La vie est trop rapide, digitale, désincarnée ? Amis urbains, vous y perdez votre latin ? La solution est peut-être au coin de la rue. Le sport et le bien-être se déclinent en temples et en alcôves pour des moments de vie dont vous désespériez. Lâchez prise et relax!
Sport et bien-être vivent leur révolution eux aussi : de nouveaux écosystèmes voient le jour, le champ des possibles devient infini, les applications se multiplient… et les progrès technologiques ne laissent envisager qu’une infime partie de ce qui nous attend. En prime, on s’y professionnalise : des agences spécialisées dans la création et l’animation de concepts autour du sport et du well-being investissent le terrain. Pour montrer que « le plaisir sportif devra toujours primer sur la performance », affirment Romain Rainaut et Grégory Mollet-Viéville, les fondateurs de l’agence CYD, acronyme de Conquer Your Day. Un mouvement de pensée original – qui « met le terrain de jeu au cœur du sport, et non l’inverse » – également visible sur les réseaux sociaux, qui proposent de nouveaux modèles où le relationnel prend une nouvelle dimension, y compris éthique.
Émancipation
Longtemps considéré comme le moyen de s’émanciper et de s’intégrer, le sport surfe aujourd’hui sur une seconde vague : influence et émancipation renouvelée, en augmentant son modèle plaisir/ rigueur, mais sans tabou ni retenue, là où les obligations faisaient loi auparavant. Il prend une tournure beaucoup plus relationnelle : mise en forme et bien-être, respect de soi et des autres, ce qui constitue au sein d’une société complexe et stressante un véritable levier de changement et d’accompagnement social.
Ainsi les pratiques dites masculines deviennent-elles lieux d’affirmation pour les femmes. La boxe, par exemple, remporte aujourd’hui un immense succès auprès de la gent féminine tant elle permet un relâchement et un travail parfait du corps. Les clubs axent dorénavant leur communication sur un usage inhabituel de la boxe, en mode training et non combat. La tendance se confirme avec des lieux emblématiques comme l’enseigne Le Temple (à Paris) et son univers dédié, design et zen, entièrement orienté sur le bien-être, où la beauté d’un sport souvent classé violent se révèle.
Beaucoup d’activités sportives s’offrent désormais à tous, y compris aux moins intéressés. Le bien-être s’inscrit complètement dans cette émancipation par des pratiques largement orientées responsables, encadrées et managées, permettant des relations privilégiant l’échange, le lâcher-prise et la relaxation pour embrasser tous les modes de vie actuels. Toute une série de sports collectifs, qui souvent n’ont de sport que le nom, suivent cette tendance et viennent nourrir les plannings de clubs de sport, comme l’aéropostural, le succès du moment, qui laisse souvent perplexe lorsqu’on ne l’a pas encore essayé.
Technologie
Au-delà des nouvelles manières de se bouger, ce sont tous les usages issus de la technologie qui étonnent. Elle s’immisce dans les activités sportives pour plus d’efficacité, de conscience de soi et de son corps, et plus de plaisir aussi. Elle apporte une analyse précise et fine de son activité sportive et coache ceux qui pratiquent, mais surtout inclut de nouvelles façons de se comporter avec ses pairs. De la corde à sauter connectée, qui contrôle le nombre de sauts ainsi que tout son cardiogramme, aux gants de boxe équipés de capteurs afin de mieux gérer ses mouvements et sa performance, c’est une tendance sociale qui émerge.
Chacun se situe ainsi par rapport à ses amis, tout en étant lui-même rigoureusement suivi. La technologie intègre également des trainings proposés par des coachs pour satisfaire les pratiquants les plus exigeants. Ainsi l’électrostimulation du concept venu d’Allemagne MihaBodytec (une combinaison intégralement connectée et bardée d’électrodes) stimule-t-elle tous les muscles de manière démultipliée lors de l’exercice. Une façon de répondre à la pression du temps. Les salles qui l’adoptent ont la cote et les pratiquants se multiplient : cette combinaison permet en 15 minutes d’avoir l’efficacité d’un entraînement de 2 heures. Toutes ces innovations et toutes ces nouvelles pratiques amènent aussi le développement d’une meilleure conscience de son corps… et de son esprit.
Récupération
Étape cruciale de tout bon training, la récupération est désormais proposée par nombre de clubs sous des formats beaucoup plus développés et sur- tout mieux organisés car souvent accompagnés. Elle revêt toujours les différentes formes d’origine –comme le sauna ou le hammam–, mais dans des espaces inspirés des grands hôtels et bien plus hype qu’autrefois. On lui dédie dorénavant des lieux spécifiques et souvent en complète adéquation avec les nouveaux besoins autour de la relaxation, de la détente et du bien-être.
La cryothérapie en est une des grandes illustrations du moment. Ses vertus dépassent désormais les usages des sportifs de haut niveau pour être employées beaucoup plus largement et démocratiquement. Pøle Cryo, pôle de bien-être par excellence, décline la récupération express en trois minutes dans un tube cryo, et la cryo localisée pour des effets booster de visage et de corps. Massages, acupuncture, cosmétique naturelle et fooding bio complètent son offre, soit un cocktail global et très frais au goût prononcé d’hygiène de vie, de responsabilité et d’éthique.
Aviez-vous bien conscience des bienfaits du mouvement? Anatomik Paris vous aide. Fondé par deux ostéopathes, vous y découvrirez une approche 360° intégralement pensée pour rendre au corps et à l’esprit leur énergie. Le centre allie disciplines d’ostéopathie, massages sportifs, podologie, énergétique chinoise… et encore luminothérapie ou Pilates, bref, se consacre à 100 % à la santé. À noter enfin qu’échanges et relationnel font partie intégrante de ces lieux, devenus conviviaux et valorisant le partage.
Socialité
Du côté des traditionnels clubs de sport, on évolue radicalement du concept full sport avec les activités autour de la musculation, du cardio ou des cours collectifs, vers des espaces bien-être intégralement pensés pour les adhérents. Bar et restauration très branchés, commerces annexes ou événements thé- matiques en journée ou en soirée (pour leurs adhérents) invitent musiciens, cuisiniers bio et street artists, expos, happenings. À Paris, au Klay, l’univers du sport devient ainsi global et intègre dans ses alcôves les prestations d’esthétique, avec un salon de coiffure haut de gamme et de soins, et un pop-up store. D’autres salles comme La Montgolfière, dernière tendance parisienne, se présentent carrément comme des social clubs, en tissant une nouvelle relation liant sports, bien-être, convivialité, événements, expos, culture, musique et bien d’autres choses encore. Le tout étant pensé comme un véritable espace de vie, pour des urbains en recherche de plaisir et de well-being.
Ces espaces sont nés d’un désir d’échapper à la rudesse de l’espace urbain. Non pas pour le fuir, mais pour se ressourcer. Convivialité, sociabilité semblent reléguées à des exercices sportifs. Qu’à cela ne tienne, qu’on les rende obligatoires ! C’est une boutade, car on touche là à l’essence même de la liberté. Mais la tentative n’est pas vaine.
Si, autour du sport, on parvient à créer des espaces de dialogue, de partage (déjà entre gens consentants), c’est que l’idée vit encore et l’on peut rêver qu’ils soient le lieu commun! Et si le bien-être et l’énergie positive accumulés dans les salles de sport privées transpiraient sur l’espace public de la rue, du quartier, de l’arrondissement ? De l’espace sportif à l’espace social, il y a plusieurs pas, mais un pari à la portée de chacun… en short.
Cet article est tiré de la Revue INfluencia n°29 : « Sport : Fair ? Play ! ». Cliquez sur la photo ci-dessous pour découvrir sa version digitale. Et par là pour vous abonner.