Le festival américain du numérique, South by Southwest a démarré à Austin avec son lot de surprises, de conférences et d’innovations étonnantes. BETC Digital partage chaque jour ses impressions en direct du Texas. Tout d’un rodéo.
Bienvenue à Austin, la ville démocrate au cœur du Texas républicain, pour le festival SXSW Interactive. SXSW est l’un des plus gros rassemblements mondiaux du digital qui réunit chaque année plus de 40 000 participants autour des enjeux d’Internet et de la manière dont les réseaux sociaux changent nos vies, pour le meilleur et parfois pour le pire.
Et cette année, plus que jamais, on y réfléchit évidemment, aux effets collatéraux de la puissance des plateformes sur nos vies, et sur les contenus qui les entourent et les alimentent.
Le good content
Première conférence, celle de Jonah Peretti – fondateur de Buzzfeed – qui vient faire un plaidoyer pour les publications en ligne et la nécessité impérieuse de leur survie. Peretti ne peut commencer son discours sans mentionner le fait que Buzzfeed, comme beaucoup d’autres publications, a connu ces deux dernières années des moments difficiles et a dû licencier de nombreux journalistes et créateurs de contenus. Néanmoins, il continue à défendre son modèle, expliquant qu’il ne suffit pas que les plateformes éliminent le « bad content », mais qu’elles doivent également favoriser, faire émerger et soutenir le « good content ». Et de partager des chiffres plutôt encourageants : les revenus versés par Facebook à Buzzfeed ont été multipliés par 6 en 2018, tandis que la monétisation sur Youtube est passée de 30 à 70%.
Au-delà des effets financiers, il explique aussi l’importance de son modèle qui est à la fois dans la diffusion de cette culture Internet, faite de memes, d’idées absurdes et de listes en tout genre, mais aussi dans des contenus d’investigation plus sérieux. Car si on veut continuer à soutenir Internet et à le faire pencher du bon côté, il faut mixer selon Perreti « Joy and Truth ».
Des technologies non létales
A peine cette conférence terminée, on fait l’expérience de l’éclectisme qui est au cœur de SXSW et qui rend ce festival complètement unique. La prochaine conférence a pour titre « The End of Killing ». Titre alléchant s’il en est ! Et le contenu ne déçoit pas. Rick Smith – patron de Axon Enterprise (entreprise qui commercialise et développe le Taser partout dans le monde) – vient défendre son idée que la technologie devrait nous aider à ne plus tuer. Il nous partage de nombreuses expérimentations d’armes qui sont « réversibles », dont le but n’est donc pas de tuer mais bien d’immobiliser et de neutraliser les gens. Et il détaille les effets importants et positifs de ces technologies qui pourraient éviter de nombreux morts érigés en martyrs dans les conflits du monde entier. Malheureusement les technologies « non létales » bénéficient selon lui d’investissements beaucoup moins importants de la part des États que les armes létales.
Quand Hollywood rencontre la Silicon Valley !
De la technologie pour limiter les morts dans le monde, on passe sans transition à la technologie au service des nouvelles consommations de contenus. Dans la plus grande salle du convention center d’Austin, les fondateurs de QUIBI sont venus nous vanter leur modèle. Ce ne sont pas des débutants, loin de là, puisqu’ils s’appellent Jeffrey Katzenberg, ancien patron des studios Disney et de Dreamworks et Meg Whitman, ancienne patronne d’eBay et de HP. Leur plateforme ne sera lancée que l’année prochaine, mais ils viennent nous raconter que QUIBI (qui a déjà levé plusieurs milliards de dollars) ce sont des contenus « extraordinaires pour les moments ordinaires de la journée ». Hollywood a rencontré la Silicon Valley !
Ils sont en train de signer les plus grands noms de l’industrie de l’entertainment pour produire des formats longs, de très grande qualité, mais séquencés en « quick bites » (d’où le nom de l’entreprise) de 6 minutes environ. Car selon eux, cela correspond à la manière dont les millenials consomment le contenu sur mobile. Même si le pitch est convaincant, on ne peut s’empêcher de penser que « limiter » le contenu au mobile est une manière un peu datée de voir les usages de cette génération. A notre humble avis évidemment ! A demain pour de nouvelles aventures texanes.