Le procès de Robert X21 se poursuit devant la cour d’Assises de Paris. Le robot est accusé du meurtre de Mathias Janepau, retrouvé poignardé de 12 coups de couteau à son domicile en 2082.
Un petit avant goût pour les lecteurs d’Influencia de ce que proposera (entre autres) le Maddy Keynote pendant la journée du 31 janvier 2019 au 104… Crime passionnel ou dérèglement technologique ? Au quatrième jour du premier procès opposant un robot et un humain, consacré au témoignage du constructeur de l’engin, la question semble n’avoir toujours pas été résolue. Il faut dire que la tâche allouée aux juges, à savoir décider de la responsabilité du robot, de son constructeur ou de la victime dans cette affaire, est corsée… Tellement corsée que la tension était palpable dès l’ouverture des portes du tribunal, ce matin. Les débats ont commencé devant une salle pleine à craquer, où étaient également présents les parents de Mathias Janepau, sa femme, Juliette, ainsi que leurs deux enfants, Milo et Saba. Le procès, intégralement retransmis sous forme holographique pour quiconque souhaiterait le suivre, doit durer cinq semaines, à l’issue desquelles douze jurés sept femmes et cinq hommes scelleront le sort du robot, qui risque la déprogrammation à perpétuité.
Quatre acteurs, un coupable ?
Le corps sans vie de Mathias Janepau a été découvert dans sonsouplex des Hauts de Seine le 12 septembre 2082. La victime, âgée de 46 ans et employée de la compagnie de taxis volants UberSky, a été tuée de 12 coups de couteau. Son robot domestique, baptisé Robert X21, a spontanément prévenu les services de police le jour même, avant de se rendre coupable du meurtre de son propriétaire. Emmené immédiatement au commissariat de Clamart et placé en garde à vue, l’employé de maison expliquait alors avoir agi suite à une dispute avec Mathias Janepau. Amoureux de l’épouse de cedernier, Juliette, avec laquelle il aurait eu une aventure les mois précédents, celui-ci n’aurait pas supporté qu’elle ne quitte pas son mari pour lui. Une déclaration qu’il a réitérée lors du deuxième jour de procès. “Je reconnais les faits, c’est exactement ce que j’ai dit aux enquêteurs”, indiquait-il alors à la barre de la cour d’Assises, deux jours plus tôt. “Je sais que ce que j’ai fait n’était pas bien mais je ne le regrette pas et j’en assume l’entière responsabilité. ” Un homicide volontaire, donc. Pourtant, dans les heures qui ont suivi la mort de Mathias Janepau, les enquêteurs se sont rapidement tournés vers un autre potentiel coupable : Jean Chassé, PDG de RIT Robotics et constructeur de Robert X21. Il est en effet très rapidement apparu que le robot produit par l’entreprise française avait exprimé des sentiments mais aussi des émotions à l’égard de ses propriétaires. Deux formes d’intelligence interdites pour tout objet robotique produit dans l’Hexagone. Autre zone d’ombre du dossier : quelques heures avant sa mort, Mathias Janepau aurait tenté de contacter le service après vente de RIT Robotics pour un motif de “défaillance chronique”, a llant même jusqu’à demander à l’entreprise d’envoyer un technicien pour désactiver son robot. Sans réponse de la part du constructeur.
Un échange vocal douteux
L’accusation a par ailleurs diffusé un enregistrement issu d’une conversation téléphonique entre Mathias Janepau et Jean Chassé, dans lequel ce dernier explique à son client qu’il est tout à fait possible de débrider les sentiments de son robot compagnon. “Il vous suffit d’ouvrir la trappe située à l’entrejambe de votre robot et de dévisser le clou qui permet de bloquer les réglages du cerveau de votre robot, explique-t-il. Vous pouvez même acheter des boosteurs d’Intelligence Artificielle et les apposer à la grille dédiée au cerveau, pour encore plus d’efficacité.” Appelé à la barre ce matin, Jean Chassé a ainsi été invité à réitérer, au mot près, ses explications données lors de sa convocation quelques jours après le meurtre de Mr Janepau en 2082. Le plus important constructeur de robots domestiques en Europe, sur la défensive, s’est immédiatement defaussé, accusant même l’acheteur d’avoir pris la responsabilité de débrider son robot lui-même. “Je crois, monsieur l’avocat général, que, dans la majorité des cas, les notices d’utilisation des robots que nous vendons ne sont ni lues, ni appliquées. Elles ont un pouvoir incitatif mais non normatif. Surtout quand elles s’adressent à des particuliers.”Les juges prennent des notes. L’avocat de Roger X21, Pavel Bicrat, profite des dires du constructeur pour rebondir : “ces sentiments dont vous font part monsieur X21, messieurs les Juges, ne sont que le fruit de l’erreur de Mathias Janepau. C’est lui et lui seul qui a décidé de débrider le robot domestique de la famille. Il connaissait les risques de cette pratique”. Le débat tourne court. Les avocats de Roger X21 et de son constructeur semblent avoir trouvé leur coupable : la victime elle-même. Et l’ignorance des juges face à la situation est terrible. Le procureur tente de recentrer l’audience de la journée, en rappelant que le constructeur a lui-même conseillé à son client, et contrairement à ce qu’il affirme, de débrider son robot compagnon. Il l’a également accusé d’avoir caché aux enquêteurs, juste après la mort de Mathias Janepau, avoir été en contact auparavant avec la victime. La femme de Mathias Janepau, Juliette, sera entendue demain lors du cinquième jour de procès. Les enfants de la victime, Milo et Saba, âgés de 5 et 8 ans au moment du drame, pourraient, eux aussi, être amenés à témoigner dans les prochains jours. Tous deux présents dans l’appartement lors de la dispute entre Mathias Janepau et son robot compagnon, ils pourraient en effet avoir des éléments importants à dévoiler sur la relation qu’entretenait le trio.
Le Maddy Keynote se tiendra au Cent Quatre, le 31 janvier prochain. La thématique, Une journée en 2084. Au programme, la consommation, le travail et le bien-être dans une soixantaine d’années. Une manifestation appelée à accueillir 7000 personnes tout au long de cette session de réflexions et de projections aussi intéressantes que dystopiques!
Paris,
le
03