Au Salon automobile de Francfort, les lancements de voitures électriques se multiplient. Mais l’avenir ne serait-il pas plus propice à l’hydrogène ?
Il est parfois dangereux de se fier aux apparences. Au Salon automobile de Francfort (IAA), qui se tient du 12 au 22 septembre dans la capitale financière allemande, les constructeurs le répètent comme un mantra : l’avenir de leur secteur sera électrique. Les marques multiplient les lancements de modèles qui se rechargent avec une simple prise. Pour redorer sa réputation qui a été sérieusement entachée par l’affaire du Dieselgate, Volkswagen veut fait figure de précurseur dans ce domaine. A l’IAA, le géant allemand a présenté l’ID.3, une compacte de la taille d’une Golf dont l’autonomie atteindrait entre 330 et 550 kilomètres selon les normes d’homologation WLTP . Ses filiales ne sont pas en reste. La nouvelle citadine de Skoda, la CITIGOe iV, pourra rouler 265 kilomètres entre deux recharges . Seat a été encore plus loin en créant une nouvelle marque sportive, Cupra . Son nouveau concept-car, la Tavascan, est un gros SUV coupé 100% électrique capable de passer de 0 à 100 km/h en 6,5 secondes. Même Porsche a du virer sa cuti en lançant la Taycan . Ce bolide peut atteindre les 100 km/h en… 2,8 secondes et son autonomie approcherait 450 kilomètres avec une vitesse de pointe de 260 km/h. En 2022, le constructeur basé à Stuttgart aura investi plus de 6 milliards d’euros dans l’électromobilité. Qui dit mieux ?
Un marché microscopique
Cette cascade de lancements vise à créer une demande dans un marché pour le moins poussif. Voilà des années que les experts prédisent un avenir radieux pour les modèles électriques. Mais le moins que l’on puisse dire est que les ventes des constructeurs ne répondent pas aux attentes des spécialistes. Lors du premier semestre, 4497 véhicules électriques particuliers ont été immatriculés en France, selon les données de l’Association pour le développement de la mobilité électrique . Ce chiffre a, certes, bondi de 42% en un an mais il ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan de diesel et d’essence quand on sait que 1 166 443 voitures particulières neuves ont été immatriculées de janvier à juin 2019 . Les hybrides rechargeables sont encore moins nombreuses avec 1339 véhicules vendus en six mois (-7%). Les prix élevés des modèles électriques et leur autonomie limitée expliquent en grande partie la désaffection du public mais d’autres raisons ne poussent pas à l’optimisme.
Les assurances se méfient de la fée électricité
Les compagnies d’assurance commencent en effet à se méfier de la « fée électricité ». AXA Suisse a ainsi révélé que les véhicules électriques de luxe et les SUV électriques provoquaient 40% d’accidents de plus que les voitures traditionnelles dans la Confédération . L’excès de confiance apporté par l’utilisation de leurs systèmes d’assistance de conduite, le silence de leur moteur qui n’alerte pas les piétons, leur accélération plus brutale que les blocs essence ou diesel et les batteries qui sont particulièrement inflammables provoquent de nombreux incidents sur les routes. Aujourd’hui, certains n’hésitent plus à prédire le déclin de ces modèles rechargeables.
L’hydrogène plutôt que l’électricité
Le ministre de l’Environnement et des Ressources en eau de Singapour, Masagos Zulkifli, a notamment expliqué à l’agence Bloomberg que l’achat d’une voiture électrique représentait plus un « mode de vie » qu’un acte en faveur de la protection de l’environnement . Ce politicien estime que l’hydrogène est bien plus efficace pour lutter contre les émissions de CO2. La Californie semble partager la même opinion. Cet Etat américain souhaite qu’il y ait un million de voitures à hydrogène sur ses routes en 2030 sur les quinze millions en circulation . Le sud-coréen Hyundai va investir, à lui seul, 7 milliards de dollars dans des modèles à hydrogène afin notamment de pouvoir en produire 500.000 par an d’ici 2030. Les oreilles des dirigeants de Volkswagen doivent siffler…