L’application cherche à séduire de nouveaux annonceurs en proposant une offre « low cost ». A saisir sans attendre pour « tenter le coup ».
A ce prix-là, cela serait trop bête de s’en priver. Faire de la publicité sur Snapchat a longtemps été réservé aux multinationales aux budgets rondelets. Une campagne nationale utilisant de la réalité augmentée coûtait aux annonceurs, jusqu’à maintenant, au bas mot 500 000 dollars. Un ticket d’entrée bien trop élevé pour les PME et les ETI surtout que la plateforme a toujours eu du mal à mesurer l’efficacité des campagnes diffusées sur son application. La nature même de ce réseau oblige aussi les marques à faire des campagnes qui ne correspondent pas systématiquement à leurs « codes » en matière de communication et de marketing. Conséquence : 4% des 362 professionnels du digital interrogés par la plateforme lors d’une enquête réalisée en mars dernier sur Twitter ont reconnu avoir déjà fait de la publicité sur Snapchat pour leur propre compte ou pour un de leurs clients. 3% des sondés pensaient sauter prochainement le pas, 65% n’y songeaient pas et 28% n’avaient même jamais entendu parler de ce site. Certaines études peuvent avoir l’effet d’une douche froide pour les entreprises qui se croient plus belles ou plus importantes qu’elles ne le sont réellement…
Pour tenter de répondre aux critiques et de séduire une plus large clientèle, le réseau, qui enregistre une chute de son nombre d’utilisateurs a donc décidé de proposer aux marques des publicités pour la modique somme de 50 dollars. Oui, vous avez bien lu : 50 dollars.
186 millions d’utilisateurs
Pour ce prix là, la marque ne peut pas s’attendre à profiter d’un service haut de gamme ni d’une couverture nationale voire même internationale. Sur les vols low cost, les sièges ne sont pas réservés, la nourriture est payante et les retards habituels. Snapchat est fréquenté chaque jour par 186 millions de personnes dont plus de 80 millions d’internautes en Amérique du Nord. Plus de la moitié (57%) de ces utilisateurs sont âgés de moins de 24 ans et beaucoup se situent dans la tranche d’âge comprise entre 13 et 17 ans.
Au Royaume-Uni, cette plateforme est désormais plus populaire que Facebook auprès des jeunes sujets de sa Majesté. Ces « surfeurs » sont également fidèles puisque 40% des « Snapchatters », qui vont sur le réseau en moyenne 25 fois par… jour, n’utilisent pas quotidiennement Facebook, Instagram, YouTube, Twitter ou Messenger.
« Snap Ads to AR »
La nouvelle offre « bon marché » de l’application, baptisée « Snap Ads to AR », permet de définir et d’utiliser un filtre de son choix avec le nom de sa marque sur une zone limitée et pour une durée assez brève. Un expert a testé ce service en mettant au point sept filtres à l’occasion de la campagne des primaires démocrates à New York.
Les internautes pouvaient ainsi notamment s’amuser à parler à la place d’Hillary Clinton et de Bernie Sanders. Ses filtres ont été diffusés pendant 37 heures dans « la ville qui ne dort jamais » pour la modique somme de 56,26 dollars. Durant ce laps de temps, 1853 personnes les ont visionné et 95 les ont utilisé, soit un coût de 0,03 dollar par visionnage et de 0,59 dollar par utilisation. Ces sommes sont particulièrement compétitives par rapport à celles d’autres plateformes. Ce produit touche également beaucoup de jeunes ce qui représente un énorme avantage pour les marques qui s’adressent aux Millennials et aux membres de la génération Z.
Pas sans défauts…
Le nouveau service a toutefois encore quelques sérieux défauts dans sa cuirasse. Snapchat dévoile ainsi uniquement à ses clients le nombre de personnes qui ont vu et utilisé les filtres. Ni plus, ni moins. Ces informations ne sont, de surcroît, communiquées qu’une fois par jour à 11 heures du matin (EST). Choisir son filtre prend également du temps et l’application et demande au moins 24 heures pour valider ou non une sélection. Ce réseau a aussi le gros défaut d’être fermé sur lui-même.
En clair, une vidéo diffusée sur ce site a très peu de chances d’être reprise ailleurs sur la Toile. Le prix modique des nouvelles publicités sur Snapchat devrait toutefois convaincre de nouveaux annonceurs à tenter l’aventure. A 50 dollars, on peut bien se permettre ce « petit plaisir ».