Utiliser les formats d’applis adaptés aux smartphones des Français pour les sensibiliser à une grande cause ? Parce que lutter contre l’ignoble exploitation des enfants mérite qu’on ne lésine sur aucun moyen.
Le 16 avril 2018, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’esclavage des enfants, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) -défenseur des droits humains- a investi Instagram et sa nouvelle fonctionnalité « Shopping » pour une campagne « choc » visant à éveiller les consciences françaises sur ces situations inacceptables. En 2018, on peut tout acheter en quelques secondes en ne bougeant qu’un pouce sur notre smartphone. Mais en 2018, pendant que les Français se la coulent douce, des milliers d’enfants à travers le monde travaillent dans l’illégalité et dans des conditions inhumaines.
Pour sensibiliser sur le travail hors la loi des enfants mais aussi sur leur trafic, leur exploitation et leur enrôlement dans les groupes armés sur lesquels la société de consommation occidentale ferme bien trop souvent les yeux, l’Unicef et son agence Brand Station ont décidé de détourner Instagram Shopping en mettant en vente des enfants… au prix de 0€. Pourquoi 0 ? Pour rappeler à tous que « la vie d’un enfant n’a pas de prix », et inviter aux dons pour les protéger via une plateforme dédiée. Un coup média de sensibilisation qui fait mouche qui a trouvé un relais immédiat dans la presse spécialisée avec de nombreux articles, et sur les réseaux sociaux avec des tweets par cetaines émis parfois par des personnalités comme Nikos Alliagas, Valérie Damidot, ou encore Laurent Ruquier. Les deux créatifs Samy Benama et Damien Guiol nous racontent son contexte de création et ses ambitions.
INfluencia : pourquoi s’être orientés vers Instagram pour cette campagne ? Est-ce une première pour Unicef ?
Samy Benama et Damien Guiol : le lancement mondial d’Instagram Shopping a eu lieu en mars 2018 (il était uniquement disponible aux US depuis 2017). Il constituait une réelle opportunité de communication pour nous, surtout au niveau créatif car cette fonction demeurait encore un terrain vierge
IN : à qui s’adresse-t-elle ?
S.B. et D. G. : au plus grand nombre en plus de tous ceux qui se sentent concernés par cette cause, et plus particulièrement au moins de 25 ans : les digital natives. Ce sont eux qui passent le plus de temps sur la plateforme, mais aussi ceux qui donnent le moins.
IN : comment la campagne est-elle diffusée sur le digital et/ou y-a-t-il une déclinaison autre que web prévue?
S.B. et D. G. : nous avons créé une fausse boutique e-commerce nopriceonkids.com qui nous permet d’utiliser la fonctionnalité Instagram Shopping. Sur ce site qui imite les codes du shopping sur internet, vous pouvez découvrir les histoires bouleversantes de plusieurs enfants. Et par la suite, vous êtes invités à effectuer un don pour lutter contre l’exploitation dont ils sont victimes.
IN : entendez-vous faire grandir cet insight pour l’appliquer à un autre format, une suite est-elle prévue ?
S.B. et D. G. : nous pensons déjà à la journée mondiale contre l’esclavage des enfants de 2019 avec une future campagne. Nous verrons les opportunités créatives qui se présenterons en temps voulu.
IN : puisqu’Instagram rime avec influenceurs, avez-vous prévu des collaborations avec certains d’entre eux ?
S.B. et D. G. : effectivement, la campagne comporte un volet influenceurs. Ces derniers partagent actuellement une story Instagram qui explique l’opération en détournant ses codes.