Après le programme d’innovation durable développé par Perrier afin d’imaginer les emballages de demain, c’était au tour de la maison Ruinart de dévoiler le 10 février dernier l’avenir de ses coffrets à champagne. Bilan des courses : l’industrie du packaging est bel et bien en pleine mue écologique.
En matière de boissons alcoolisées, l’écrin a toujours été bien plus qu’un simple contenant. C’est avant tout un puissant vecteur d’image sensé asseoir la légitimité de son produit vis à vis de ses concurrents. Traduisez : le packaging a une forte dimension marketing. On est loin du scoop. Mais un constat d’autant plus vérifiable quant il est question de champagne, les différentes maisons n’hésitant plus à enchainer les partenariats pour revisiter les silhouettes iconiques de leurs bouteilles. En janvier dernier, Bollinger confiait par exemple au français Diam Pack le design d’un coffret inédit pour promouvoir la sortie du nouveau James Bond, Mourir peut attendre. Une collaboration on ne peut plus cohérente puisque l’agent britannique a toujours privilégié le nectar made in Bollinger dans ses films et que le coffret en lui même fait référence à une scène de GoldenEye. La boucle … de ceinture contenant un rayon laser vous permettant de stopper votre antagoniste tout en étant à l’heure pour prendre le thé avec la reine… est bouclée.
Le 10 février dernier, c’était au tour de Ruinart de faire peau neuve. Alors que tous les grands producteurs se livrent à une surenchère de coffrets toujours plus luxueux, la plus ancienne maison du secteur -fondée en 1729, tout de même- dévoilait une refonte totale de ses coffrets à champagne. Le nouvel emballage, fabriqué uniquement à partir de fibres de cellulose compressées, se présente comme une coque rigide monobloc et moulée qui épouse les formes si caractéristiques de la bouteille de la marque. Cette protection, de couleur blanc crème, recouvre quasiment l’ensemble du flacon, hormis son goulot, à partir de la coiffe, qui reste apparente. Exit les coffrets en cartons qui remplissent votre poubelle 1h après les avoir ouvert. La maison Ruinart a même calculé que son empreinte carbone sera réduite de 60% par rapport à l’étui classique, selon la méthode BEE -Bilan Environnemental des Emballages-. Cette « seconde peau » a nécessité deux ans de recherche et développement et sera véritablement lancée au 4ème semestre 2020 en Europe de l’Ouest.
Pour encourager les marques à s’engager
Un impact environnemental positif signé Ruinart qui aurait bien pu inspirer une autre célèbre marque engagée. Une boisson à fine bulles en cache une autre. Le 30 janvier dernier, Perrier lançait The Next Packaging Movement, un programme d’innovation durable permettant à des acteurs de tout bord d’oeuvrer collectivement autour de solutions pour l’emballage. Ce projet ambitieux a été conçu pour aller au-delà des packagings 100% recyclés et recyclables. Il vise à soutenir l’innovation et à développer des solutions qui permettront de réinventer l’emballage, de la source jusqu’à la fin de vie, avec le potentiel d’avoir un impact social et environnemental positif. Depuis l’annonce de son appel à projets en avril 2019, Perrier a reçu près de 90 candidatures provenant d’un large éventail d’organisations à travers le monde, incluant des ONG, des start-ups et des chercheurs.
Le processus de sélection a été très compétitif, intégrant des critères d’évaluation tels que la dimension novatrice des solutions proposées, leur potentiel impact positif au niveau environnemental et social et leur capacité à s’appliquer au marché des eaux gazeuses et à l’industrie des boissons en général. A l’occasion du ChangeNOW Summit 2020, la marque originaire du Gard a présenté les gagnants du programme, qui proposeront leurs solutions novatrices sur le marché d’ici 2025. Chaque projet bénéficiera d’un soutien technique, opérationnel et financier, avec un minimum de 100 000 euros par projet jusqu’à un million d’euros au total. Les projets gagnants abordent différents enjeux liés à l’emballage, allant des matières premières aux solutions alternatives à la bouteille et à la fin de vie des emballages.
And the winners are….
Le premier projet à avoir été récompensé se nomme Biotic. Pensé par Faith Obange, il s’agit d’un plastique biosourcé et biodégradable, produit à partir de déchets agricoles et permettant de créer des emplois correctement rémunérés pour des femmes en Afrique, là où le projet est basé. Le deuxième projet s’intitule Flexikeg & Perrier et s’apparente à une « écollaboration » permettant de fournir des boissons dans un fût innovant, flexible et réutilisable, dans l’objectif de réduire les déchets plastiques et les émissions carbones. Et pour finir, PlastiSkul, imaginé par Giao-Minh Nguyen, Anita Ahuja, Paige Balcom et Chiyanika Nakasamu, vise à créer des micro-usines de transformation des déchets dans les pays en développement, sur la base d’un modèle d’approche intégrée, dès la collecte, et incluant un programme de formation pour les entrepreneurs locaux.
« Perrier a toujours été une marque en phase avec son époque, évoluant et innovant avec ses consommateurs, tout en restant fidèle à ses valeurs fondamentales de collaboration et d’innovation », déclare Philippe Gallard, Directeur Business Unit Internationale chez Perrier. « C’est pourquoi nous sommes fiers d’investir dans ces trois grandes idées pour accélérer leur développement. Avec The Next Packaging Movement by Perrier, nous espérons pouvoir contribuer à un avenir plus durable, en menant des actions audacieuses et en introduisant sur le marché des projets innovants ».
Pour identifier et accompagner les projets les plus méritants, Perrier a créé au préalable une Task Force externe composée d’acteurs du domaine de la science des matériaux et de l’environnement. Cette « agence tout risque » écologique comprenait le Dr. Jiang Nanqing, secrétaire générale de la China plastics reuse and recycling association, Philipp Meister, Senior Director Sustainaibility Strategy du groupe Adidas, Sian Sutherland, Fondatrice de l’ONG Plastic Planet ou encore Sabrina Cipullo, Label Assessment Leader de Solar Impulse. Une mission qu’ils ont donc parfaitement assumé mais qui s’avère loin d’être bouclée. Les 8,8 millions de tonnes de papier et carton consommées annuellement sur le territoire Français en atteste -soit 3,2 % de la consommation mondiale-. Un conseil pour Perrier : enrôlez de ce pas Daniel Craig dans l’équipe. Il cherchait justement un nouveau challenge à sa hauteur…