Pour célébrer les 500 ans de la diffusion des 95 thèses de Luther, une exposition anniversaire invite l’intelligence artificielle dans une église. Même la bénédiction devient digitale…
» Par amour pour la vérité et dans le but de la préciser, les thèses suivantes seront soutenues à Wittenberg, sous la présidence du Révérend Père Martin Luther, ermite augustin, maître des Arts, docteur et lecteur de la Sainte Théologie. Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Amen « . Le 31 octobre 1517, l’instigateur de la Réforme introduit avec ces quelques lignes les 95 thèses fondatrices de l’église protestante. Cinq siècles plus tard, pour célébrer l’affichage de » La dispute sur le commerce des indulgences » sur les portes de l’église de la Toussaint, l’église protestante de Hesse et Nassau invite l’intelligence artificielle dans la maison de Dieu.
Présenté comme un robot-pasteur offrant aux croyants curieux une bénédiction digitalisée. BlessU-2, c’est son nom, a été crée par le designer et ingénieur Alexander Wiedekind-Klein dans le cadre d’une exposition anniversaire, à Wittenberg. Le robot possède deux bras, une tête et une lumière. Il permet même de choisir la langue et le sexe de la voix de la bénédiction, qui peut ensuite être imprimée pour être conservée. Avec cette nouvelle intelligence artificielle théologique, Alexander Wiedekind-Klein veut permettre une pédagogie religieuse plus moderne et plus ludique, en posant la question du mariage entre technologie et la religion.
Si dans la splendide série, « The Young Pope », Pie XIII incarné par Jude Law, renvoie l’Eglise catholique aux heures les plus sombres de sa rigidité et de son anachronisme, la fiction ne correspond pas franchement à la réalité. D’un côté le jésuite Pape François séduit par ses paroles mais peine encore à faire vraiment entrer la catholicisme dans la modernité de son ère, de l’autre les messagers de Dieu savent parfois vivre avec leur temps. Lancée à l’été 2016, par l’application italienne Scooterino, un Uber romain du scooter, la plate-forme Scooterino Amen a permis pendant quelques mois de commander en ligne la venue d’un prêtre pour se confesser ou recevoir une bénédiction.
The Drum et McCann Japon laissent les commandes au robot
Vous avez bien lu ! Désormais l’économie de partage peut même vous livrer à la demande celui dont la mission spirituelle est de rendre présent le Christ parmi les gens. Cinq cent ans après l’appel au schisme de Luther, les protestants de Wittenberg le robotise. Carrément. L’IA se met donc décidément au service de tout le monde. Première intelligence artificielle au monde capable de composer de la musique orchestrale, la technologie Hexachords de la start-up française éponyme pourrait, par exemple, révolutionner la création d’oeuvres originales. Dont celles d’une industrie publicitaire déjà éprise d’électro, comme l’expliquait INfluencia en début d’année.
En 2015, Shun Matsuzaka, planneur à l’agence de publicité McCann Japon, avait lancé un projet de génome créatif. L’ambition ? Créer la première intelligence artificielle au monde capable de jouer le directeur créatif et de réaliser des spots publicitaires. En mars dernier, le planneur a présenté sa création lors de la conférence annuelle d’ISBA, équivalent britannique de l’Union des annonceurs en France, à Londres. McCann a donc a mis en concurrence le robot avec le directeur créatif humain, Mitsuru Kuramoto, pour créer un spot publicitaire pour les pastilles à la menthe Clorets, les deux spots publicitaires devant ensuite être soumis à un vote national des consommateurs.
En juin 2016, le temps d’une parution, The Drum avait confié les rênes de sa rédaction à Watson, l’intelligence artificielle d’IBM. Un an plus tard le média nord-américain a sollicité ses lecteurs en lançant une grande étude inédite sur l’IA. En attendant que l’intelligence artificielle prenne le contrôle de notre monde et peut-être même de notre cerveau, Zenith a dressé, en janvier 2017, les grandes tendances de l’IA pour révolutionner la vie du consommateur et du citoyen. Quelques mois plus, le travail de recherche d’Howard Gardner, psychologue comportementaliste, qui hisse sur le même piédestal 9 types d’intelligence, était à nouveau remis en pleine lumière. Sa théorie est controversée car elle bouscule les attendus sclérosants et quasi millénaires de notre société où la différence dérange, effraie. Mais face à l’IA et sa cohorte d’applications au développement galopant, ses bienfaits peuvent être démultiplicateurs.