Cet événement, qui réunit cette semaine à Munich 5000 professionnels du monde de la tech, a choisi de mettre ce sujet sensible au coeur des débats.
C’est un sujet rarement évoqué dans le monde de la tech et sur la planète start-up. La diversité dans le monde du travail semble rester un tabou dans ce secteur pourtant supposé « cool » et ouvert d’esprit. Si les grandes entreprises mettent en place des quotas pour tenter de rééquilibrer -un peu- la balance dans leur conseil d’administration et si le monde de la culture est parti à la chasse aux racistes et aux sexistes avec leur campagne #MeToo, les entrepreneurs et les rois de la Silicon Valley continuent de se voiler la face et de prétendre que tout se passe dans le meilleur sur leur petite planète technologique.
C’est ce constat qui a suscité la curiosité d’Andreas Bruckschlögl et Felix Haas. Ces deux jeunes bavarois pilotent, depuis 2014, avec leur associé Bernd Storm van Gravesande le festival Bits and Pretzels. Organisé durant la fameuse fête de la Bière à Munich, cet événement, qui se tient cette année depuis le 30 septembre jusqu’au 2 octobre, réunit 5000 participants du monde de la tech et de l’entrepreneuriat qui paient tous entre 399 et 1699 euros pour participer aux colloques et écouter les discours des « stars » invitées pour l’occasion.
Des réticences
Ce rendez-vous tourne chaque année autour d’une thématique qui reflète le sujet le plus tendance de l’industrie. Et pour 2018, les organisateurs ont choisi de concentrer les débats autour de la diversité afin de permettre aux intervenants de faire le point sur la manière d’améliorer l’inclusion réduire le sexisme. Jamais un tel thème n’avait été choisi pour un événement de ce type. « Notre décision de sélectionner la diversité n’a malheureusement pas été partagée par tous », reconnaît Andreas Bruckschlögl « Un certain nombre d’investisseurs spécialisés dans le capital-risque (VCs) et d’entrepreneurs nous ont écrit afin d’exprimer leur désaccord. Ils jugeaient qu’un tel sujet manquait de pertinence dans le milieu de la tech ou dans un événement qui lui est dédié. Initialement choqués et découragés par ces retours, cela nous a finalement convaincus de l’importance qu’il y a à traiter ce sujet et lutter contre le déni qu’il engendre ».
Felix Haas a, lui aussi, été frappé par la réaction de nombreux professionnels du secteur. « On ne parle pas assez de diversité dans la tech », regrette le président de Bits and Pretzels « La plupart des entrepreneurs, qui sont submergés de travail, ne voient pas le bénéfice qu’ils peuvent tirer d’un tel sujet. Il suffit pourtant de regarder autour de nous pour réaliser que ce secteur recrute principalement son personnel dans un bassin très limité de salariés potentiels. Le monde de la tech est surtout blanc et masculin. Bits and Pretzels en est hélas l’exemple parfait… ».
Des recrutements à géométrie variable
Tous les passionnés de techno n’ont pas les mêmes chances de pouvoir être recrutés par un géant de la Silicon Valley ou par une start-up berlinoise. « Si vous sortez d’une des meilleures universités américaines de l’Ivy League, vous partez avec un certain avantage », reconnaît Felix Haas « Les personnes issues de minorités doivent, elles, lutter contre certaines de leurs émotions qui pourraient les freiner et faire preuve d’une grande confiance en elles pour parvenir à trouver un travail ».
Andreas Bruckschlögl ne dit rien d’autre : « Faire avancer la diversité permet l’arrivée d’un plus grand nombre de talent dans l’écosystème tech, la naissance de nouvelles idées, l’amélioration des produits et l’évolution des cultures d’entreprises, résume t-il. Je peux admettre qu’il puisse paraitre aberrant en 2018 de devoir encore prôner la diversité lors de conférences, que certains préféreraient se concentrer sur les véhicules autonomes ou les dernières applications de l’IA mais cela reste un sujet crucial qui ne sera pas balayé du revers de la main. Il n’est plus seulement temps de parler de diversité mais d’avancer, d’aller plus loin dans la diversification de nos conférenciers, de chambouler nos angles de vue et de choisir avec soin ceux à qui nous donnons une tribune. Nous souhaitons que nos intervenants reflètent l’ensemble de la société ».
La marraine de Bits and Pretzels cette année sera Tarana Burke qui est la fondatrice du mouvement #MeToo. Nico Rosberg, l’ancien champion du monde de F1 qui investit une partie de sa fortune dans la tech, a prononcé aussi un discours. Les patrons de Vodafone Allemagne, de Kodak et de Volkswagen Véhicules Utilitaires sont également attendus sur le sujet. Et vous ?
14 year old @TajyMany crashing #Bits18 center stage for keynote on machine learning. 72% percent of companies vote machine learning most disrupting technology these days. Relevant to all industries. For example in healthcare, creating artificial communication abilities. pic.twitter.com/D2rdnVyNLK
— Henning Hehemann (@_hehemann) 1 octobre 2018
Fun chatting today at European startup conference @bitsandpretzels about the future of mobility with @nico_rosberg, @BYTONcars CEO Carsten Breitfeld, Florian Reuter (@volocopter), Siljah Pieh (@Audi) & Lars Krause (@VWGroup). Thanks for having me 🥨-team! #bits18 pic.twitter.com/85dQgMfPLV
— Britta Weddeling (@bweddeling) 1 octobre 2018