Le paiement par empreintes digitales et reconnaissance faciale n’est plus une science-fiction. L’innovation est déjà dans notre présent et le gouvernement japonais en apporte une nouvelle preuve irréfutable.
L’annonce relevait de la grande pompe soigneusement cirée. En février dernier, lors du Mobile World Congress de Barcelone, Mastercard révélait le lancement d’un nouveau système de paiement basé sur la reconnaissance faciale et la lecture des empreintes digitales. Testée auprès de 500 utilisateurs pilotes, l’application sera opérationnelle cet été en France et dans treize autres pays. Sa particularité ? Pouvoir authentifier sa transaction mobile en ligne en se prenant en photo ou en scannant ses empreintes. Le paiement connecté du futur est déjà là, c’est bien une certitude. INfluencia le rabâche depuis deux ans à chaque nouvelle innovation technologique. Le Japon en apporte une nouvelle preuve grandeur nature avec une initiative d’état à l’échelle nationale.
A partir de cet été le gouvernement japonais testera un système d’identification et d’achat par empreintes digitales. La nouveauté sera exclusivement réservée aux touristes et expérimentée dans 300 magasins, restaurants et hôtels des zones les plus visitées de l’archipel, en attendant une extension géographique au printemps suivant. Les autorités nippones ambitionnent de rendre opérationnel le système sur l’ensemble du territoire d’ici les Jeux Olympiques de 2020, avec pour objectif d’atteindre la barre des 20 millions de visiteurs étrangers annuels d’ici la Grand messe sportive. Concrètement chaque touriste devra enregistrer ses empreintes et d’autres données, comme les informations de sa carte de crédit, en arrivant à l’aéroport ou dans un autre point d’entrée. Une fois la data stockée dans les systèmes informatiques du gouvernement, le visiteur étranger pourra activer une procédure d’exemption fiscale et valider son achat après avoir placé deux doigts sur les détecteurs dédiés.
Un parc à thème et une banque marquent déjà leurs empreintes
L’authentification par empreintes pourra même remplacer la présentation (obligatoire) du passeport lors de l’enregistrement à l’hôtel. En prémunissant le touriste courtisé de la cyber-criminalité et en le délivrant de la contrainte de devoir se trimbaler avec sa carte de crédit ou du cash sur lui, le Japon espère convaincre l’étranger de venir dépenser son argent chez lui. Quid de la collection et de l’utilisation des données engendrées ? Toutes les datas seront converties en big data anonyme gérée par un organe consultatif gouvernemental. L’analyse de la mobilité et des habitudes d’achat des touristes doit ensuite officiellement servir à ajuster la politique touristique et les stratégies de management d’une industrie qui connait un essor record, cinq ans après Fukushima : avec une progression de 3 millions en un an, le nombre de visiteurs étrangers au Japon a atteint le total inédit de 13,41 millions en 2014, selon l’Organisation nationale du tourisme.
Comme le rapporte le site The Japan News, un parc à thème à Sasebo, dans la préfecture de Nagasaki, teste, depuis octobre 2015, un système similaire de paiement dans 30 restaurants et boutiques de son enceinte. » La réponse des clients et surtout ceux avec des enfants, est pour l’instant très bonne « , estime un dirigeant du parc Huis Ten Bosch. Quant à la banque Aeon, elle va devenir le premier établissement financier du pays à éprouver, d’ici fin mai, le retrait d’argent au distributeur par identification des empreintes digitales.