Ils ont du talent, des idées et représentent l’avenir de la production. Cela méritait bien un coup de projecteur dans un univers qui n’a rien à envier à la série Dallas.
A l’heure où les producteurs indépendants américains, britanniques et français lancent un cri d’alerte sur les pratiques anticoncurrentielles de certains groupes et agences publicitaires qui sont « soupçonnés » de favoriser illégalement leurs productions internes, il était temps pour nous de valoriser celles et ceux qui se tuent à la tâche pour produire depuis des années les meilleurs images possibles, souvent à leurs frais.
Bon, il est vrai que le chiffre d’affaire des producteurs français de films publicitaires approche tout de même le demi-milliard, normal que que tout le monde soit en train de s’affoler pour protéger la poule aux oeufs d’or. Sachant que le prix moyen d’un film publicitaire produit en France tourne en moyenne entre 250.000 et 300.000 euros. Et qu’il s’en produit en gros 1500 par an. Ce qui créé, chaque année, pas moins de 15.000 emplois intermittents pour plus de 250 emplois permanents.
On peut donc parler d’économie à part entière. Il est normal alors de voir les indépendants s’étouffer en écoutant l’un des portes paroles d’HAVAS par exemple qui explique sans gène que c’est un groupe totalement « transparent »… c’est un peu comme dire que TRUMP est le summum du bon goût diplomatique ou que LVMH participe à l’expansion culturelle mondiale. On croit rêver. Tout est permis dans cette époque et c’est bien à cela qu’on la reconnait.
Les groupes publicitaires mondiaux sont des vautours face à celles et ceux qui apportent (réellement au quotidien) leur expérience et leur savoir-faire au service de la qualité des programmes audiovisuels publicitaires et contribuent à la diversité artistique et créative dans le respect des œuvres et des auteurs (ce qui est loin d’être le cas des groupes publicitaires, quoi qu’ils en disent).
En off, si nous voulons à notre tour être totalement « transparents », les producteurs indépendants sont moins tendres à l’oral qu’à l’écrit, on parle volontiers de « pratiques et stratagèmes de gros porcs », et encore c’est très méchant pour les porcs. Ni plus, ni moins. Pour avoir baigné il y a plusieurs années dans ce petit monde, difficile de contredire ce genre de formule.
Bref, là n’est plus le sujet. Le sujet aujourd’hui pour nous est de mettre en lumière celles et ceux qui naviguent la plupart du temps dans l’ombre des talents qu’ils représentent. Et qui se font malgré tout flouer par des manœuvres perverses émanant pourtant de groupes publicitaires connus de tous. « C’était important pour nous, à notre minuscule mesure, de rendre à César ce qui est à César. Focus donc sur 10 producteurs et productrices avec qui réaliser selon nous d’excellents films publicitaires. »
1. Benjamin Duval & Jean-Pierre Gavini [Les Fils de]
Ce n’est pas compliqué, dès qu’un réalisateur nous écrit pour nous demander conseil sur quel producteur aller rencontrer pour être représenté on répond très souvent, « appelle Les Fils de ». Benjamin et Jean-Pierre, en plus de savoir écrire (ce qui est de plus en plus rare) ont un goût exquis et pour ne rien enlever à la fête, ils sont extrêmement modestes (ce qui est de plus en plus rare).
2. Vito Ferreri [Aprile]
L’avantage avec Vito Ferreri c’est qu’il est bipolaire. Il a d’un coté l’œil d’un producteur et de l’autre l’œil d’un réalisateur. On ne l’a fait pas à Vito. Même de dos. Après avoir passé plus de 16 ans chez Nova et chez Nova Spot, la société de production audiovisuelle de la radio, Vito Ferreri se lance dans la production audiovisuelle pour les marques et les agences avec Aprile Productions avec des réalisateurs comme Edouard Baer, Pef, François Desagnat, Jérome Py, Robin Plessy, Francis Duquet ou encore Sylvain Marquet. Homme de confiance donc et de talent.
3. Armelle Fradet & Frederika Mathivet [Superette]
Superette fondée sur un concept de production-galerie par Frederika Mathivet et Armelle Fradet a toujours su cultiver un réel sens de la proximité. Elles aiment et respectent profondément les artistes et font des choix risqués que leurs concurrents souvent n’oseraient pas. Si vous êtes hyper-sensibles avec le cœur très tendre, c’est là-bas qu’il faut aller créer.
4. Alain Dib [Satellite my love]
Alain est un personnage. Haut en couleur. Drôle. Décalé et généreux. Chez Alain on a le sens de la présentation. On ne baisse jamais les yeux pour défendre une idée. Chez Alain, on produit avec son cœur, sa tête et parfois même ses couilles. Et Dieu sait qu’il en faut dans ce métier.
5. Juliette Desmarescaux [Carnibird]
Juliette, pour un jeune réalisateur en construction, c’est la productrice rêvée. Pudique sans être timide. Humble sans être effacée. Modérée sans être prude. Bref, Juliette sait mettre en confiance. L’air de rien. Sans avoir l’air d’y toucher. Dans un monde où les egos sont boursoufflés, ça fait un bien fou. Forcement donc, tous les films qu’elle produit lui ressemblent.
6. Pierre Cazenave [Soldats]
C’est le plus jeune. Et donc peut-être le plus prometteur. Mais bien sûr, ici la valeur n’attend pas le nombre d’années. Les vieillards de la profession diront qu’il a encore tout à prouver, mais c’est faux, c’est juste une technique pour racheter sa structure à bas coût ou lui piquer diplomatiquement ses talents. Pierre Cazenave est un putain de bon producteur. Et il est incorruptible. Point.
7. Florence Jacob [Caviar]
Florence Jacob n’est pas volage. Encore moins libertine. Pourtant elle est passée par beaucoup de sociétés de production avant de trouver son bonheur (parfait ?) chez Caviar. Florence connaît donc la profession par cœur. Elle qui a acquis une expérience solide dans la production et la post-production chez Gang, Bandits, La Maison ou encore Wanda. L’avantage c’est qu’aujourd’hui elle pourrait presque vous produire un film les yeux fermés.
8. Clément Lepoutre, Gary Farkas, Julie Mathieu, Olivier Muller [Phantasm]
La très jeune société de production Phantasm est à l’image de ses fondateurs, pluridisciplinaire et pertinente. Beaucoup de talents émergents les accompagnent où se croisent des expertises allant du cinéma à la publicité en passant par la musique. Mais le plus important à retenir c’est que ces 4 producteurs ont en parallèle une autre société de production de longs-métrages sous le nom de Vixens, avec un objectif clair : défendre un cinéma d’auteur et de genre exigeant. Avec eux, c’est donc toujours une pierre deux coups. Ou deux salles, deux ambiances. Comme vous préférez.
9. Arno Moria [Insurrection]
Ce n’est pas le plus jeune mais c’est l’un des piliers de la production française.
En plus d’être un producteur extrêmement exigeant qui après 30 ans de production a eu le courage de se réinventer en changeant le nom de sa société, Arno Moria sait se mouiller pour aller au front défendre les réalisateurs qu’il défend becs et ongles pour leur plus grand bonheur.
10. Juliette Lanbert [Slowdance]
Avec l’aide de Juliette, vous pouvez espérer approcher des réalisateurs comme Guy Ritchie, David Fincher ou encore Rebecca Zlotowski. Mais Juliette ne travaille pas qu’avec des étoiles du cinéma. Juliette sait aussi développer de jeunes talents et n’hésite jamais (quand il le faut) investir de l’argent dans des clips pour qu’ensuite ça serve d’exemple séduisant pour la pub…