16 octobre 2017

Temps de lecture : 6 min

Les Français sont des analphabètes de la data

En France, seuls 12% des professionnels sont datalphabétisés contre 17% pour les Européens, et 51% reconnaissent arbitrer au feeling plutôt qu'en fonction d'insights ou d'enseignements riches et précis. Tel est l'une des conclusions de « Les salariés européens et leurs connaissances sur la data », l'étude européenne menée par Qlik en partenariat avec Censuwide qui montre aussi que les 5000 personnes interrogées n'aspirent qu'à une chose être formées pour progresser.

En France, seuls 12% des professionnels sont datalphabétisés contre 17% pour les Européens, et 51% reconnaissent arbitrer au feeling plutôt qu’en fonction d’insights ou d’enseignements riches et précis. Tel est l’une des conclusions de « Les salariés européens et leurs connaissances sur la data », l’étude européenne menée par Qlik en partenariat avec Censuwide qui montre aussi que les 5000 personnes interrogées n’aspirent qu’à une chose être formées pour progresser.

Tandis que la sonnette d’alarme est tirée régulièrement et à juste titre pour inciter les entreprises à se mettre en conformité avec avec le GDPR, règlement européen qui entre en application en mai 2018, Qlik, spécialiste de l’analyse de données, révèle que 88% des Français ne savent pas lire les données dans sa récente étude « Les salariés européens et leurs connaissances sur la data », menée avec Censuwide (*). Ce qui situe nos concitoyens dans la moyenne européenne puisque moins d’un salarié sur cinq (soit 17%) comprend précisément l’usage qu’il fait des données auxquelles il a accès. Un faible taux général d’ « alphabétisation de la donnée » qui entrave les collaborateurs et pénalise les entreprises. Toutefois, cet état des lieux pourrait s’inverser -si les directions et/ou responsables concernés s’y attelaient pour de vrais objectifs- puisque dans leur grande majorité (65%), les 5291 personnes interrogées sont prêtes à consacrer davantage de temps et d’énergie à l’acquisition ou au renforcement de leurs compétences de manipulation des données, si on leur en donnait la possibilité.

Elles deviendraient alors « datalphabètes », c’est-à-dire capables de lire, manipuler, analyser des données et s’appuyer sur celles-ci pour argumenter. Ce qui n’est pas encore gagné en France où seuls 12% (soit 1 salarié sur 10) des professionnels interrogés sont vraiment « datalphabétisés », plaçant ainsi notre pays au dernier rang du classement européen. la moitié du panel indiquant même prendre des décisions le plus souvent « au feeling » plutôt qu’en fonction « d’insights » ou d’enseignements riches et précis (51%). Un résultat qui laisse songeur surtout quand on apprend que 5% uniquement des jeunes diplômés (contre 10,1% des jeunes européens) sont vraiment préparés à leurs futurs modes de travail, le reste n’ayant pas reçu cet enseignement lors de leur cursus. Autant dire qu’il y a urgence à créer un pont entre d’une part les écoles, les universités et autres organismes de formation et d’autre part les entreprises de tous bords et de toutes tailles. Non seulement pour évaluer le degré de connaissances et de l’agilité des étudiants mais aussi pour bien définir les attentes immédiates et à venir des acteurs du monde professionnel où tout évolue très rapidement. « Qui que vous soyez et quel que soit le pays où vous vivez, vous avez le droit d’accéder à des données et de les exploiter. L’inégalité est un frein pour les personnes, les entreprises et les nations. Nous souhaitons donner une impulsion de changement afin d’offrir à chacun la chance de réussir dans la vie à l’aide des données, et amorcer une vraie révolution qui sera synonyme d’insights et de capacités inédits », milite Dan Sommer, Senior Directeur de Qlik qui à cette occasion lance une campagne pour l’égalité des droits d’accès aux données et changer la donne en invitant à participer à un test pour savoir à quel niveau on est par rapport à ses pairs.

Les employeurs loin d’être à la hauteur des aspirations et besoins de leurs salariés

Un plan d’action terrain, national, coordonné et nécessaire qui s’inscrirait alors dans le gagnant/gagnant. En effet, l’étude met en exergue un lien très fort entre les performances professionnelles et l’exploitation des données. Plus des trois quarts (76%) des datalphabètes s’estiment ainsi performants au travail, contre un peu moins de la moitié (49%) de la masse salariale dans sa globalité. Si la plupart des personnes sondées utilisent des données dans le cadre de leur travail, elles s’accordent sur le fait qu’elles les aident à mieux accomplir leur mission (90%) et que leur datalphabétisation leur confère une plus grande crédibilité (70%) professionnellement parlant.

Les salariés aspirent à traiter des données dans l’espoir de progresser dans la hiérarchie et de faire évoluer leur carrière. Ils se disent majoritairement (65%) prêts à consacrer davantage de temps et d’énergie au renforcement de leurs compétences d’analyse s’ils en avaient la possibilité; la plupart sont en effet entravés par leur employeur. Lorsqu’on leur demande de décrire la culture de leur entreprise actuelle en termes d’utilisation des données, moins d’un quart d’entre eux (23%) répondent que tous les salariés de leur entreprise ont les moyens de les exploiter parce qu’ils disposent des outils et des compétences ad hoc. En outre, ils sont 43% à estimer ne pas avoir reçu la formation adéquate. « La data literacy est aussi importante que le fait de savoir lire et écrire. Cette connaissance donne du poids aux argumentations d’une personne et l’aide à prendre des décisions plus avisées », souligne Dan Sommer « Et ces compétences sont tout aussi primordiales pour la vie de tous les jours, dans la mesure où nous sommes abreuvés d’informations diffusées par les sites d’actualités et les réseaux sociaux. Chacun de nous doit traiter de gros flux de données, mais peu sont capables de bien les traiter. A l’ère de l’information post-faits, où abondent les fake news et où la manipulation de données est légion, il est indispensable d’être capable d’avoir un regard critique sur les faits et les chiffres disponibles afin d’obtenir la vérité ».

Savoir distinguer le vrai du faux pour prendre les bonnes décisions

Autre conclusion alarmante : tous les salariés sont loin d’être sur un pied d’égalité. Si la majorité (85%) des travailleurs manuels indique que les données permettent de mieux travailler, ils sont les moins bien équipés pour cela. Moins de la moitié (49%) d’entre eux pensent avoir accès à toutes les données dont ils ont besoin pour mener à bien leur mission du mieux possible. D’autre part, si les cadres-dirigeants (79%) sont les plus susceptibles d’avoir accès à toutes les données nécessaires pour accomplir leur tâche de façon optimale, le faible niveau de datalphabétisation (24%) à des postes si élevés demeure inquiétant (1).

De même, les salariés fraîchement diplômés (10,1%) talonnent les travailleurs manuels (10,2%) en matière de data literacy, ce qui montre que les étudiants ne sont pas bien préparés à entrer dans le monde du travail. « Peu importe que vous soyez membre d’un comité de direction ou un commercial sur le terrain, car nous demandons l’égalité des données pour tous. Y avoir accès ne suffit pas, tout un chacun doit pouvoir exploiter les données pour son plus grand profit », confirme Dan Sommer « L’approche hiérarchique actuelle pourra être remisée au passé grâce à un changement de culture qui permettra à chacun de disposer des outils, des données et de la formation ad hoc pour mieux travailler et progresser ».

La France à la traîne en Europe

Disparité entre les hommes et les métiers ou secteurs mais aussi entre chaque pays européen. Et à ce jeu la France ne brille pas vraiment. L’Espagne compte le plus de datalphabètes (25%), suivie par le Royaume-Uni (21%), la Suède (15%), l’Allemagne (14%) et la France, où seuls 12% des salariés comprennent précisément ce qu’ils font avec les données qu’ils manipulent. Zoom sur les autres différences relevées entre les pays :

– L’Espagne ne se targue pas seulement du plus fort taux de data literacy (25%) : la péninsule ibérique compte le plus grand pourcentage de salariés très enthousiastes à l’idée d’améliorer leurs compétences d’analyse des données (83%).
– L’inégalité règne au Royaume-Uni, où moins d’un professionnel sur 5 (soit 18%) indique que tous ses collègues de travail sont équipés et compétents pour exploiter des données.
– Le surplus d’informations demeure un problème en Europe : les Suédois sont les plus nombreux à se dire inondés par les données au travail (56%), tandis que les Allemands le sont le plus dans leur vie quotidienne (86%).
– Les professionnels allemands sont les plus nombreux à se plaindre d’un volume de données allant crescendo depuis trois ans (71%).
– Les Suédois sont ceux qui semblent avoir le plus de mal à faire la différence entre les informations avérées et celles qui ont été manipulées (68%).
– En France, où seuls 12% des professionnels sont datalphabétisés, la moitié du panel indique prendre des décisions le plus souvent « au feeling » plutôt qu’en fonction « d’insights » ou d’enseignements riches et précis (51%). Une certaine façon de considérer la course à la performance et qui a sûrement ses atouts… Mais qu’il conviendrait de ne pas en faire une exception culturelle contre-productive face à la professionnalisation de nos voisins.

(*) Enquête effectuée, entre le 24 août 2017 et le 14 septembre 2017, auprès de 5291 salariés travaillant à temps plein, parmi lesquels des personnes âgées de plus de 50 ans et 271 personnes occupant des postes de direction, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Espagne et en Suède. Censuswide respecte et emploie des membres de la Market Research Society, en conformité avec les principes et le code d’éthique de l’association ESOMAR des professionnels des études.
(**) Par « cadres-dirigeants », il est fait référence à des directeurs, des chefs d’entreprise, des associés et des présidents

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Photo de Une : Nikko Macaspac

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