Mieux vaut tard que jamais : le travail nomade commence à se développer dans notre pays mais de nombreux freins existent…
Le temps n’est plus au « si » mais au « comment ». Le flex-office et le télétravail font désormais partie du quotidien des entreprises. 65% des Français s’intéressent au télétravail et 25% le pratiquent régulièrement, si l’on en croît les conclusions d’une récente enquête de l’institut Ipsos. 77% des sociétés ont, elles, déjà testé l’aménagement en bureaux flexibles.
L’idée de partager des bureaux est née aux Etats-Unis durant la Grande Dépression dans des cabinets d’avocats américains qui souhaitaient réduire leurs coûts. Le travail flexible en Europe a, lui, commencé à Munich en 1967 afin de réduire les temps de trajet des salariés. Le terme « hot-desking » dérivé du « hot-bunking » (« partage de couchettes » par les marins) est apparu dans les années 80. Les cabinets de conseil ont été les premiers à mettre en place le flex-office en raison des déplacements incessants de leurs consultants. Et la France, me direz-vous ?
La France a toujours un sérieux retard
La notion de « télétravail salarié » est apparue dans notre Code du travail en… 2012. Autant dire hier. « La France a toujours une grosse culture du présentéisme en entreprise », constate Camille Kiejman, la responsable du département Editorial & Communities à l’Institut Fabernovel qui vient de publier en collaboration avec BAP (Bureaux à partager) une étude intitulée : « Télétravail & flex-office, vers un collaborateur nomade ? ». Première conclusion : il reste encore beaucoup de travail pédagogique à faire pour que les managers évoluent vers une culture de la confiance.
Dans cette enquête, 52,6% des entreprises de plus 300 salariés qui ont répondu au questionnaire affirment avoir complètement déployé le télétravail. 57% de ces compagnies affirment même que plus de 75% de leur personnel ont recours au travail à domicile pour une moyenne de 1,8 jour de télétravail par semaine. 68,7% des employeurs ont également recours au flex-office et 61% pour plus des trois-quarts de leurs collaborateurs. Ces chiffres doivent toutefois être pris avec des pincettes car ils ne concernent qu’un modeste panel de 300 cas mais ils montrent une tendance de fond.
Des envies divergentes
« Le flex-office et le télétravail ont surtout concerné au début les cabinets de conseil et les agences de communication mais tous les secteurs sont aujourd’hui touchés comme la finance et le service public », assure Cécile Peghaire, la responsable des contenus chez BAP qui gère un réseau de douze espaces en Île de France utilisé par 370 entreprises et plus de 4000 coworkers. Les employeurs et leurs salariés ne sont cependant pas attirés par les mêmes modèles. « Les sociétés préfèrent le flex-office car cette formule leur permet de réduire la taille de leurs bureaux mais leurs collaborateurs, qui aiment avoir leurs espaces personnels dans l’entreprise, aiment davantage le télétravail », assure Camille Kiejman. Ces deux « formules » sont appelées à se développer à l’avenir.
« J’ai le sentiment que le sens de l’histoire va vers davantage de nomadisme au travail », prédit l’experte de l’Institut Fabernovel « Les entreprises profitent souvent de leur déménagement pour encourager le flex-office et le télétravail. Poussées par la hausse des prix de l’immobilier à s’installer en dehors des centres des grandes villes, elles acceptent que leurs salariés ne viennent plus tous les jours au bureau afin de réduire notamment leurs temps de trajet ». La France est néanmoins très en retard par rapport aux pays anglo-saxons et à l’Allemagne. La réunionite aigüe et le « culte » des soirées au travail ont encore de beaux jours devant eux dans notre pays.