Dans un contexte -très- favorable aux influenceurs virtuels, la Fondation de France lançait en avril dernier son propre avatar d’un tout nouveau genre : une abeille facétieuse venue sensibiliser l’opinion aux dangers liés à la disparition de ses semblables. En n’oubliant pas de signer ces collab marketing comme tout bon influenceur. Qui a dit que les abeilles n’étaient pas généreuses ?
Apparus au début 2019 dans l’écosystème médiatique, le terme d’influenceur virtuel semble déjà susciter moultes fantasmes. Nous avions même publié un article le 28 avril dernier qui prophétisait une futur guerre entre avatars influenceurs et humains, judicieusement écrit par Gaïa… une influenceuse virtuelle. Mais entre les oiseaux de mauvaise augure qui enjolivent un poil trop le phénomène et les fans de James Cameron qui pensaient, à tort, en apprendre un peu plus sur Avatar 2 -spoil, il n’est toujours pas sorti-, il était grand temps de faire le point.
Un miroir du réel
Séquence Wikipédia première : les avatars influenceuses sont généralement des personnages créés grâce à la CGI -Computer Generated Imagery-, une technologie utilisée à l’origine dans l’univers cinématographique, venant succéder à l’animation 3D. La CGI est de plus en plus utilisée depuis les années 90 à mesure que les logiciels se développent et deviennent users-friendly. C’est d’ailleurs le réalisme offert par cette technologie qui rend les avatars influenceurs et influenceuses si disruptifs dans l’écosystème de l’influence sur les réseaux sociaux. C’est donc par leur essence graphique que l’on qualifie ces influenceurs et influenceuses d’avatars.
Par leur aspect innovant et mystérieux, ces personnages sont parvenus à rassembler des communautés de followers curieux, sensibles aux différents types de contenus qu’ils partagent et au storytelling qu’ils ou elles mettent en place et déroulent le long de leur feed Instagram. Bien que les avatars influenceuses se multiplient de plus en plus sur Insta, celles et ceux qui disposent d’une véritable notoriété et collaborent pleinement avec des marques sont encore rares. Une situation qui n’a heureusement pas découragé la Fondation de France à lancer un alias d’un tout nouveau genre. Et si l’avenir de l’influence virtuelle ne se jouait pas entre leurs deux mandibules ?
Abeille-friendly
« Je suis B, la première abeille influenceuse. Je veux plaire aux marques du monde entier pour collecter de l’argent, afin de sauver les abeilles dont un grand nombre disparaît chaque année. J’ai besoin de vous : plus j’aurai d’abonnés sur Instagram, plus les marques seront intéressées et plus je récolterai d’argent », peut on lire sur le site dédié à l’opération. Créé par la Fondation de France, un organisme privé reconnu d’utilité publique à visée philanthropique, @bee_nfluencer devient le porte-parole fantaisiste d’une cause on ne peut plus sérieuse. En France, 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année, contre 24% en Europe. Une chiffre qui ne cesse hélas d’augmenter au fil des décennies.
Lancé en avril dernier, le compte Instagram de B. est bourré de photos humoristiques, dévoilant ses deux petites pattes velues en pleine session bronzette ou à une manif pour la survie de sa propre espèce. Comme n’importe quel influenceur, B. vise à augmenter son nombre de followers afin ainsi de taper dans l’oeil des marques souhaitant collaborer avec elle. Mais pas n’importe lesquels ! Elle ne travaille qu’avec des structures engagées dans la préservation de la biodiversité.
Sa première collab était avec Ricola, dont la fondation investit dans la protection des abeilles. L’argent gagné par B. à la sueur de ses antennes est ensuite utilisé par la Fondation de France pour aider les agriculteurs à se convertir à des méthodes de production abeille-friendly, mais également pour reconstruire leurs habitats naturels. En bref, une opération qui ne trompe jamais son monde tout en n’hésitant pas à nous faire sourire. Bien joué madame B. Bien joué.
Responsabiliser son image
« C’est une nouveauté de voir le tissu associatif et les ONG approcher des influenceurs virtuels. On les retrouve généralement dans les univers de la beauté, de la mode, du luxe ou encore de la culture. Je trouve cela très intéressant et enrichissant des deux côtés. Car cela permet également à l’organisation en question de toucher une nouvelle cible, de se diversifier et de rajeunir son image », expliquait Anaïs Delcroix, responsable de la rubrique Lifestyle chez ELLE, dans notre papier d’avril dernier. Une association possiblement récente, mais qui semble avoir de beaux jours devant elle quand on observe la bonne santé médiatique de notre abeille préféré. Tant mieux, on venait tout juste de s’abonner.