25 octobre 2015

Temps de lecture : 5 min

Et si on imaginait le futur ?

Avez-vous déjà reçu un SMS parfumé ? Lu en direct les pensées de votre chien ? Essayé la robe en soie d'araignée ? Mangé votre bouteille d'eau ? Lu un livre qui s'efface au fur et à mesure ? Bref, imaginer le futur… Cela pourrait être pour bientôt. « 100 innovations qui vont changer votre vie » révèle à quoi ressemblera votre existence dans un avenir proche.

Avez-vous déjà reçu un SMS parfumé ? Lu en direct les pensées de votre chien ? Essayé la robe en soie d’araignée ? Mangé votre bouteille d’eau ? Lu un livre qui s’efface au fur et à mesure ? Bref, imaginer le futur… Cela pourrait être pour bientôt. « 100 innovations qui vont changer votre vie » révèle à quoi ressemblera votre existence dans un avenir proche.

Dans cet ouvrage piloté par Alexis Botaya et Mailys Gervais (éditions Dunod) et préfacé par Philippe Starck, plus de 100 innovations sont mises en avant, de la santé aux voyages en passant par l’architecture, l’éducation, la mode ou la gastronomie, détectées par la communauté des éclaireurs de Soon Soon Soon dans le monde entier. Le tout accompagné d’interviews des artistes, scientifiques et entrepreneurs qui créent aujourd’hui le monde de demain : Vincent Callebaut, architecte, Mathieu Cassotti, chercheur en psychologie cognitive, Cleverbot, logiciel d’intelligence artificielle, Kate Darling, chercheuse en propriété intellectuelle, Xavier Duportet, biologiste et entrepreneur, Alexandra Jaffré, designer et historienne de l’art, Annette Lanjouw, primatologue, Tod Machover, compositeur et inventeur, Cida Morrison, designeuse, Carlo Ratti, architecte et Hervé This, Inventeur de la gastronomie moléculaire. Nous avons interrogé Alexis Botaya sur ce futur si proche et si lointain à la fois…

INfluencia : quelle innovation parmi celles que vous décrivez vous semble la plus utile ?

Alexis Botaya : elles le sont toutes ! Mais puisqu’il faut choisir, je dirais la « Songpa Micro-Housing » développée par un cabinet d’architecte coréen. Cette solution est en fait un module habitable et agençable qui constitue (avec 13 autres) un immeuble évolutif. Les modules peuvent être agencés et recomposés pour s’adapter à l’évolution des besoins de ses habitants. C’est une forme de réponse à l’augmentation de la densité urbaine, en rendant souple et agile ce qui a priori ne l’est pas tellement : le béton.

IN : la plus farfelue ?

AB : le Cryoscope. C’est un petit appareil qui ressemble à un cube métallique et qui est branché sur le web. Sa surface change de température en fonction de la météo qui vous intéresse : soit celle du lieu où vous vous trouvez, mais dans quelques jours, soit celle d’un lieu où vous vous rendrez dans quelques jours. Cela vous permet ainsi de « toucher » la météo, d’en faire une information sensorielle. C’est très intéressant comme procédé, car on change le sens à l’origine de l’information : ce ne sont plus les yeux ou les oreilles, mais la peau qui devient le canal d’info. Assez farfelu, ce thermo-voyage…

IN : poétique ?

AB : 20 Day Stranger. C’est une application développée par le MIT Media Lab et qui permet de s’immerger dans la vie d’un inconnu. L’application choisit en effet un correspondant, auquel elle vous propose de vous lier pendant 20 jours. Pendant cette durée, vous recevrez de façon automatique des éléments de son quotidien : heure de réveil, lieux visités, individus croisés (ou évités), photos prises, etc. Et la chose est bien sûr réciproque, c’est à dire que vous envoyez aussi ces données à votre correspondant. Le but? Partager avec un inconnu. Faire une rencontre virtuelle. Relier.

IN : quelle innovation vous a le plus marqué ou surpris ?

AB : beaucoup sont marquantes, mais selon moi, le projet Touchable Memories est probablement l’une des plus étonnantes. Il donne à l’impression 3D un sens inhabituel: il s’agit en effet d’imprimer en 3D des figurines qui matérialisent physiquement des photos appartenant à des malvoyants, qui ne peuvent plus donc les regarder. La photo ainsi rendue tangible pour la personne peut être admirée…avec les doigts. Ce procédé permet à des malvoyants de revivre des souvenirs comme nous le faisons tous en regardant des photos de vacances passées. C’est une utilisation assez inhabituelle de l’impression 3D, qu’on voit plutôt habituellement dans l’industrie, la conception d’outils techno ou autres.

IN : toutes vont-elles vraiment voir le jour ?

AB : ce sont pour une grande partie d’entre elles des prototypes. Elles sont le fruit de l’imagination et de l’action de scientifiques, start-upeurs, makers, designers, artistes, qui en sont venus à matérialiser concrètement une vision. Aussi beaucoup des innovations présentées sont encore au stade de proto : il leur manque encore du développement, ou un vrai lancement. Et cela relève d’une autre logique que la logique de création : commercialisation, production en série, etc. Le travail de Soon Soon Soon est de détecter les signaux faibles, les innovations émergentes et de les mettre en cohérence les unes avec les autres. Il nous est difficile de distinguer ce qui verra vraiment le jour de façon pérenne du reste. On peut en déduire par contre de façon très claire des « tendances » émergentes.

IN : certains pays vous semblent-ils plus prêts à inventer et à innover ?

AB : non. Je crois que l’innovation et la créativité sont équitablement réparties sur le globe ! Qu’on vive sous contraintes (matérielle, sociale, ou autre), ou non : l’innovation jugaad – l’innovation frugale- montre bien qu’on peut être innovant sans avoir un laboratoire, des technologies de pointe, sans lever des fonds, etc. Mais il est vrai que certains pays ont plus de moyens pour exprimer cette créativité, et pour la diffuser. L’Afrique par exemple, est un véritable vivier d’innovations, mais celles-ci font l’objet d’assez peu de communication et de diffusion. Elles sont donc très difficiles à repérer. En revanche, c’est beaucoup plus facile lorsqu’on parle des Etats-Unis, de l’Europe ou du Japon par exemple.

IN : quelles barrières selon vous à l’innovation ?

AB : les seules barrières sont celles que l’on se pose à soi-même. On invoque parfois le manque de temps, de ressources financières, de soutien de ses pairs (équipes, proches, etc.), mais ce ne sont souvent que des excuses. Car justement, les principes de l’innovation Jugaad évoquée plus haut montrent bien qu’on peut innover avec peu. Et que c’est d’ailleurs bien souvent sous la contrainte qu’on est le plus créatif.
Après, là encore, il y a en revanche des barrières à la diffusion de l’innovation. Des barrières sociales (le public est-il prêt ? La Surface de Microsoft existait avant l’iPad, mais l’objet est arrivé plus tôt), des barrières économiques, etc.

IN : la France est-elle un pays d’innovations ?

AB : clairement oui. Il n’y a qu’à voir toutes les actions qui sont conduites chez nous en ce moment : la FrenchTech’ bien sûr, mais pas uniquement. Il y a un vrai bouillonnement du côté des start-ups actuellement, avec les incubateurs/accélérateurs qui se créent partout en France, et des initiatives comme « Reviens Léon On Innove à la Maison » portée par Frédéric Mazzella (fondateur de Blablacar), entre autres, et qui a pour ambition de montrer à tous les Français qui partent pour monter leur boite à l’étranger qu’on peut très bien entreprendre et innover en France ! Blablacar en est d’ailleurs une très belle illustration.

Mais l’innovation ne se limite pas au digital ou à la tech’. Nous avons des artistes présents et reconnus partout dans le monde, des créateurs et designers de renommée internationale (notre livre est d’ailleurs préfacé par Philippe Starck). Je pense qu’il n’y a jamais eu d’aussi bon moment pour créer, innover et monter sa boite en France !

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