Beauté multisexe, intelligente, guidée, sur-mesure et augmentée… Le bureau de tendances et prospective Vitamin revient sur cinq tendances qui dessinent le futur du secteur de la beauté et des cosmétiques.
L’évolution des mentalités et le changement des normes sociétales ont toujours influencé la perception que les individus avaient des standards de beauté, et il semble que les années à venir seront consacrées à une perception plus décomplexée que jamais. Dans le même temps, nos pratiques de consommation seront bouleversées par les progrès technologiques, qui apporteront un niveau de précision encore jamais connu.
Vers l’abolition des genres
La beauté traditionnelle dite « genrée » s’affadit pour laisser place à une représentation plus floue, plus fluide aussi, des identités sexuelles et des rôles. Les univers de la mode et de la beauté, en particulier, intègrent de nouvelles influences : les uns empruntent les codes des autres et vice versa. Les frontières entre les hommes et les femmes s’effacent : demain, on parlera d’individu, d’identité, de personnalité.
Le grand magasin Barney’s avait fait office de pionnier en 2014 en lançant une campagne de communication figurant des mannequins transsexuels. Redken a suivi le même chemin en choisissant le mannequin transexuel, Léa T, comme égérie pour sa campagne Chromatics. Concernant les collections prêt-à-porter pour le printemps/été 2016, Gucci a fait défiler des hommes portant un vestiaire aux codes très féminins alors que la marque parisienne, No Youth Control, et le géant Zara optent pour des collections unisexes.
Mannequin transexuel Lea T pour la campagne Chromatics de Redken
Le Big Data pour une beauté intelligente
La cosmétique de demain sera évidemment connectée. Les récentes solutions high tech se concentrent sur la peau, avec pour objectif d’analyser les données du consommateur-utilisateur afin de lui proposer le soin le plus adapté à son type de peau et son environnement. L’outil BeautyExplorer de Sony se connecte à un smartphone et propose en un instant une analyse détaillée de la qualité de peau, y compris les irrégularités de pigmentation, le taux de mélanine et le niveau d’exposition solaire.
Mapo, de la start-up française Wired Beauty, est un masque textile connecté qui mesure les paramètres de la peau et de son environnement, puis délivre un choix de crèmes adaptées au porteur du masque. La machine Figure, dévoilée en janvier 2016, valorise les actifs et offre un diagnostic personnalisé via l’application associée. Une fois les données personnelles analysées en temps réel, l’application conseille les actifs ad hoc, et la machine Figure prépare le soin.
Masque connecté Mapo de la start-up Wired Beauty
Aide-moi à être belle
Les technologies du numérique transforment nos smartphones en véritables assistants personnels. Les applications mobiles offrent des nouveaux services qui permettent aux consommatrices de trouver ce qu’elles cherchent en seulement quelques clics. Par exemple, le service indonésien à la demande sur smartphone Go-Glam offre un accès à des esthéticiennes à la demande.
Au Brésil, Vaniday est à la fois une plate-forme en ligne et une application mobile regroupant des prestataires de services beauté. Les utilisateurs peuvent rechercher des coiffeurs, maquilleurs, esthéticiennes, tatoueurs et massothérapeutes, puis les filtrer par tarif, emplacement et évaluations. Disponible depuis décembre 2015 en Argentine, VA.NO.VA est une application sociale gratuite conçue pour aider les jeunes consommatrices à choisir quelle tenue porter. Elles peuvent télécharger des images de leurs vêtements, accessoires ou chaussures, que les autres membres approuvent ou désapprouvent d’un simple swipe.
Application mobile VA.NO.VA
Le sur-mesure grâce à l’impression 3D
L’imprimante 3D a déjà été adoptée par de nombreux secteurs, qui y voient un triple avantage : améliorer les procédés, personnaliser les résultats et réduire les coûts. Elle est maintenant utilisée par le milieu de la beauté qui y voit un allié de choc, allant de l’implant capillaire au maquillage, en passant par l’amélioration des procédés de recherche et développement. Le géant L’Oréal vient de s’associer à la start-up, Organovo, spécialisée dans l’impression biologique, pour créer de la peau synthétique.
Dans le domaine du maquillage, c’est MINK, une compagnie créée par une ancienne élève d’Harvard qui propose un maquillage sur-mesure et dans la couleur désirée, via l’impression des fards à paupières, rouges à lèvres et gloss. Pour encore plus de fun, le collectif d’artistes et blogueuses, TheLaserGirls, a imaginé des designs loufoques de vernis à ongles imprimés. Côté capillaire, l’entreprise Transitions Hair Solutions réalise des perruques à partir de cheveux imprimés pour les personnes souffrant de chute de cheveux ou les patients atteints de cancers.
Vernis à ongles imprimés en 3D de TheLaserGirls
Le corps augmenté ou l’homme-machine
Grâce aux progrès spectaculaires de la science et de la technologie, il devient plus facile et plus accessible d’altérer artificiellement son apparence physique pour atteindre les idéaux de beauté fantasmée. De plus en plus acceptables et acceptées, ces transformations post-humaines révèlent une volonté de transcender la réalité, d’aller au-delà de la nature et d’augmenter la performance humaine.Au Japon, des exosquelettes ont été développés, dont un modèle pneumatique conçu par l’Institut de Technologie de Kanagawa, qui a permis à une entraîneuse de fitness de tenir un haltère de 20 kg sans se fatiguer. Tandis qu’aux Etats-Unis, James Hobson a pu soulever une mini-cooper de plus d’une tonne.
Dans un autre registre, Viktoria Modesta Moskalova, Grace Mandeville et Aimee Mullins sont toutes trois des femmes bioniques. Amputées de leurs bras ou de leurs jambes, elles ont su « glamourifier » leurs prothèses au point d’en être devenues des chanteuses, actrices et mannequins de profession. Une manière radicale de changer les regards sur la différence… et de peut-être enfin l’accepter ?
Aimee Mullins, mannequin amputée