Anonymous Project c’est plus de 500 000 diapositives de particuliers anonymes datant du 20ème siècle. Un trésor engrangé jour après jour par Lee Shulman, collectionneur compulsif qui les partage chaque jour sur Instagram. Une passion douce pour le passé capturé dans tous ses états. Avec au fond tout simplement, l’envie de partager ces moments magiques d’un temps révolu.
Ce mercredi, au 176 rue du Temple, 4ème étage, quatre coursiers au moins ont déboulé pendant notre rendez-vous avec de gros, ou de petits colis. A chaque fois, notre interlocuteur s’excusait dans un grand éclat de rire. C’est comme ça tous les jours ? Non, pas tous… mais chaque fois plus, explique le très speed Lee Shulman dans un français véloce et décomplexé.
Nous sommes chez Anonymous Project, et dans ces cartons, s’entassent des milliers de diapositives qui proviennent des quatre coins du monde. Envoyées par des particuliers, à titre gracieux pour la plupart, achetées sur Ebay, repérées lors d’un voyage sur des marchés, elles retracent la vie des monsieur et madame tout le monde lors de vacances, d’anniversaires, de baptêmes, de mariages, dans leur jardin, avec leur chien, leur chat, leurs nouveaux nés, devant leur voiture neuve, entrain de plonger ou de faire du sport sur la plage, de bronzer, ou de skier, inaugurant leur premier poste de télévision noir et blanc…
Plus de 500 000 diapos
Des trésors que la partenaire de Lee, Emmanuelle Halkin, éditrice et commissaire d’expos trie, choisit, examine au compte-fils, numérise, traite avec minutie, aidée dans cette tâche de longue haleine par des stagiaires recrutés dans des écoles de photo. Le tandem remonte le temps tous les jours avec une joie et une passion non dissimulée. Aujourd’hui Anonymous Project compte plus de 500 000 diapos qui vont très bientôt les obliger à déménager, « alors même que nous pensions que des diapositives ne prendraient pas tant de place que cela ».
Obsédé par l’image
Démarche vintage ? C’est en s’inspirant du fonds original Archive of Modern Conflicts à Londres, ainsi que de la collection chinoise Beijing Silvermine de Thomas Sauvin que cette idée s’est immiscée dans l’esprit de Lee Shulman. Le réalisateur britannique de pubs et de clips raconte « Je suis à la fois obsédé par l’image, et collectionneur dans l’âme, chaque jour, je suis fou de joie quand arrive un colis. C’est mon cadeau ». « La plupart de ces clichés viennent des USA, d’Europe et d’Afrique. Nous commençons à en récupérer de Bolivie, et même du Japon » poursuit Emmanuelle Halkin. Mais dans quel but ?
Une première expo rue Beaurepaire
Pour l’heure, le duo envisage cette association comme un projet collaboratif et ne souhaite en aucun cas devenir un Getty images vintage , assure la jeune femme. L’envie est plutôt de constituer un réservoir d’images et d’idées pour des artistes, des expos ou des livres… L’équipe Anonymous a déjà fait une première exposition en juin dernier pour les nostalgiques, rue Beaurepaire à Paris…Une soirée Mad Men, puisque le réalisateur, l’œil rivé à la fameuse série voulait rendre hommage à ces années 50 si bien retranscrites dans la fameuse série et tellement présentes sur ses précieuses diapositives.
Un beau livre en 2019
Reste le financement de l’association. « Nous recevons beaucoup de propositions de partenariats, mais nous ne voulons pas galvauder l’image de ces précieux documents ». Dont acte, Anonymous Project est présent ce mois-ci dans le magazine d’Hermès. Tandis que la numérisation pour les expos est assurée par la Picto Foundation (qui œuvre pour la préservation des métiers et techniques de la photographie). Et puis l’an prochain, ça y est c’est signé, Anonymous Project publiera un livre… Quelle édition a bien pu tomber sous le charme de leurs diapos vintage? Secret. A suivre.