Avec sa troisième production présentée la semaine passée lors du festival de Sundance, Studio Story d’Oculus invite Hollywood et s’offre une première technologique. Une nouvelle porte de storytelling s’ouvre à la réalité virtuelle.
Si la réalité virtuelle va révolutionner le marketing, elle va aussi impacter d’autres industries, changer nos interactions humaines et modifier profondément les trois principaux marchés du divertissement : le cinéma, la musique et le jeu vidéo. Avec le nouveau court-métrage de son Studio Story, Oculus ouvre une nouvelle porte technologique au storytelling en réalité virtuelle. Comme ses deux précédentes oeuvres, « Henry » et « Lost », « Dear Angelica » (voir ci-dessous) est autant une conception expérimentale qu’un produit fini. Mais le court-métrage de 12 minutes possède une particularité qui ouvre de nouvelles perspectives de création et d’interaction pour la RV : il est le premier film à avoir été entièrement dessiné dans la réalité virtuelle elle-même, sans passer par l’écran d’un ordinateur.
Comment ? Grâce à l’Oculus Touch, la manette d’Oculus dédiée à la VR et l’application Quill, d’abord spécialement développée pour « Dear Angelica » avant d’être commercialisée, pour l’instant en mode beta. Présentée dans sa version intégrale, le 20 janvier, lors du festival du cinéma indépendant de Sundance, la dernière production des studios d’Oculus est narrée par les voix des actrices Mae Whitman et Geena Davis. Sur le blog d’Oculus, le réalisateur et directeur créatif de Studio Story Saschka Unseld explique que grâce à Quill, le film « est façonné entièrement à l’intérieur de la réalité virtuelle, ce qui n’avait jamais été tenté avant « . En utilisant les manettes de Touch, l’artiste Wesley Allsbrook a en effet pu dessiner sous son casque pour croquer personnages et décors sans devoir le faire sur un écran d’ordinateur.
« Dessiner à l’intérieur de la RV permet l’expérimentation car on voit instantanément à quoi cela ressemble. Avant il fallait enlever le casque, corriger sur l’écran de l’ordinateur et remettre le casque », précise Saschka Unseld dans The Wired, pour qui « le résultat est spectaculaire. » Selon The Verge, « Dear Angelica » constitue une étape cruciale dans le développement de la VR qui, avec cette première de 12 minutes, passe le cap de la démonstration pour faire vraiment de l’art. Selon nous, cette première technologique ouvre surtout une nouvelle dimension dans la réalité virtuelle : on n’est plus un spectateur qui se contente de naviguer et d’interagir (pas énormément), mais un acteur capable de créer une oeuvre dans l’oeuvre. Quand une création en RV s’implémente dans la RV, le champ des narrations et du storytelling ressemble à un champ de maïs de l’Illinois.
Sinon, de quoi parle le film ? Des rêveries d’une jeune fille, Jessica qui, en visionnant ses vieux films, essaye de reprendre contact avec sa mère disparue il y a longtemps. D’après The Verge, « le film tourbillonne autour du spectateur et l’enveloppe d’une façon qui serait tout simplement impossible avec d’autres supports « . Car comme le confirme Saschka Unseld, chaque trait est fait à la main. S’il s’inscrit dans la continuité de Tiltbrush et Gravity Sketch, Quill ouvre donc des nouvelles possibilités à la création cinématographique en réalité virtuelle. « Ce film est une expérimentation et une porte ouverte sur un type de storytelling à fort potentiel qui engendre l’animation narrative en réalité virtuelle », souligne Saschka Unseld. Forcément, les marques en profiteront.