Cette application permet aux particuliers de prendre en photo les déchets jetés dans la rue ou la nature. Ce geste tout simple peut avoir d’importantes répercussions…
Une simple photo postée sur la Toile ne peut pas changer le monde mais des milliers de clichés traités par un logiciel malin peuvent commencer à faire la différence. L’initiative lancée par Jeff Kirschner est née durant une randonnée en pleine nature avec ses enfants. Au détour d’un chemin, sa fille a remarqué une litière pour chat en plastique au beau milieu d’un ruisseau. Cette vision ramène alors ce père de famille à ses souvenirs de jeunesse lorsque son entraîneur de baseball demandait aux joueurs de ramasser chacun cinq détritus laissés par terre avant de rentrer au vestiaire. « Et si on appliquait ce modèle de nettoyage collaboratif à la planète », se demande t-il alors. Litterati était né. Cette initiative a pour ambition de créer un monde sans déchets. Ni plus, ni moins.
Le site devient une communauté
De retour en ville, cet ancien publicitaire décide de faire une photo d’un mégot laissé sur le trottoir avant de le poster sur Instagram. Il commence dès lors à prendre des clichés de tous les détritus abandonnés qu’il croise sur la voie publique ou dans des espaces verts avant de les récupérer pour les jeter à la poubelle. Ses amis suivent son exemple. Un jour, une image est postée montrant un morceau de plastique devant la muraille de Chine. L’entrepreneur comprend ce jour-là que son site est devenu une communauté. Il décide alors d’utiliser les géotags et l’horodatage des photos afin de montrer sur Google Maps où et quand les détritus ont été trouvés et ramassés. Ces données montrent en un clin d’œil les objets qui ont été jetés dans la rue. Une carte mondiale permet même de voir les photos qui ont été postées près de chez vous. Plus de 40.000 images ont été prises en France dont 28.000 à Paris.
Les pollueurs doivent payer
Litterati n’a pas seulement un rôle de lanceur d’alerte mais il peut aussi aider certains particuliers, des associations ou des communautés à lutter contre les pollueurs. Des enfants d’une école ont ainsi obtenu de leur cantine qu’elle bannisse les pailles en plastique après avoir constaté que la plupart d’entre elles finissaient dans la cour de récréation et les rues environnantes. La mairie de San Francisco a, quant à elle, exploité les données fournies par Litterati pour imposer une taxe aux cigarettiers qui permet de lever 4 millions de dollars par an. Cette enveloppe est utilisée pour financer le nettoyage de la voirie et ramasser les mégots abandonnés. Ces datas pourraient être, de la même manière, exploités pour contraindre les pollueurs à payer le traitements des détritus qu’ils génèrent. Les chaînes de fast-food, les marques de boissons et les fabricants de barres chocolatées ont du souci à se faire. Les entreprises peuvent, elles aussi, se servir des cartes publiées sur le site de la start-up américaine pour calculer leur empreinte environnementale et tenter de réduire leurs déchets.
Utiliser ses données pour la bonne cause
Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de collecter les données des internautes et des propriétaires de smartphones. Ces informations sont souvent utilisées par les entreprises à des fins commerciales mais les particuliers commencent à comprendre qu’ils peuvent, eux aussi, s’en servir pour atteindre des objectifs bien plus louables. Sur l’application mobile NestWatch, les amateurs d’ornithologie laissent des informations sur les nids qui se trouvent près de chez eux afin d’aider les chercheurs à calculer l’évolution de la population des oiseaux dans une zone donnée . FeederWatch ) vous encourage, pour sa part, à laisser des graines dans votre jardin ou sur votre balcon afin de compter le nombre d’animaux qui viendront les picorer. Les données sont ensuite analysées par des scientifiques. La protection de l’environnement peut aussi se faire sur la Toile.