La montée en puissance des Fake News est un défi pour les communications mais peut être, en fait, une opportunité pour les médias traditionnels, qui pourraient les contrer.
Ces derniers mois, les Fake News se sont imposées avec force sur les réseaux sociaux. Le président élu américain, Donald Trump, en a même fait une stratégie de communication politique revendiquée pour consolider son image de candidat anti-système en les propulsant dans le débat public.
La Fake News existe de tout temps. Pourtant depuis 2016, elle a quantitativement explosé et s’est qualitativement améliorée en se parant des habits traditionnels de l’information, se dissimulant toujours plus habilement pour mieux tromper. Sans doute est ce la conjonction particulière de la présence toujours plus grande des Français sur les réseaux sociaux, de la défiance toujours plus importante envers les médias et d’une succession d’échéances électorales.
Mener une lutte infaillible
La Fake News est avant tout une fausse nouvelle qui peut être manifestement fausse ou volontairement trompeuse et exagérée, présentée comme vraie par une source se revendiquant souvent comme un média libre et digne de confiance. C’est en s’attaquant sévèrement à ce tiers de confiance, à ce médiateur social indispensable que sont les médias, que les Fake News abiment le lien démocratique. Le défi démocratique impose désormais la guerre de l’opinion publique et donc la bataille des Fake News contre lesquelles une lutte infaillible doit être menée.
Longtemps, ces Fake News ne visaient qu’à consolider un cercle de convaincus, un clan social, une communauté religieuse, un camp politique, derrière une cause ou un leader. D’abord, l’apanage des complotistes, de la fachosphère et de sites humoristiques qui vendent leur audience comme une régie publicitaire à travers la publication de « putes à clics », ces Fake News ont rapidement dépassé ces cercles confidentiels pour conquérir tous les cercles concentriques des internets par capillarité et fluidité du lien digital.
Mutation de la propagande
Plus qu’une rumeur, moins qu’une information, ni téléphone arabe ni chuchotement chinois, ces Fake News ne sont rien d’autre que de fausses allégations construites à des fins plus ou moins avouées et avouables. Elles sont une sorte de mutation de la propagande nouvelle formule. Elles visent aussi souvent à discréditer des marques et à salir des personnalités publiques. Quand de fausses informations, propulsées par des algorithmes, comme ceux de Facebook ou Twitter trônent au sommet des tendances des débats ou de l’actualité, et sont repris par les médias ou le personnel politique traditionnels, cela nuit non seulement à la sincérité du débat démocratique mais constitue un véritable cancer de la démocratie. Il va pourtant falloir composer avec cette nouvelle donne.
En très peu de temps, ces fausses informations peuvent aujourd’hui avoir un impact considérable sur l’opinion publique. Les Fake News alimentent les fantasmes les plus étranges et les rumeurs les plus dangereuses. L’opinion publique n’y est pas insensible ce qui oblige tant les acteurs privés que les acteurs publics à les veiller et parfois à y répondre. Nombreuses sont, désormais, les organisations et les personnalités à ouvrir une page dédiée à la décontraction de cette intox omniprésente.
Défiance à l’égard des médias
Si ces Fake News ont pris autant de place, c’est avant tout en surfant sur la défiance de la population à l’égard des journalistes et des médias traditionnels. Soupçonnés d’être un « système » qui ne « dit pas la vérité » ou qui est « trop complaisant avec les puissants », nombreux sont les Français à aller chercher une source d’informations alternative. C’est là, qu’ils tombent sur ce qui semble de l’information alternative mais qui n’est que de la fausse information. Cherchant la réalité, ils tombent dans un tonneau des Danaïdes conspirationniste affichant la plupart du temps la bannière rassurante de la « réinformation ».
Un opportunité pour les médias
La Fake News, c’est le village potemkine de l’information. Ça a l’odeur du journalisme, ça a l’apparence de l’information, mais ce n’est en réalité qu’une histoire construite pour tromper son lecteur, l’inciter à la partager. Le journalisme est, aujourd’hui, un allié considérable face à cette désinformation construite. Les Fake News sont, sans doute, une opportunité pour les médias traditionnels qui sont conduits à se renouveler. Le fact checking était une première étape de renouvellement. L’anti Fake News en est sans doute une autre. Les géants du web ont aussi un rôle considérable puisqu’ils organisent l’information et choisissent ce qui est présenté ou non à leurs membres.
Dans notre monde où l’information naît aussi vite qu’elle disparaît, dans un environnement où les pressions médiatiques et digitales sont de plus en plus fortes, les décideurs publics et privés avaient déjà perdu une grande partie du contrôle de leur image, il leur faut aujourd’hui faire face à une nouvelle menace qui constitue potentiellement une arme de destruction massive de réputation.
Au fond, Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart, s’était bien trompé en affirmant aussi vulgairement que caricaturalement : « Les communicants sont un poison pour la démocratie », or ils peuvent en être l’un des efficaces remparts puisque leur revient tout à la fois le devoir de combattre et celui de montrer le vrai visage de ces discréditantes Fake News qui servent toujours les intérêts de quelqu’un. Aux côtés des personnalités publiques et des entreprises, les communicants élaborent des boucliers pour se protéger et combattre la montée de ces fausses nouvelles. Jamais les stratégies des communicants n’ont été aussi utiles pour vérifier les faits et combattre la désinformation ambiante. Ils ne sont pas un poison pour la démocratie, ils en sont une composante à part entière.