3 novembre 2016

Temps de lecture : 2 min

Le reconditionnement doit éradiquer l’obsolescence

L'obsolescence n'est pas une fatalité. Encore faut-il que ses géniteurs comprennent l’impact de cette aberration sur l'économie et l'écosystème...

L’obsolescence n’est pas une fatalité. Encore faut-il que ses géniteurs comprennent l’impact de cette aberration sur l’économie et l’écosystème…

En 2014, selon l’Ademe, 633 millions d’équipements électriques et électroniques ont été mis sur le marché français. Et ce chiffre colossal ne cesse de croître. Un récent rapport du Sénat, consacré plus spécifiquement aux téléphones portables, a une nouvelle fois sévèrement pointé les lourdes conséquences sociétales et environnementales de cette boulimie technologique que les constructeurs ne cessent pourtant d’attiser en encourageant le remplacement de leurs produits. Cette stratégie est ce qu’on appelle l’obsolescence programmée.

L’obsolescence programmée ne consiste (généralement) pas à introduire dans l’appareil une sorte de machiavélique mécanisme d’autodestruction planifiée mais à inciter par toutes sortes de moyens le consommateur à se tourner vers un produit neuf. De la médiocrité volontaire de certains composants vitaux à l’indisponibilité des pièces détachées ou à la disqualification progressive du matériel par le logiciel, l’obsolescence programmée passe par d’innombrables subterfuges techniques, mais les plus efficaces jouent aussi sur des ressorts psychologiques. À l’image des batteries de téléphone, désormais inaccessibles, les constructeurs rendent par exemple les réparations si complexes et coûteuses que le propriétaire est en général découragé par avance d’y recourir. Et la valorisation et la mise en scène perpétuelle de l’innovation dans le discours marketing font déconsidérer des appareils vieux de quelques mois à peine pourtant encore largement suffisants pour le commun des mortels

Un renouvellement programmé

Le résultat de l’obsolescence programmée est une aberration économique doublée d’une bombe écologique à retardement. Le tout gonflant tranquillement dans les placards. Le marché de l’occasion permet en partie de la désamorcer en prolongeant la durée de vie des appareils (et donc en limitant la production de modèles neufs), mais il ne répond qu’imparfaitement aux attentes légitimes du consommateur. Celui-ci ne regarde pas que le prix. Il veut aussi être sûr de la qualité de ce qu’il achète, disposer d’une garantie et d’un interlocuteur clair, et bénéficier d’un appareil malgré tout suffisamment récent pour offrir les performances et les compatibilités nécessaires à une utilisation normale.

Ces avantages, c’est précisément ce que propose le reconditionnement. Celui-ci consiste à récupérer des appareils usagés, à les remettre à neuf, puis à les revendre aux tarifs de l’occasion. Il s’effectue en usine, avec des méthodes et une qualité industrielles, et des composants standards et agréés. Les appareils reconditionnés présentent des taux de panne similaires au neuf et sont en général garantis 6 mois à 1 an. Permettant de lisser l’impact environnemental des appareils mais offrant des prestations proches du neuf, il emprunte au meilleur des deux mondes pour rattraper en partie les dérives de l’obsolescence programmée. Reste que pour maximiser son impact, la filière doit encore grandir, massifier sa présence et devenir une alternative reconnue. Elle a pour cela besoin de communiquer pour faire comprendre ses spécificités et ses avantages, de s’organiser afin d’accroître son efficacité et sa visibilité, d’industrialiser et d’harmoniser ses pratiques afin de renforcer sa qualité de service, de se montrer à la fois exigeante et transparente pour gagner la confiance du consommateur, et enfin d’élargir ses services pour consolider son modèle économique et sa relation client. Ce vaste chantier passe notamment par la mise en place de plateformes capables de jouer un rôle d’intermédiaire de confiance entre les usines et les consommateurs.

Bien sûr, le reconditionnement n’est qu’une réponse partielle à l’obsolescence programmée. Ralentir la course effrénée à la nouveauté et en limiter les conséquences négatives nécessite avant tout de travailler en amont avec les constructeurs et en aval avec les consommateurs pour que s’opère une prise de conscience. Mais la tache sera longue et, à court terme, le reconditionnement est l’un des rares remèdes capables d’atténuer le mal.

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