15 octobre 2019

Temps de lecture : 2 min

Une peinture revêt les couleurs d’espèces menacées pour se donner bonne conscience

Dans le fatras des marques qui voient leur avenir polluant compromis, il y a aussi, la... peinture.L'enseigne finlandaise Tikkurila va verser 1 euro pour chaque pot de peinture vendu dont les couleurs sont inspirées d’animaux en voie de disparition. Un comble pour un produit plutôt néfaste pour l’environnement.

Dans le fatras des marques qui voient leur avenir copromis, il y a aussi, la… peinture. L’enseigne finlandaise Tikkurila va verser 1 euro pour chaque pot de peinture vendu dont les couleurs sont inspirées d’animaux en voie de disparition. Un comble pour un produit plutôt néfaste pour l’environnement.

Belle initiative ou simple habillage marketing? A vous de juger… La marque finlandaise de peinture Tikkurila vient de lancer dans le commerce une nouvelle « collection » de neuf couleurs inspirées d’espèces menacées. Pour chaque pot vendu, cette compagnie s’engage à verser un euro à des associations qui luttent pour la sauvegarde de la diversité animale. Les particuliers qui veulent rénover leur appartement peuvent ainsi désormais peindre leurs murs avec du marron de l’aigle des steppes, du gris Gibbon, du noir Panda, de l’orange du tigre de Sibérie ou du blanc de la chouette des neiges . Une énième utilisation de l’image d’espèces rares ou spectaculaires, alors que l’on sait que les moineaux ou les rouge-gorge bien de chez nous, disparaissent à grand pas. Les pots noirs au design très épuré et décorés avec de superbes photos seront commercialisés à partir de 2020 en Russie, en Chine, en Finlande et dans les Pays Baltes. Cette marque fondée en 1862 qui comprend un seul et unique distributeur en France mais qui est très présente en Scandinavie et dans les pays de l’est a fait confiance à l’agence TBWAHelsinki  pour créer cette campagne.

 Des tests peu rassurants
Pour prouver sa bonne foi, Tikkurila affirme avoir mis au point une formule « aussi écologique que possible ». Ses peintures « à l’eau » ont des émissions limitées et les pots sont fabriqués avec du plastique recyclé. Ces promesses doivent toutefois être prises avec des pincettes. Une enquête de 60 millions de consommateurs montre en effet que les peintures d’intérieur sont encore très polluantes. La réglementation encadrant l’étiquetage des émissions est, quant à elle, bien trop laxiste .

Picbleu a sélectionné Algo, Auro, Bifa, Biorox, Graphenstone, Ripolin, comme réellement écologiques

Certaines références sont vingt fois plus néfastes que d’autres

Sur le papier, tous les produits testés par le magazine sont classés A+ alors que certaines références sont vingt fois plus néfastes que d’autres. Trois jours après avoir été étalées, des peintures émettent encore des émissions équivalant à 8 000 µg/m³ alors que les effets d’inconfort sont avérés dès 3 000 µg/m³. Les références « monocouche » doivent, elles, souvent être appliquées deux fois ce qui peut faire apparaître des substances cancérogènes avérées comme le formaldéhyde.

Gare au label

Des peintures dépolluantes, qui captent et détruisent les polluants qui saturent l’air intérieur, ont commencé à apparaître sur le marché en 2013, Picbleu en a sélectionné 6 dont certaines sont vraiment naturelles et écologiques et présentent des qualités environnementales intéressantes, telles qu’Algo, Auro, Bifa, Biorox, Graphenstone, Ripolin.
Plusieurs grandes marques comme Tollens  ou V33 proposent ces références qui contiennent néanmoins des produits chimiques. Privilégier les produits qui possèdent des labels écologiques comme Ecolabel européen , NF environnement ou Pure  apportent des garanties supplémentaires. Sélectionner avec soin la classe de sa peinture est une autre priorité. Privilégiez les pots classés A+ qui sont supposés garantir de « très faibles émissions » aux C et leurs « fortes émissions » même si l’étude de 60 millions de consommateurs montre que ces catégories ne signifient pas forcément grand chose. On pourrait dire la même chose du rouge du panda roux et du bleu du poisson de combat siamois de Tikkurila. Où s’arrête le marketing et où commence la lutte en faveur de la protection de l’environnement ? La frontière est souvent fragile.

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