiques et dans lesquels nous avons le plus grand mal à acheter le moindre produit. La plupart de ces produits nous informent sur leur contenu dans des langues inaccessibles sauf pour quelques érudits ayant fait « langues orientales à la Sorbonne » ou les cours du soir à « l’école pratique des hautes études ».

Conclusion :

Ces circuits souvent très courts décèlent de vraies pépites alimentaires. Munis d’un bon guide, je vous invite à les découvrir et surtout à les tester, mais attention à ne pas prendre trop de risques en partant seul à l’aventure. Découvrir une merveille pour les papilles ou tomber sur l’ingrédient qui file des désordres intestinaux, ça peut vite dégénérer dans un estomac d’Européen habitué au pasteurisé et autres process anti-bactéries avec D.L.U.O de choc !

Vendu ici pour qu’ils vivent mieux là-bas

A l’origine, le commerce équitable a été créé pour permettre à des éleveurs et des agriculteurs pauvres du tiers monde -trop exposés au « yoyo » des marchés mondiaux des denrées de base- de pouvoir bénéficier de prix stables afin de mieux vivre et d’investir un peu dans leur outil de production. L’autre vision de ce commerce était d’amener les agriculteurs de certains pays à changer de type de culture et d’éviter d’inonder le marché de la drogue, en basculant de la culture du pavot et autres plantes hallucinogènes vers des substances plus douces du type café, thé, riz…

Max Havelaard, célébrité mondiale, créa un label portant son nom afin d’instituer des règles du donnant-donnant. L’utopie de penser, qu’en apportant de la stabilité dans certains pays éviterait aux paysans de migrer vers les grandes villes ou vers les pays plus riches, a fait un peu de chemin vers la réalité. Aujourd’hui le discours semble biaisé.

Nous voyons fleurir un peu partout dans les grandes enseignes et les circuits spécialisés des produits où se mélangent l’agriculture biologique, des produits du terroir issus de pays riches, et même des produits de luxe, distillant le doute auprès des consommateurs sur l’intérêt d’une démarche qui se voulait généreuse entre le nord et le sud.

Conclusion :

Si nous voulons que cette utopie devienne une réalité, il va falloir resserrer les boulons, et revenir aux fondamentaux : bien expliquer au consommateur l’évolution des conditions de vie des producteurs, l’amélioration des conditions de travail des cultivateurs et garantir la qualité constante des produits.

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