Déjà auteur de plusieurs sculptures olfactives pour la Maison diptyque, le Studio Jean-Marc Gady aime expérimenter sans cesse de nouvelles matières avec une approche innovante. Il vient de lancer une nouvelle version du diffuseur Oiseau, en céramique poreuse, où, plus que jamais le sens et l’émotion sont au cœur de la création, comme l’explique Émilie André, sa responsable et directrice de création.
Dans tout acte de création entre une marque et un créatif, il faut un vrai feeling et une vraie vision de la marque. C’est ce qui s’est produit, il y a maintenant 10 ans entre diptyque et le Studio Jean-Marc Gady. Un atelier de création passionné et pluridisciplinaire qui propose des projets transmettant l’émotion avec un souci constant du détail et de la perfection. Au travers des enjeux de la marque, le Studio offre sa vision esthétique liant émotion, générosité et cohérence. Le but : apporter une forme de poésie tout en conciliant exigence esthétique et artistique et objectifs de la marque. « Designer, c’est réinventer le matériau ! Chaque projet est une aventure propice à l’expérimentation et à l’innovation. L’intention est de sans cesse revisiter et rêver, pour proposer des créations à la fois contemporaines et poétiques », explique Émilie André, responsable du Studio et directrice de création.
Cire, borosilicate, porcelaine émaillée, plâtre naturel, bronze nickelé, verre, céramique poreuse, etc. au travers de ses différentes créations, parfois atypiques, le Studio Jean-Marc Gady, qui est notamment l’auteur pour diptyque des emblématiques photophores en verre cannelé et du palet parfumé, veut sublimer l’émotion à travers la matière. Entretien avec Émilie André, sa responsable et directrice de création.
INfluencia : vous collaborez avec diptyque depuis 10 ans, c’est une longue et belle histoire. Comment est-elle née ? Et pourquoi avoir utilisé l’oiseau dès 2012 ?
Émilie André : notre partenariat avec diptyque dure en effet depuis 10 ans. Il y a eu une vraie rencontre entre nous et une complémentarité dans notre vision de la marque. Dès les premiers jours, nous avons choisi d’en proposer une interprétation poétique et pas seulement de travailler sur l’utilisation d’une matière. Or cette marque est chargée de codes et possède une histoire très riche sur laquelle nous avons pu rebondir. L’Oiseau n’était pas un symbole anodin mais faisait partie des gènes de diptyque. Dans son « bazar » du 34 Bd St-Germain, la Maison exposait en effet des oiseaux « appelants » en bois, dans un cabinet de curiosité, que ses fondateurs aimaient à peindre de motifs ornementaux.
IN : vous dévoilez une nouvelle version du diffuseur Oiseau en céramique poreuse pour la collection 34 de diptyque. Pourquoi ce choix ?
E.A : à chaque fois que nous créons une nouvelle version, nous essayons de réinterpréter le point de départ et de nous réinventer constamment, tout en sachant que la création est dépendante de la matière. Notre intention est de sans cesse revisiter, rêver, pour proposer des créations à la fois contemporaines et poétiques. La maison diptyque, riche de son histoire, nourrit la création et explore la matière sous tous ses aspects. Le premier oiseau par exemple avait une finition de plâtre. Le deuxième était fait avec un frittage de billes de bronze, recouvert en nickel, qui lui donne ce côté bijou. Le troisième, qui vient de sortir, est conçu en céramique poreuse. De la contrainte d’un matériau plein nait la créativité : le motif en relief sur le recto se retrouve en creux sur le verso pour assurer une épaisseur constante sur toute la pièce et ainsi jouer avec les ombres et les lumières. Dans cet objet, le socle en porcelaine émaillée noire est le récipient du parfum, et l’oiseau est le diffuseur.
A l’origine, notre vision était claire : des formes légères, élancées et poétiques et qui auraient le pouvoir de parfumer. Avec un symbole fort : un oiseau, clin d’œil aux oiseaux « appelants » dont je parlais précédemment. Nous avons créé cette petite sculpture porteuse de sens et d’émotion capable de véhiculer efficacement le jus parfumé et de mettre en scène le rituel. Nous avons aussi voulu rendre hommage à l’univers graphique de la marque, notamment au motif « Basile » créé en 1963 par Christiane Montadre-Gautrot, co-fondatrice de la maison diptyque.
IN : de façon générale, quel type de matière aimez-vous travailler ? Et d’où vient votre inspiration ?
E.A : nous aimons travailler toutes les catégories de matériaux ! Ce peut être à la fois le point de départ de la création et le moyen d’exprimer une émotion. Le Studio est constamment en veille. Nous procédons à des phases de recherche très vastes. Nous disposons de notre propre bibliothèque de matériaux facilement accessibles et d’autres qui sont encore à l’étape de recherche et développement, ce qui nous permet d’établir des cartographies. C’est ainsi que nous avons, par exemple, trouvé le poral (matière utilisée en filtration industrielle). Notre ADN est le partage et la générosité. Nous parlons toutes les langues et celle qui nous est propre est celle de l’esthétique.
Nous recevons aujourd’hui beaucoup de demandes clients avec une volonté d’éco-conception. Nous travaillons ainsi en ce moment sur une table basse pour une nouvelle maison d’édition, qui veut utiliser uniquement des matériaux recyclés et recyclables pour les valoriser. Il faut traiter avec respect ces matériaux. Notre ambition est de réussir à mêler émotion, innovation et éco responsabilité. C’est ce qui nous motive dans notre travail et cette réflexion est de plus en plus réclamée par les clients.
Nous sommes des artisans de la création. Nous faisons du sur-mesure et travaillons le savoir-faire français ancestral et lui donnons une valeur contemporaine. Nous avons un vrai rôle de conseil. Nous apportons notre expertise et notre vision que nous partageons avec les marques : nous dessinons au départ une vingtaine de chemins créatifs et nous en racontons 3. Mais pour certaines marques que nous connaissons bien, nous ne proposons qu’une seule piste.