Sur un marché de la tech toujours plus florissant, l’entrepreneuriat féminin progresse. Coup d’oeil sur l’évolution du financement de ces start-up via le dernier compte rendu du Baromètre Starther-KPMG.
Alors que la rédaction s’attardait récemment sur l’évolution de l’entrepreneuriat au féminin via une études Occurrence et BNP Paribas mettant en avant les profils, motivations et visions de cette force créative et entrepreneuriale trop longtemps passée sous silence et mal considérée, le Baromètre Starther-KPMG dévoile sa troisième enquête annuelle s’attardant sur les levées de fonds des start-up tech dirigées par des femmes en 2018 pour des résultats encourageants et révélateurs.
Croissance intense côté investissements
Première donnée pour le moins encourageante, le montant total levé par les start-up tech françaises dirigées par des femmes révèle une augmentation de 68% par rapport à 2017. Une évolution en cohérence avec un marché de la tech porteur dont les parties prenantes semblent bien déterminées à enraciner les nouvelles bases d’une société entrepreneuriale plus inclusive et représentative. Pour rappel, une idée par si absurde considérant que la France gagnerait 0,4% de croissance par an si les femmes créaient autant d’entreprises que les hommes, ce qui équivaudrait à plus de 1,9 million d’emplois sur 20 ans.
Des données contrastées
Mais si ce premier résultat encourage, les données suivantes restent contrastées. En 2018, on note que seulement 12,5% des start-up ayant levé des fonds sont dirigées par des femmes, contre 14,5% en 2017. Ainsi observe-t-on une baisse de 20% du nombre de start-up féminines (77 sur 614 start-up au total). Des chiffres en baisse mettant en avant la difficulté de s’inscrire dans un entrepreneuriat durable.
Pas de panique pourtant, car si le montant en volume de ces investissements connait une légère baisse, sa valeur a de quoi rassurer les sceptiques hésitant encore à donner leur confiance en l’ambition et la capacité des fondatrices à lever des fonds de plus en plus importants : 239 millions d’euros levés par des fondatrices de start-up tech en 2018. Une coquette somme pour des projets qui gagnent en maturité.
Un écosystème plus égalitaire en phase de maturité
En effet, la suite de l’enquête dévoile que la part de levées féminines en amorçage diminue (54 % vs 84 % en 2017), au profit d’une plus grosse part aux premiers tours (24 % des levées féminines contre 13 % l’an dernier) et aux deuxièmes tours (16 % des levées féminines contre 3 % l’an dernier), démontrant la capacité des entreprises féminines à entretenir une dynamique de croissance soutenue. Pour Maya Noël, responsable talent chez StartHer : « c’est un indicateur fort et très encourageant ! Des tendances prometteuses, qui devraient perdurer au cours des prochaines années, à condition d’accélérer la transformation de notre écosystème Tech, à travers des programmes de sensibilisation et d’accompagnement dédiés, dans les écoles, les accélérateurs et les incubateurs ».
Un ticket moyen en hausse
Cette présence des dirigeantes à des stades de maturité plus avancés provoque également une hausse mécanique du ticket moyen. Ainsi, l’investissement moyen dans les entreprises dirigées par des femmes atteint cette année 3,1 millions d’euros, soit une augmentation de 110% par rapport à l’an dernier.
« Lors de la première levée de fonds, nous avons eu affaire parfois à des hommes business angels qui nous prenaient pour des décoratrices d’hôtels et s’arrêtaient à cela sans voir le côté tech et disruptif de notre concept. La 2ème était relativement plus simple grâce à l’expérience et aux moyens financiers que nous avions et qui nous ont permis d’être accompagnées par un conseiller. », racontent Stéphanie Marquez-Boucetla et Nathalie Grynbaum, co-fondatrices de MiHotel. Un témoignage loin d’être anecdotique qui révèle bien le sexisme prégnant d’une économie aux racines paternalistes encore bien implantées. Mais loin de ses laisser décourager, les femmes entreprennent et visent aussi de nouveaux secteurs !
Projets multiples sur secteurs multiples
Alors que 2017 mettait en avant une surreprésentation des fondatrices dans le secteur du web (51 % des levées de fonds), elles se font financer en 2018, autant de projets dans ce secteur que dans le domaine du logiciel et des services informatiques (34 % des levées de fonds respectives dans les deux secteurs), opérant un rééquilibrage de leur présence dans des secteurs traditionnellement masculins. On avance !