La biologie participative c’est le pendant autonome du crowdsourcing. Aux Etats-Unis, le succès grandissant du biohacking est symbolisé par la popularité nouvelle du mouvement Bulletproof. INfluencia a rencontré son fondateur.
La légende se répand au fil des clubs de yoga, des conférences sur la nutrition, des salles de sport et des cercles des défenseurs de la médecine complémentaire et parallèle. C’est celle de Dave Asprey, un entrepreneur et investisseur de la Silicon Valley qui en finançant lui-même ses propres recherches scientifiques pendant 15 ans a perdu 45 kilos et gagné 20 points de QI. De cette quête à l’autonomie optimale et au régime de vie optimisé, le fondateur du mouvement Bulletproof en a tiré un best-seller, une émission de radio et un café à Santa Monica, financé grâce à une levée de fonds de 8 millions d’euros.
De cette conception très holistique de la santé et du bien-être, Dave Asprey en a dressé la conclusion que le biohacking était pour chacun de nous le meilleur levier de changement pour atteindre une vie plus saine, qu’elle soit cérébrale ou physique. Néologisme devenu symbole d’un style de vie de plus en plus tendance aux Etats-Unis, le biohacking est une biologie participative qui se résume à de l’auto-expérimentation isolée des cadres académiques et gouvernementaux. Dans la collecte et l’analyse de sa data biologique, le consommateur devient son propre benchmarkeur, son propre data-marketeur. Intéressant non ? INfluencia a rencontré Dave Asprey fin octobre lors de la conférence annuelle Bulletproof, à Los Angeles.
INfluencia : considérez-vous le biohacking comme une version solitaire du crowdsourcing, parce qu’après tout, il permet au citoyen de devenir son propre data marketeur ?
Dave Asprey : le mouvement dit du Self Quantified, qui permet aux gens de tracer leurs propres données et d’en tirer leurs propres conclusions en fonction de ce qui marche le mieux pour eux, est essentiel pour le biohacking. L’individu y est important mais il est aussi essentiel de pouvoir visualiser et comprendre sa data par le prisme d’autres personnes sans qu’elle soit nécessairement sous la forme d’une recherche scientifique formelle. Cela permet aux gens de benchmarker leur propre data afin d’évaluer où ils peuvent progresser et où leurs performances sont plus élevées ou plus basses que celles des autres. Ce benchmarking est utile dans le processus de biohacking sur soi-même, il aide à déterminer quels éléments opérés dans sa vie mènent à des changements positifs ou négatifs dans sa data.
IN : ne craignez-vous pas la mauvaise perception par le public et les médias du terme « hacking » ?
DA : nous vivons à un âge de l’information où même un enfant de 5 ans est familier avec l’informatique et la technologie avancée. Le citoyen lambda comprend le concept de « hacking », de programmes informatiques, donc utiliser cette métaphore pour la biologie est quelque chose de facile à transmettre. Une fois que les gens ont compris cela, il est aisé de comprendre qu’il s’agit juste de prendre le contrôle de sa propre biologie. Cela peut impliquer des choses simples comme changer son régime alimentaire ou se mettre à méditer le matin. Les deux sont considérées comme du « hacking ». Le biohacking ouvre de nouvelles façons de penser et d’expérimenter qui sans lui ne seraient pas accessibles à la plupart des gens. Beaucoup ne sont tout simplement pas au courant qu’ils peuvent améliorer leur bien-être et à quel point les expérimentations du biohacking peuvent les rendre plus performants de plusieurs manières.
IN : comment est-ce que le biohacking peut inspirer les marques ?
DA : le biohacking représente surtout la possibilité d’améliorer et d’optimiser ses performances dans chaque domaine de votre vie, ce qui peut se traduire par de meilleures performances dans chaque secteur économique. La volonté, la pleine conscience et la gratitude font partie du biohacking. Il est donc capable d’instiguer des profonds changements sur la façon dont les gens se traitent entre eux et sur la perception de chacun sur la vie.
Crédit photo : Dierk Schaefer