8 mars 2016

Temps de lecture : 6 min

Les Z, ces indomptables du travail

La génération Z est en train de bouleverser les méthodes et l’organisation du travail en profondeur. Exigeants, autonomes et créatifs, ils plébiscitent les formations alternatives à l’école, forcent les entreprises à offrir plus de flexibilité et font grimper la côte de popularité des statuts indépendants.

La génération Z est en train de bouleverser les méthodes et l’organisation du travail en profondeur. Exigeants, autonomes et créatifs, ils plébiscitent les formations alternatives à l’école, forcent les entreprises à offrir plus de flexibilité et font grimper la côte de popularité des statuts indépendants.

La place du travail

Une valeur travail forte mais une réussite professionnelle en second plan

De manière générale, les jeunes sont toujours attachés à la notion de travail, de contrat avec la société. C’est un moyen identitaire qui demeure important pour eux; ils ne sont pas dans la logique de refuser de travailler. Globalement, la valeur travail s’est plutôt renchérie dans une période de pénurie et de conditions difficiles. Pour autant, l’importance qu’ils accordent à leur réussite professionnelle est mitigée, selon les profils et les milieux sociaux. Mais de manière générale, celle-ci a moins d’importance qu’elle n’en avait pour leurs parents et grands-parents.

La précarité du marché redéfinit le mode de vie

Cette génération, née dans un contexte de crise économique et financière – que les Y étaient en train de subir dans le même temps – a été bercée dans une atmosphère morose et pessimiste. La grande précarité du marché du travail leur a fait progressivement dire adieu au CDI et à la longue carrière en entreprise.

L’équilibre vie privée/vie professionnelle est une priorité

Ces jeunes individus attendent que leur job soit compatible avec une vie de famille, qu’il n’absorbe pas la totalité de leur temps. Ils veulent avoir suffisamment de latitude pour s’adonner à leurs loisirs et refusent d’adopter les mêmes rythmes de travail que leurs aînés les Y, ou pire, les X. Le phénomène « FoMo » s’applique désormais aussi à la vie personnelle : ils craignent de manquer des moments importants dans leur vie familiale et amicale à cause de leur travail. De façon très nette, ils considèrent  que « réussir » signifie s’épanouir s’ils parviennent à combiner les deux sphères.

La fin des diplômes

Les diplômes ne sont plus ce qu’ils étaient…

Pragmatique et réaliste, la génération Z remet en cause l’école comme institution formatrice incontournable dans un monde régi par l’obsolescence des compétences. Après des années favorables à l’accumulation des diplômes pour finalelent se retrouver sans emploi à la sortie des études, les jeunes ont fini par comprendre qu’il était préférable de se forger eux-mêmes leur expertise. De plus en plus autodidactes, ils sont convaincus que le succès viendra de leur débrouillardise et inventivité plutôt que de leurs qualifications académiques.

Une volonté de court-circuiter l’école

Beaucoup se lancent dans l’entrepreneuriat pour entrer directement dans le monde du travail sans passer par l’école : ils s’affranchissent du savoir scolaire formaté et vont chercher eux-mêmes ce dont ils ont besoin sur le web. On connaît déjà le succès des cours en ligne (Coursera) et tutoriels sur YouTube, véritable école de vie moderne. Le concept d’ « Open Education » permet la démocratisation des savoirs en promouvant la publication en ligne de matériels éducatifs libres pour en donner l’accès à tous, comme avec les MOOCs en ligne (OpenClassrooms). Aussi, le projet MIT OpenCourseWare (OWC) met librement et gratuitement à disposition le matériel de  presque tous les cours du MIT. La législation brésilienne ordonne de publier tout matériel éducatif subventionné par des fonds publics sous licence libre. La Banque mondiale a lancé l’Open Knowledge Repository, qui réunit en ligne ses propres publications diffusées sous licence Creative Commons.

Leur vision de l’entreprise

Flexibilité, horizontalité, fun : l’entreprise de leurs rêves

Ils perçoivent l’entreprise comme partiale, stressante, rigide, autoritaire, aliénante et souvent injuste. De ce point de vue, ces nouveaux travailleurs représentent un beau challenge pour le management vertical traditionnel. Plus créatifs que leurs prédecesseurs, ils privilégient désormais les structures qui les laissent s’exprimer librement, valorisent leurs idées et leur laissent une réelle marge de manoeuvre. Aussi, en demande de relations et de modes de communication horizontaux, ils remettent en question la hiérarchie dans l’entreprise ainsi que l’autorité de leur employeur, dont ils réclament une certaine légitimité. A défaut, ils n’hésiteront pas à la rejeter. Et sans scrupules.

En termes d’organisation, ils vont chercher une certaine flexibilité, notamment via un lieu et des horaires de travail souples. Les bureaux de Google à travers le monde sont rapidement devenus, à ce titre, un idéal, une référence en la matière. De manière plus générale, les environnements et méthodes de travail des géants de la Silicon Valley, anciennement startups, ont très largement séduit cette nouvelle population en quête de liberté, d’affranchissement des règles et de fun. Par exemple, le film Le Nouveau Stagiaire réalisé par Nancy Meyers en 2015 décrit le quotidien d’une startup montante dans le e-commerce. De nombreuses scènes se déroulent dans les locaux de cette société futuriste, où la CEO (Anne Hathaway) se promène en vélo, où personne n’a de poste de travail fixe, et où les employés affichent des tenues de travail très décontractées.

Anne Hathaway en CEO dans le film Le Nouveau Stagiaire (Crédit : Allociné.fr)

Un besoin de mobilité à la fois professionnelle et internationale

Les membres de la génération Z n’envisagent pas de garder un même emploi trop longtemps. 38% d’entre eux en France se voient bien changer 5 fois de poste durant leur carrière. La variété des postes est un des marqueurs forts des jeunes et la mobilité professionnelle une évidence, d’après l’étude BNP Paribas – Boson Project : La grande invaZion.

La fin du salariat

Le statut d’indépendant gagne du terrain

Freelance, consultant, entrepreneur, libéral… la croissance spectaculaire de ces nouveaux statuts semble signer l’arrêt de mort du contrat de travail salarié en entreprise. Les jeunes veulent préserver leur liberté de penser, de décision et d’action en travaillant pour eux-mêmes ou en offrant leurs talents et compétences à plusieurs clients. Ils deviennent leurs propres centres d’emploi et ne doivent rendre de comptes à personne d’autre qu’eux-mêmes. Peut-on parler de revanche sur la lutte difficile et désespérée pour l’accès au fameux CDI ?

Travailler par passion, pour s’épanouir personnellement

Avec l’ère de l’entrepreneuriat, les jeunes se projettent dans la possibilité de créer leur propre job, de s’épanouir personnellement grâce à une passion et ne plus être dans un rythme « métro-boulot-dodo ». Et pour atteindre cet idéal, ils sont tout à fait prêts à faire des compromis sur leurs revenus financiers. La dimension humaine prend ici toute son importance : il y a beaucoup d’attentes sur le plan personnel, à travers des relations humaines qualitatives. Ils souhaitent une ambiance conviviale dans leur environnement de travail, mais aussi la possibilité de se réaliser, d’obtenir une reconnaissance de leurs pairs…

Une envie forte de « monter sa boite »

Etre son propre patron est souvent la première motivation exprimée : 47% rêvent de créer leur entreprise pour être indépendants selon l’étude BNP Paribas – Boson Project : La grande invaZion, janvier 2015. Pour cela, ils sont autodidactes, entrepreneurs; en bref, ils ne veulent compter que sur eux-mêmes. De plus, l’entrepreneuriat a pour eux un visage convivial, affectif et fun : c’est l’idée de la start-up, la bidouille dans le garage, et surtout l’aventure avec les copains.

L’autre motivation derrière l’élan entrepreneurial est le fait de créer soi-même : les jeunes préfèrent produire avec leur esprit et leurs mains plutôt que seulement partager ce que d’autres ont imaginé avant eux. « Ils live-stream, co-construisent, réalisent leurs propres vidéos sur Youtube et partagent leurs propres photos sur Instagram ou Facebook, délaissant peu à peu les retweets sur Twitter et les pins sur Pinterest », selon une étude du cabinet Sproutsocial en septembre 2015.

Avoir plus de possibilités signifie aussi plus de risques…

Aujourd’hui, grâce aux technologies numériques, les individus ont la possibilité d’être plus créatifs et d’avoir des projets annexes comme monter leur propre label de musique, leur pâtisserie, leur propre blog, leur propre journal. Monter son propre projet est devenu plus accessible et donc plus facile. Il y a plus de chances de réussir ou d’échouer mais aussi de rebondir facilement, notamment via leurs inscriptions dans des communautés. Cette génération a un rapport décomplexé à l’erreur. Pour eux, c’est normal de se tromper : ils ne diabolisent pas l’échec comme leurs parents.

Demain : un état d’esprit basé sur le partage

L’ère du Do-It-Yourself a laissé place à celle du Do-It-Together : c’est l’idée de faire ensemble, de coopérer, de partager, dans un esprit de collaboration et d’ouverture. Il s’agit d’être plus forts à plusieurs et d’obtenir un meilleur résultat ou d’améliorer l’existant grâce aux apports et aux forces des autres. Cette logique d’« open innovation » permet aussi des démarches fondées sur des alternatives sociales et solidaires de partage libre des savoirs et des compétences, avec notamment l’utilisation de licences libres (open source, open softawre, open standards).

Pour en savoir plus sur le consumer intelligence et l’innovation, sollicitez le bureau Vitamin.

Découvrez les articles 1 et 2 consacrés à la génération Z  :

Les Z, ces « digital intuitives »

Les Z, ces esthètes décomplexés

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