Après avoir évoqué la transmission des savoir-faire entre jeunes et anciens avec Les Talents d’Alphonse. Rencontre avec Barthélémy Gas, co-fondateur de cette plateforme, pour toucher d’un peu plus près la perspective (sociale) dans laquelle s’inscrit le projet et creuser le sujet.
IN : quelle est l’intention des Talents d’Alphonse ?
Barthélémy Gas : depuis son lancement il y a deux ans, Les Talents d’Alphonse souhaite recréer du lien entre les générations, en les rassemblant autour d’une passion commune. En 2018, c’est un tiers de la population qui a plus de 60 ans : 1 personne sur 3 que vous croisez dans la rue est donc à la retraite. C’est dingue. Et pourtant, si l’on y réfléchit bien, à combien de personnes de plus de 60 ans parlons-nous chaque jour ? Est-il envisageable d’avancer dans une société où un tiers de la population, les sexagénaires et plus, est mis à l’écart alors que toujours en pleine forme physique ?
Les Talents d’Alphonse, grâce à la transmission d’une passion, d’un savoir, ou d’une expérience, veut retisser des liens entre les générations. On propose donc à tous les parents de confier leurs enfants à des retraités de confiance et ultra-expérimentés, moyennant une petite indemnité. Nous proposons également à toutes les personnes qui veulent apprendre un savoir-faire manuel (couture, photo, langues étrangères), de rencontrer un retraité passionné dans leur quartier pour se former à ses côtés.
IN : pourquoi les liens entre générations ont tendance à se délier ?
B.G. : les liens intergénérationnels sont très forts en Afrique, en Asie, et en Amérique Latine. C’est d’ailleurs durant nos expériences professionnelles à l’étranger : au Mexique, au Congo ou encore aux Philippines que le projet est né. Dans ces trois pays nous avons été émerveillés par l’importance et le respect accordés aux seniors, où les liens intergénérationnels sont omniprésents. À notre retour en France, nous avons donc souhaité réintroduire plus de solidarité et de liens entre les générations, car nous sommes persuadés que les retraités sont une ressource indispensable au bon équilibre de notre société. Évidemment, l’Europe n’est ni l’Afrique, ni l’Asie, ni l’Amérique Latine, et les cultures sont différentes.
Mais si les seniors ressentent tant ce sentiment d’isolement en Europe aujourd’hui, c’est en majeure partie dû à l’éclatement des familles : de plus en plus de familles monoparentales sont amenées à déménager pour s’éloigner de leur conjoint, et de s’éloigner, de facto, de leur ville natale. A celà s’ajoutent les séparations pour raisons professionnelles : dès les études supérieures, beaucoup d’hommes et de femmes partent étudier dans les grandes villes et y restent pour vivre, ou s’en vont à l’étranger. Les contacts avec les parents et grands-parents, sont donc moins fréquents. Sans compter un individualisme plus fort : notre société occidentale présente est davantage individualiste que des pays comme le Congo, le Mexique, ou les Philippines. Nous ne ressentons ni l’envie, ni le besoin de nous occuper de nos grands-parents. Nous souhaitons être libres de toute contraintes, qu’elles soient morales ou physiques.
IN : qu’est-ce qui fait que deux générations se comprennent ?
B.G. : je pense que toutes les générations peuvent être amenées à se comprendre, et peuvent parfaitement communiquer entre elles. Ce qui rapproche deux êtres humains, ce sont des valeurs communes, une vision similaire, qui se retrouvent très souvent dans le sport et les centre d’intérêts. Voilà pourquoi chez Les Talents d’Alphonse, nous sommes persuadés que les passions et les expériences des anciens n’auront aucun mal à trouver écho chez les plus jeunes. Cela se confirme d’ailleurs très bien sur le terrain, car nous avons un taux de satisfaction de plus de 98,7% sur la création des binômes Curieux/Alphonse.
Pour en savoir plus sur cette plateforme collaborative Les Talents d’Alphonse, cliquez sur la photo ci-dessous !
