Si le drone-vertising s’invite timidement dans le paysage publicitaire en France depuis deux ans, la société Technic’Art Drone veut imposer le drone publicitaire comme un nouveau levier d’engagement par les airs. Entretien.
Finies les banderoles publicitaires aériennes qui font le tour des plages estivales bondées comme un DJ has been refilerait ses tracts devant la buvette du camping pour la soirée piscine. Heureusement, la pub se transforme. Elle évolue avec les technologies, les envies et les attentes des citoyens, qu’elle veut toujours transformer en consommateur (cela ne change pas). Est-ce toujours pour le meilleur ? Quand le drone-vertising est en marche, la question se pose. Alors que Facebook et Amazon entendent rendre le drone incontournable dans le web et l’e-commerce, le consommateur doit-il s’en méfier quand il sert la pub ? Farfelu ou génial, le drone-vertising possède déjà quelques exemples concrets pour défendre son concept, comme INfluencia l’expliquait en mai 2015. Deux ans plus tard, la société française, Technic’Art Drone veut poursuivre l’évangélisation du nouveau support en lançant ses drones dans un ciel qui sert de billboard géant.
» En faisant référence à l’avion qui tractait des bannières sur les plages nous avons envisagé de faire la même chose au moyen de drones avec des PLV en volume ou type bannière. Pour cela nous avons développé avec un constructeur français des drones adaptés à cette nouvelle activité, homologués par DGAC. Nous sommes en mesure de concilier la réglementation française et la pratique du drone publicitaire « , nous assure fièrement Eric Philippe, le patron de Technic’Art Drone.Les 16 et 17 juin prochains, le pionnier français du drone-vertising réalisera sa première prestation pour l’enseigne, Gamm vert, en banlieue parisienne, avant une journée de démonstration de vol au stade Charlety fin juin.
Pour mieux comprendre les grands enjeux de ce support publicitaire aérien qui n’en est qu’à ses débuts, INfluencia a conversé avec Eric Philippe.
INfluencia : quelle valeur ajoutée apporte le drone publicitaire ? Car sur le papier c’est reprendre une bonne vielle ficelle un peu éculée mais avec un support technologique plus moderne…
Eric Philippe : le drone fait partie des nouvelles technologies en vogue. Associer drone et publicité est innovant, c’est une autre manière de communiquer, il attire l’attention, surprend, c’est un spectacle inhabituel dans les airs. Il devient un support publicitaire simple, accessible, adaptable et mobile sur les fortes concentrations de population. La flexibilité de mise en place d’une campagne publicitaire par drone et son coût peu onéreux, permettent d’assurer un fort impact visuel pour les marques ou les enseignes avec un retour sur investissement directement visible à contrario de beaucoup de médias. Nous envisageons dans un second temps de rendre nos publicités interactives, une combinaison avec le digital qui pourrait permettre de rendre ce média en interaction direct avec le public. Vous savez, les publicités volantes existent depuis très longtemps. Par sa petite taille, sa facilité de vol, sa mise en œuvre aisée, le drone peut aller directement au contact du public sur les lieux de forte concentration et créer ainsi une interaction novatrice en tant que déclencheur d’intérêt. Nous pouvons mettre le drone publicitaire au cœur des agglomérations, pour soutenir une manifestation sportive, culturelle, une opération sur zone d’activité, une opération de promotion dans les centres commerciaux ou dans les stades. Donc la bonne vieille ficelle de la publicité oui, mais avec un support moderne et dynamique.
IN : si je suis un annonceur, comment me présentez-vous le service de vos drones ?
E.P. : notre métier est de donner la possibilité à nos clients de s’afficher différemment avec un outil innovant et technologique : le drone publicitaire. Il permet de capter une audience BtoC lors d’événements particuliers en combinant innovation, visibilité hors normes et proximité immédiate avec le public. L’intérêt du concept est une diffusion large et une propagation du message rapide. Cette nouvelle communication, à fort impact visuel, donne l’occasion de marquer les esprits en offrant une image technologique et moderne, et relayée également sur les réseaux sociaux. Nos clients potentiels sont les marques, les événements promotionnels, sportifs ou culturels, les centres commerciaux et les enseignes de la grande distribution tous secteurs confondus
IN : vous dites que vous êtes en mesure de réconcilier drone publicitaire et réglementation. Si le drone-vertising n’est pas développé en France, est-ce justement à cause de la réglementation ou pas uniquement ?
E.P. : c’est une question sur laquelle nous avons longuement réfléchi et au regard de nos recherches, de la réglementation et du concept, nous sommes arrivés à la conclusion que rien ne s’oppose à cette activité inédite en France. Il n’est pas question de réconcilier mais de concilier la réglementation relative à l’utilisation de l’espace aérien par les aéronefs qui circulent sans personne à bord avec le drone publicitaire. La législation dans ce domaine s’assouplie et donne l’occasion aux télépilotes de pouvoir évoluer plus facilement. Pour exemple, nous sommes passés d’une distance d’un rayon de 30 mètres avec le public à un rayon de 10 mètres. La réglementation en vigueur a des contraintes, tout comme le code de la route. Concilier notre activité avec la réglementation n’est pas un frein. Il paraît normal et prudent de ne pas survoler le public, des voitures ou des animaux, tout comme il est évident de déclarer, informer et obtenir les autorisations pour évoluer en agglomération ou à proximité du public. Nous sommes très exigeants sur la préparation de nos plans de vol et l’organisation de nos missions. Il est important que nous puissions effectuer nos prestations en garantissant sécurité et résultat probants à nos clients et à l’ensemble du public présent. Dans cet esprit, nous avons associé notre concept avec l’expertise de l’école de formation Pulsardrone qui complète la formation de nos télépilotes à évoluer avec un drone publicitaire. Notre collaboration nous permet de mettre en place des protocoles pour assurer la sécurité et le respect des règles en vigueur et d’entretenir les compétences de nos télépilotes.
IN : estimez-vous que le drone à usage commercial n’est pas encore bien accepté en France, et si oui pourquoi ?
E.P. : je ne pense pas que le drone à usage commercial ne soit pas bien accepté. Il est encore peu utilisé car peu connu. L’évolution technologique des appareils et la baisse des coûts de production de ces produits (les ventes de drones augmentent) vont permettre une plus large utilisation. Le drone à usage commercial prend forme en France. S’il n’est pas encore un acteur majeur, la commercialisation de ses services apportés est déjà un succès. Nous le retrouvons sur différents domaines (btp, industrie, tourisme) pour l’agriculture de précision et les médias. Si nous développons notre concept sur le marché français, nous comptons exporter cette activité sur l’Europe. Quelques pays européens (Italie, Pologne) ont déjà tenté l’aventure mais cela reste encore anecdotique.
IN : est-ce que le drone-vertising peut rapidement devenir un support aussi puissant que l’affichage ?
E.P. : l’univers de l’affichage est très réglementé et revoit à la baisse sa présence au niveau national. Paris réduit de prés de 40% la surface publicitaire de ces panneaux d’affichage. Ces dispositifs sont de plus en plus considérés comme » polluants » et intrusifs. Un des avantages clés du drone-vertising réside justement dans le fait que ce dernier répond à des enjeux ponctuels n’importe où et n’importe quand. L’impact d’un message est toujours beaucoup plus fort dès lors que vous installez une répétition plutôt qu’une habitude car comme toute chose les gens se lassent des habitudes. Je ne pense pas que le drone publicitaire détrônera l’affichage classique. Il viendra compléter la communication d’un annonceur, ponctuellement, sur des événements particuliers en apportant une nouvelle façon de communiquer. L’usage du drone dans la communication en est à ses débuts. Aujourd’hui il est utilisé pour l’image aérienne dans les médias, demain il sera sous les projecteurs pour augmenter la visibilité des annonceurs. Ses avantages sont considérables : nous touchons au plus près le public en intervenant de façon maîtrisée dans le temps et dans l’espace sans dénaturer le paysage. Une fois l’intervention terminée, le paysage retrouve son aspect d’origine. Seul reste présent le message délivré. Leur faible encombrement et leur capacité à s’intégrer au cœur des villes leur donnent un atout de taille.