La chaleur récupérée sur un tronçon de la Northern Line va permettre de chauffer cet hiver 450 maisons dans le quartier d’Islington.
C’est une mauvaise nouvelle pour les sans-abris mais une belle initiative pour la protection de l’environnement et la lutte contre le gaspillage. Une infime partie de la chaleur perdue dans le métro londonien va être utilisée pour chauffer cet hiver 450 maisons au nord de la capitale britannique. Ce projet développé par le conseil municipal d’Islington, par TFL Underground et par la compagnie d’ingéniérie Ramboll, est tout simple sur le papier.
Tunnels du métro mode d’emploi
La principale source de chaleur proviendra de « Bunhill 2 », un puits de ventilation qui évacue l’excès de chaleur de la ligne Nord (« Northern Line ») qui relie Morden à Edgware en passant notamment par la City et les gares de King’s Cross et Eusto . Cette chaleur sera récupérée par une pompe et lorsqu’elle atteindra 70 degrés Celsius, elle sera redistribuée au réseau de chauffage d’Islington. Pendant les mois d’été, le processus sera inversé. Au lieu d’extraire la chaleur, la pompe sera utilisée pour envoyer de l’air frais dans les tunnels du métro. « Nous pensons que l’utilisation de la chaleur à grande échelle ainsi raccordée aux systèmes de chauffage urbain jouera un rôle majeur dans la décarbonisation de la demande d’énergie de chauffage au Royaume-Uni », estime Lucy Padfield, la directrice du chauffage urbain chez Ramboll.
Le deuxième étage de la fusée
Cette initiative est la deuxième phase d’un projet plus vaste lancé par cette municipalité située juste au nord du quartier financier de Londres. Mise en route en novembre 2012, une centrale fonctionnant au gaz située sur Central Street fournit de la chaleur à 860 habitations, deux centres de loisirs et quatre immeubles de bureaux (). La récupération des températures élevées produites par le métro représente la deuxième phase de ce programme. Les infrastructures pour le moins vieillottes dans la capitale du Royaume-Uni provoquent d’incroyables gâchis. L’Autorité du Grand Londres (« Greater London Authority ») estime que la chaleur perdue notamment dans le métro représenterait 38% des besoins de la ville. Ce chiffre pourrait même atteindre 63% dès 2050 . Le « London Underground » n’est pas la seule compagnie de transport urbain à se préoccuper de ce problème.
La RATP a montré la voie
La RATP chauffe depuis 2018 un immeuble de vingt logements situé rue Beaubourg dans le 4ème arrondissement grâce à la chaleur récupérée sur la ligne 11. Les résultats de ce test sont satisfaisants puisque le dispositif permet de couvrir en moyenne 35% des besoins en chauffage de l’immeuble. « Ce projet illustre notre capacité à innover au service de
la ville durable, vante Marie-Claude Dupuis, la directrice Stratégie, innovation
et développement du groupe RATP qui souhaite réduire de 20% ses consommations d’énergie d’ici 2025 par voyageur-kilomètre par rapport à 2015 et diminuer de 50% ses émissions de gaz à effet de serre avant le milieu de la prochaine décennie. Il s’agit
d’inventer les nouveaux modèles
qui permettront à nos villes et territoires de devenir bas carbone» . Paris Habitat, qui gère l’immeuble de la rue Beaubourg et loge 1 parisien sur 10 dans son parc locatif de plus de 124.000 logements, n’en est pas à son coup d’essai dans ce domaine. Un procédé de récupération de la chaleur d’un Data Center lui permet déjà de couvrir 80% des besoins en chauffage et 50% des besoins en eau chaude sanitaire d’un de ses immeubles. La roue commence à tourner dans le bon sens…