L’Aquatecture est un panneau qui permet de récolter en ville l’humidité de l’air, la rosée et les gouttes de pluie. Explications.
Beau et utile. La designer sud-africaine Shaakira Jassat se demandait comment récupérer l’eau de pluie dans les grandes métropoles. Si de nombreux particuliers ont installé des collecteurs dans leurs descentes de gouttières afin que les averses s’écoulent directement dans des tonneaux et des citernes, rares sont les immeubles qui disposent de tels systèmes. De retour dans son pays d’origine en pleine sécheresse, la jeune diplômée en architecture intérieure de l’Université de Pretoria, qui vit aujourd’hui aux Pays-Bas après avoir suivi un cursus à l’Académie du design à Eindhoven, a mis au point l’Aquatecture.
Un joli design
Ce panneau en acier inoxydable au design élégant est composé de minces entonnoirs arrondis qui récoltent la condensation et les gouttelettes tombées du ciel. L’eau récupérée est ensuite canalisée afin d’être recyclée en même temps que les eaux usées. Cette installation peut facilement se fixer à n’importe quel mur sur un immeuble ou un bâtiment. « L’objectif principal était de créer un récupérateur d’eau capable de s’intégrer dans un environnement urbain dense », expliquait à Dezzen, Shaakira Jassat qui a fondé l’agence de design Studio Swa .
L’architecte Arturo Vittori s’intéresse aussi à l’utilisation de l’eau
D’autres systèmes plus adaptés aux campagnes ont été mis au point dans le passé. L’architecte italien Arturo Vittori a ainsi imaginé des tours de bambou hautes dix mètres pesant à peine 60 kilos équipées d’un filet de polyéthylène qui capte l’humidité de l’air ainsi que la rosée et les gouttes de pluie. L’eau ruisselle sur un cordage vers un container qui peut récolter entre cinquante à cent litres d’eau par jour. Des tests de la Warka Tower (c’est son nom) ont été effectués en Ethiopie.
La Warka Tower peut récolter entre 50 et 100 litres d’eau par jour
600 litres de pluie par m2
En France, les propriétaires de maison sont nombreux à récupérer l’eau de pluie. Et pour cause… 600 litres d’eau tombent en moyenne chaque année sur 1 m² de toiture. Même en été, il est possible de recueillir 40 litres par m2. Pour avoir une idée précise des volumes d’eau que Mère Nature peut vous offrir, un simple calcul suffit. Si votre toiture fait 100 m² et qu’il tombe environ 0.75m dans votre région chaque année, vous pourrez récupérer 67.5 m3 d’eau, soit 100 x 0.75 = 75 m3 – 10% =67.5 m3. Les 10% qu’il faut retrancher représentent les pertes liées à l’évaporation. Et pour connaître la pluviométrie de votre région, allez surfer sur le site de Météo France. Mais prenez garde car l’eau de pluie n’est pas potable… Son PH est en effet légèrement acide. Cela ne gênera pas les plantes ni les fleurs de votre jardin mais votre estomac risquera, lui, de ne pas apprécier. Si vous habitez près de la mer, les averses peuvent, quant à elles, être salées. On comprend mieux pourquoi les Bretons passent tant de temps au bistrot à boire des canons…
Maintenant ou jamais…
Face au réchauffement climatique et à la baisse dramatique des niveaux des nappes phréatiques, la récupération des eaux tombées du ciel et de celles contenues dans l’atmosphère va bientôt devenir une obligation dans de nombreux pays du monde. Les campagnes ne pourront pas à elles seules faire cet effort. Les villes, dans lesquelles vivent de plus en plus de personnes tout particulièrement dans les pays en voie de développement, vont, à leur tour, devoir trouver des moyens de récolter les eaux de pluie. L’Aquatecture est une innovation qui va dans le bon sens mais davantage de fonds doivent être débloqués afin d’imaginer des solutions plus ambitieuses. La survie de notre planète en général et la nôtre en particulier pourrait en dépendre dans un avenir pas forcément très lointain.