Impossible de penser la métropole sans l’épreuve du climat. Porté par un consortium scientifique autour de la capitale parisienne, Sense City s’invite comme la première mini-ville laboratoire de la ville durable en Europe. Son objectif : comprendre comment les aléas météo affectent la ville.
À une vingtaine de kilomètres à l’Est de Paris, sur son site de la Cité Descartes, la reconstitution d’une ville de 2×400 m2 n’a rien à voir avec le cinéma. Après 5 ans de conception et quelque 9 millions d’euros engagés, la première halle climatique européenne vient d’ouvrir. Elle s’adresse aux académiques, mais aussi aux entreprises qui veulent se nourrir d’expérimentations de pointe pour meubler la ville durable.
Reprendre le contrôle des aléas climatiques sur les matériaux
Audacieux, le projet tient d’un leitmotiv environnemental : tester la résistance des aménagements et matériaux biosourcés (laine végétale, béton de chanvre, …) dans la ville. Pollution, humidité, températures extrêmes, exposition UV … le domaine des possibles est très étendu. Avec cette idée : « Adapter l’aménagement du territoire pour résister aux évènements climatiques » raconte Anne Ruas, qui pilote le projet à l’IFSTTAR (Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux).
Tous les paramètres sont ainsi quadrillés pour mesurer la propension des constructions à affronter leur météo réelle. Il est possible de « programmer par exemple des canicules sur des périodes de plusieurs semaines et d’étudier les effets de cette canicule sur la pollution, la résistance de la végétation mais aussi son impact sur les capteurs numériques », explique l’équipe en charge du projet. « L’idée de cette expérimentation est de voir, in fine, comment on peut concevoir des capteurs efficaces et fiables tout en restant à des prix raisonnables », pour composer les smart city de demain. En Europe et dans la foulée d’Urban Lab à Barcelone, on n’avait pas encore fait aussi complet en la matière.
Un terrain de jeux qui séduit les entreprises
Alors que l’équipement se positionne comme un démonstrateur réaliste d’innovations urbaines, les entreprises ont d’ores et déjà montré leur intérêt pour la structure. Particulièrement les PME, pour qui tester leurs produits en temps réel rime avec moins de risques de développement et un time to market largement restreint. Sense City l’a bien compris : sa chambre est un terrain de jeux propice à l’innovation environnementale. Plusieurs paramètres environnementaux, comme la qualité de l’air intérieur, vont progressivement faire l’objet d’analyses suivies. Une situation et un pari évident pour les investisseurs du cube bleu qui pousse à croire que le projet, en concernant les entreprises d’innovations urbaines, a de l’avenir.
Alors que la table des opportunités business dans la ville intelligente s’élargit (performances énergétiques des matériaux, durabilité des infrastructures, moyens de mesure de la qualité de l’air, conception des nanocapteurs, …), les municipalités sont en passe d’enchérir sur l’intégration du smart dans leurs infrastructures. Sur les modèles de Singapour (et de son programme Smart Nation), Londres et Oslo, 3 des villes les plus intelligentes selon le cabinet Juniper Research et E-RSE (classement 2016 et 2017). Quid des structures françaises ? Après Lyon Confluence, récompensé l’année dernière par le prix de l’innovation urbaine, Sense City participera au positionnement de la Cité Descartes comme un pôle phare de la ville du futur.