La seconde édition du Paris Podcast Festival est l’occasion de revenir sur le succès croissant de ce format longtemps jugé dépassé.
Après une première édition dont la rédaction faisait le compte rendu l’an passé, le Paris Podcast Festival a fait son retour du 18 au 20 octobre à la Gaîté Lyrique à Paris. Les curieux ont pu assister pendant ces deux journées aux enregistrements de leurs podcasters préférés et découvrir les visages qui se cachent derrières les voix qu’ils écoutent à la maison, au bureau ou durant leurs trajets. Des masterclasses ont également été organisées et une compétition a désigné le meilleur podcast de l’année écoulée. Ce festival revendique être le premier à se consacrer uniquement au podcast natif français et francophone. À la différence du podcast de radio qui permet d’écouter une émission que l’on n’a pas pu entendre lors de sa diffusion, le podcast natif est un contenu sonore conçu, produit et diffusé exclusivement en ligne. « Quand on écoute un podcast natif, on écoute ce que l’on n’entend pas à la radio : des voix, des histoires, des conversations, qui sont de nouvelles manières de raconter le monde et de captiver l’attention, soulignent les organisateurs du Festival parisien. En contradiction avec l’omniprésence de la culture de l’image, passant majoritairement par la télévision et les smartphones, le podcast libère de la dépendance aux écrans et fait le pari de l’imaginaire ». Ces enregistrements redonnent également du temps au temps.
4 millions de Français écoutent des podcasts
« La voix fait son grand retour, confirme Amélie Chabrol, la directrice du Brand Content d’Enderby, un cabinet français indépendant de conseil en stratégies de communication & influence . Le podcast correspond aux mœurs actuelles de la communication où les clients sont à la recherche d’authenticité. La parole est plus proche et incarnée que l’image. Les fake news et l’infobésité dont nous souffrons ont créé une société du zapping ou tout va trop vite. Le podcast est un format beaucoup plus immersif qui met le temps en pause et touche les gens au plus profond de leur cœur ». Les « auditeurs » de ces créations parlées sont de plus en plus nombreux aujourd’hui. Plus de 4 millions de Français écouteraient chaque mois ce format, si l’on en croît les estimations de Médiamétrie. Ce public est majoritairement masculin (54%) et il comprend principalement des personnes âgées de 25 à 49 ans (56%).
81% des émissions téléchargées sont écoutées
Longtemps sous-exploités par les entreprises, les podcasts sont aujourd’hui devenus un nouveau pilier du brand content. Et pour cause : 81% des émissions téléchargées sont écoutées. Un chiffre très élevé pour des programmes qui durent en moyenne entre vingt et trente minutes. « Ce format permet d’aller au bout des questions que l’on souhaite traiter, résume Amélie Chabrol. Il permet de donner du sens aux messages que l’on souhaite passer et d’embarquer les gens dans une aventure collective. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si de plus en plus d’entreprises commencent à produire des podcasts dans lesquels leurs dirigeants s’expriment ».
Les annonceurs accroissent leurs budgets
En 2019, les trois-quarts des annonceurs ont ainsi prévu d’accroître leurs investissements dans ces formats audios, selon un sondage réalisé par l’institut MTM pour le compte du groupe britannique Global qui possède les radios Capital Xtra, Heart, Classic FM, Smooth et LBC . 86% des publicitaires et 66% des annonceurs considèrent aujourd’hui l’audio numérique comme un « élément clé » de leur stratégie média . Aux Etats-Unis, le podcast devrait générer des revenus proches de 1 milliard de dollars en 2021 contre 479 millions l’an dernier . « Si la voix est une opportunité à saisir pour les marques, elle impose également un travail profond de branding sonore, expliquait dans une tribune pour INfluencia, Jeanne le Barbenchon, planneur stratégique chez Integer Paris. L’enjeu est véritablement de réussir à incarner une marque, son identité, sa vision, avec un levier complètement immatériel. Les questions de la tonalité, de la diction, du support, de la musicalité, deviennent majeures et structurantes. L’objectif est universel : capter l’attention de l’auditeur, lui apporter un bénéfice tout en se différenciant sans apposer aucune image ». Pour accompagner les entreprises, de nouveaux métiers commencent à apparaître comme les « conversational designers » qui travaillent à développer des identités vocales et à imaginer des scénarios à adapter en fonction des formats. La voix de son maître doit être claire, passionnée et intéressante pour capturer l’attention des auditeurs. A bon entendeur…