Se renouveler dans une campagne sur une même thématique n’est jamais gagné. C’est pourtant le pari réussi d’Addict Aide qui après avoir alerter le grand public sur l’alcoolisme mondain sur Instagram, s’adresse plus précisément aux proches d’une alcoolique en leur démontrant concrètement qu’il est facile de passer à côté des signes d’une addiction mais qu’aucun cas n’est perdu. Un message, malgré tout, qui parle à tous grâce à une opération qui commence par un escape game et qui se prolonge par une vidéo diffusée encore une fois sur la Toile. Captivante exactement comme dans une mini série.
En 2016, la jeune plateforme Addictaide.fr sortait du lot avec sa campagne digitale plus que virale sur Instagram, réussie et primée : « Louise Delage : like my addiction ». Toujours avec son agence BETC (DC : Stéphane Xiberras, DA : Rayhaan Khodabux, CR : Rémi Campet) et le studio FrancineFramboise, elle reprend la parole avec brio via le numérique et se renouvelle parfaitement grâce au thème du jeu pour toucher sa cible bien spécifique cette fois-ci : les proches. S’attaquant, en effet, encore au tabou de l’alcoolisme au féminin, mais dans un tout autre genre grâce au principe d’un escape game, elle s’adresse sur un autre registre à l’entourage pour lui démontrer à quel point il est facile de passer à côté de l’addiction d’un proche. Les impliquant en les poussant à mener l’enquête, elle évite ainsi de tomber dans le pathos et le fatalisme, tout en faisant valoir d’une part que ses outils et ses expériences sont à même de les aider à détecter et intervenir, car « ce n’est qu’avec les bonnes clés de lecture que l’on est en mesure de déceler, d’interpréter correctement les signes qui caractérisent une addiction », insiste Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions et initiateur du portail addictaide.fr. Et en délivrant, d’autre part, un message encourageant sur la guérison qui est tout à fait possible pourvu qu’on accepte de se faire aider face à ce qui est une vraie pathologie.
7000 joueurs physiques ou virtuels pour cet escape game particulier
Avec ce nouvel opus intitulé « Le secret de Laurence » réalisé par Arthur Cemin (production son : Gum), cette fois-ci l’internaute ne se gargarise pas des photos publiées sur les réseaux sociaux par cette jeune jet setteuse -créée de toutes pièces- à l’alcoolisme mondain, mais on suit des apprentis limiers qui, ramenés en 2009, mènent l’enquête dans l’appartement de cette certaine Laurence, au 14 rue du Maine Paris 14ème, et dont elle s’est absentée. Equipés d’appareils photos instantanés flambants neufs, ils passent tout au peigne fin et photographient les indices les plus pertinents afin de percer le secret. Traces de lutte, tache rouge suspecte sur le tapis, brosse à dents ensanglantée, grains de café dans le sac à main… Que s’est-il passé ici ? Sens de l’observation et perspicacité sont mis à l’honneur dans cet escape game d’un nouveau genre, hébergé par l’Escape Lab en partenariat avec Lomography (*), et adapté sous forme de jeu vidéo. Résultat : en moins d’un mois, près de 7000 joueurs ont visité -physiquement ou virtuellement- l’appartement de la protagoniste, pourtant aucun d’entre eux n’a réussi à résoudre l’énigme. On vous laisse découvrir le secret de cette …
Car non, Laurence n’est ni une meurtrière, ni un agent du KGB, ni un vampire, ni un personnage de fiction. Mais une femme aisée à la carrière brillante dans un grand groupe et bien réelle et si sa vérité est plus ordinaire, elle est plus glaçante. Elle nous fait ainsi découvrir l’envers du décor : la réalité de son quotidien de femme alcoolique chronique (en France, on estime que près d’une femme sur dix abuse d’alcool), matérialisée dans son ancien appartement, minutieusement reconstitué grâce à ses nombreux témoignages et au prêt de son mobilier et de ses vêtements d’époque. « Le secret de Laurence, c’est aussi la réalité quotidienne de millions de femmes, qui comme elle, luttent chaque jour entre l’impérieuse nécessité de boire, imposée par leur pathologie et l’impérieuse nécessité de sauver les apparences, imposée par notre société », décrypte Amine Benyamina, Psychiatre Addictologue, un des concepteurs du portail Addictaide.fr. Une mise en scène captivante avec sa révélation aux participants et un témoignage résumés par une vidéo actuellement diffusée sur YouTube, le site de la plateforme, de l’agence de com et leurs réseaux sociaux respectifs. Aujourd’hui, Laurence Cottet -ex juriste d’affaires- s’en est sortie et, aux côtés des concepteurs d’Addict-Aide.fr, elle livre son message d’espoir tandis qu’elle a repris ses études pour devenir « patient expert », et est l’auteure de « Non ! J’ai arrêté », un livre qui retrace son chemin de sortie face à l’alcool.
(*) organisation mondiale consacrée à la photographie argentique, expérimentale et créative