Une récente étude australienne vient contrarier les tenants du « Fitspiration », promoteur marketing et médiatique de la femme athlète si inspiratrice.
Miroir, ô mon beau miroir, dis moi que je suis la plus musclée. Pardon, en fait dis-moi plutôt que je suis la plus fine. Non, non, finalement ce n’est pas ça. Miroir, ô mon beau miroir dis-moi juste simplement que je suis belle comme je suis… Parce que le souci de son image et des jugements inévitables qu’elle suscite sont aussi mauvais qu’une sorcière de Walt Disney, la Blanche-Neige moderne rejette l’élitisme pernicieux des médias et de la publicité : non, la femme en couverture d’un magazine ou placardée en égérie de marque sur une affiche ne doit pas forcément être maigre ou balaise.
Conduite auprès de 322 femmes par l’université australienne de la Sunshine Coast, une récente étude renvoie les défenseurs de la « Fitspiration » dans leurs « 22 mètres », pour reprendre un jargon rugbystique connu du beau sexe Down Under. Contrairement à la pensée banalisée par certaines marques et une grande partie de la presse beauté et mode, la sportive musclée est autant rejetée comme modèle par les femmes que la maigrelette trop parfaite en maillot de bain. Pour les annonceurs et les magazines, le message sous-jacent des résultats de ce sondage bienvenu relève du ni-ni employé par certains politiques.
« Quand les femmes interrogées par l’étude ont été confrontées à des images de magazines exposant des femmes très sportives au physique musclé, elles ont très majoritairement exprimée un très fort degré d’insatisfaction, parfois même encore plus fort que devant l’image d’un mannequin de mode », commente dans B&T, la psychologue Kate Mulgrew, professeur à l’université auteure de l’étude. Pour elle, la conclusion évidente est que la promotion d’un corps taillé dans la roche ne crée pas un meilleur idéal féminin que la maigrichonne sans forme.
La peur de la déception plombe le rêve vendu
Pour les avocats de la « Fitspiration », néologisme anglophone jouant sur les mots « fit » et « inspiration », il s’agirait donc de revoir leur copie ? « Les femmes sont conscientes que faire de l’exercice et être en forme sont importants, mais le style uniforme des corps musclés mis en avant dans les magazines leur parait encore impossible à atteindre, même en allant à la salle de sport tous les jours. Les modèles exposées sont encore trop attractives, trop élancées », explique Kate Mulgrew.
Interrogée par B&T pour avoir été à l’origine d’une étude similaire auprès de 130 femmes sur Instagram, Marika Tiggemann, professeur à Flinders, université australienne à Adelaide, assure que l’effet promu par les marques et les médias se révèle produire le contraire de celui escompté : « Sur les réseaux sociaux et notamment Instagram, les images de femmes jeunes minces et athlétiques sont souvent accompagnées d’un message inspirateur du style « soyez en forme, soyez forte, soyez au mieux de ce que vous pouvez ». Il est censé motiver mais la majorité des femmes ne supportent pas l’idée même d’être déçues par la réalité des défauts de leur corps ». Marketeurs et rédacteurs en chef, le message est passé ?