16 juillet 2017

Temps de lecture : 4 min

Le goût des autres pour le food

Le food est le sujet le plus partagé et commenté sur le web après les loisirs et la technologie. Décuplés par le numérique, les usages se renouvellent, se multipliant même à vitesse grand "V". Plus que jamais synonyme d'échanges et de partage, l'alimentation s'inscrit au coeur de nos conversations et de nos interactions.

Le food est le sujet le plus partagé et commenté sur le web après les loisirs et la technologie. Décuplés par le numérique, les usages se renouvellent, se multipliant même à vitesse grand « V ». Plus que jamais synonyme d’échanges et de partage, l’alimentation s’inscrit au coeur de nos conversations et de nos interactions.

En matière de food, les Français ne sont jamais rassasiés ! La curiosité pour l’univers culinaire est telle qu’elle transcende aujourd’hui le microcosme de la cuisine pour impacter nos modes de vie. Si chercher sur le Net la recette de son prochain dîner est toujours d’actualité, le digital crée désormais une appétence pour des sujets connexes, tels que l’environnement, la santé, la nutrition, la traçabilité, l’économie, l’innovation, la culture…

Pour preuve, l’effervescence suscitée par le mouvement vegan, avec ses pro- et ses anti-, qui génère chaque jour des milliers de conversations en ligne. Et même si demain la majorité d’entre nous n’arrêtera pas d’absorber de la viande, des œufs ou du lait, il faut admettre que tout ce bruit finit par éveiller une prise de conscience. Les mentalités évoluent de façon perceptible sur la notion de bien-être animal, sur la place de la protéine animale dans notre alimentation et l’intérêt du végétal…

L’éthique fait maison

Ainsi, dans les conversations sur l’alimentation, s’invitent désormais la lutte anti-gaspillage, la gestion des ressources, le locavorisme, la relation aux petits producteurs… Des initiatives comme Disco Soupe, qui œuvre pour la sensibilisation du grand public à la problématique du gâchis alimentaire, illustrent cette évolution. Ce mouvement, né à Paris en 2012, organise des sessions collectives et ouvertes de cuisine de fruits et légumes mis au rebut ou invendus, dans une ambiance musicale et festive. On y confectionne des soupes, des salades, des jus de fruits ou des smoothies, redistribués à tous gratuitement ou à prix libre. Ce type de démarche, initié par la société civile, trouve un écho politique, à l’image de l’accord signé entre le ministère de l’Écologie et les distributeurs en 2015. Celui-ci est venu renforcer le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire de 2013, en améliorant encore les bonnes pratiques des grandes enseignes dans ce domaine.

Manger devient ainsi un acte éthique, voire militant. La préparation d’un repas n’est désormais plus décorrélée de ce que l’on met dans la poêle. En effet, il est devenu aussi important de maîtriser une cuisson que bien sourcer ses ingrédients. Par ailleurs, les solutions de compost ont le vent en poupe, quand les mini-potagers fleurissent sur les balcons. Bref, ce que l’on met dans son assiette doit être compatible avec ses valeurs et ses choix de vie. Au-delà, cette curiosité nous pousse à découvrir de nouvelles saveurs ou à retrouver celles qui ont fait de la France une référence en matière de gastronomie.

La Tech à l’assaut du Food

La génération des millennials (18-34 ans), notamment, voit dans la cuisine non plus une corvée comme son aînée, mais un loisir à part entière. Cela se traduit par une innovation exponentielle autour de tout ce qui touche à ce domaine, portée par les outils digitaux. La tablette et surtout le smartphone deviennent les nouveaux ustensiles de cuisine. On les consulte pour tout : trouver une recette, apprendre à tourner un artichaut, réserver un restaurant, compter les calories d’un plat… Ainsi, les nouvelles technologies alimentent notre curiosité, autant qu’elles nourrissent l’économie. Entre 2013 et 2016, 39 milliards de dollars ont été investis dans des projets FoodTech. Un chiffre en constante augmentation, preuve que nous ne sommes qu’au début d’un phénomène de très grande ampleur.

Le goût du voisinage

Parallèlement, cet intérêt redonne à la nourriture sa dimension collective. On se retrouve entre adeptes du quinoa ou addicts du bio pour partager des repas, qui n’ont plus grand-chose à voir avec ceux de nos parents. L’entrée et le dessert s’effacent, tandis que l’apéritif dînatoire fait recette.

Cette frénésie pour la sphère food révèle des vocations. Parce que l’on n’a pas tous le temps, ni l’envie de se lancer dans la restauration, on choisit de partager sa passion autrement. Après l’émission culte Un dîner presque parfait, place à sa version 2.0 : le Social Dining. Une sorte d’ubérisation du repas entre amis, où il suffit de s’inscrire sur l’une des nombreuses plateformes en ligne dédiées pour proposer sa table, le nombre de personnes que l’on peut accueillir, fixer un menu et un prix. Les voisins s’invitent alors à souper. Inutile d’être un expert en gastronomie pour peu que l’on maîtrise deux ou trois trucs. Ce qui compte, c’est de se retrouver autour d’un bon repas et de faire connaissance. Un bon moyen de recréer du lien social, de la convivialité, et de transmettre un savoir-faire.

L’amour à la table

Ce concept de consommation collaborative déborde même dans la sphère amoureuse. Ainsi, de nouveaux modèles de sites de rencontres proposent désormais de faire connaissance au restaurant, en se réunissant entre personnes partageant des intérêts communs, dans un endroit atypique, propice aux conversations. Au menu : brunch, apéritif dînatoire ou pique-nique, il y en a pour tous les goûts. Certaines marques surfent d’ailleurs sur cette vague pour créer le buzz, comme Knorr, dont la campagne virale #LoveAtFirstTaste (amoureux dès la première bouchée) mettait récemment en scène des célibataires, sélectionnés préalablement par rapport à leurs goûts gastronomiques. Leur « mission » : partager un repas à deux, la seule règle étant de donner à manger à l’autre et, donc, d’accepter d’être nourri par un inconnu. S’ensuivaient des situations cocasses, tendres ou complices, avec parfois, au bout de l’expérience, la naissance d’une relation amoureuse.

Le repas redevient donc le prétexte à une plus grande socialisation. Ne dit-on pas qu’il n’y a rien de plus déprimant que de se retrouver seul devant son assiette ? Au contraire, lorsque l’on reçoit, on apprécie de faire des efforts. On touche d’ailleurs ici à ce qui distingue fondamentalement l’humain de l’animal : tandis que nous mangeons fréquemment en groupe, selon un cérémonial qui fait partie intégrante de notre culture, l’animal, lui, dévore dans la seule optique de survivre. Il semblerait qu’aujourd’hui, avec l’appui du digital, cette dimension sociale du repas soit plus que jamais d’actualité et qu’elle se renforce même. Curiosité, quand tu nous tiens !

Article publié dans la revue INfluencia sur la curiosité. Découvrez sa version digitale

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