26 février 2020

Temps de lecture : 3 min

Pourquoi les smartphones détox arrivent au bon moment

D'un côté, les GAFAM préemptent notre temps de cerveau et dominent le marché de l’économie de l’attention. De l'autre, les téléphones « détox » qui se limitent à passer des appels, écouter de la musique et prendre des photos, prolifèrent . Ces alternatives technologiques à l’hyperconnexion ont le mérite d'exister même si, elles sont encore chères.

Tandis que les GAFAM préemptent notre temps de cerveau et dominent le marché de l’économie de l’attention,  les téléphones « détox » qui se limitent à passer des appels, écouter de la musique et prendre des photos prolifèrent . Ces alternatives technologiques ont le mérite d’exister même si, elles sont encore chères.

« Des millions d’heures sont juste volées à la vie des gens ». Cette phrase, prononcée par Tristan Harris, ancien philosophe produit de Google chargé des stratégies de persuasion, a permis de sensibiliser l’opinion publique aux enjeux de l’économie de l’attention. Une logique économique qui incite les acteurs du numérique à concevoir des smartphones et des applications dont l’ergonomie et le design captivent notre attention à des fins commerciales et publicitaires. En réaction à ces manipulations par biais cognitifs devenues communes en matière de technologie, plusieurs entreprises ont créé des téléphones dits minimalistes qui nous rendraient l’ascendant sur ces outils qui aujourd’hui nous possèdent.

Des smartphones pour jeunes hipsters ?

Le Light Phone est probablement l’un des téléphones sobres les plus emblématiques. Sa première génération tablait sur une proposition radicale : on ne pouvait l’utiliser que pour téléphoner. A ce rythme là, autant acheter un Nokia 3310. Le Light Phone 2 a su proposer une alternative plus raisonnable. Avec une campagne de crowdfunding montée à 3 200 000€, le fabricant a pu commercialiser un produit qui fournit les fonctions régaliennes d’un téléphone moderne : appel, message, alarme, musique, carte avec GPS, météo… Aucun réseau social ni boite mail ne sont présents.

En revanche, la marque a autorisé la présence de quelques applications type VTC afin de ne pas se positionner comme smartphone d’appoint. L’écran monochrome du Light Phone offre une autonomie de plusieurs jours et son poids de 38 grammes permet de contenir sa taille dans celle d’une carte de crédit. Pour autant, le prix, élevé à 320€, laisse dubitatif. Pour sept ou huit fois moins cher, on trouve un téléphone cellulaire aux caractéristiques identiques avec un parfum de nostalgie. Les smartphones minimalistes cibleraient-ils les nouvelles générations de jeunes hipsters citadins ?

Un minimalisme rationnalisé

Le principal concurrent du Light Phone se nomme le Blloc Phone. Son positionnement est moins radical et tente un compromis entre minimalisme et modernité. Si l’écran du téléphone est également monochrome pour gagner en autonomie, il est en revanche possible d’activer la couleur en passant le doigt sur un lecteur d’empreinte. Et contrairement au Light Phone, le Blloc autorise le téléchargement de toutes les applications. Pour éviter des effets de distraction, ces dernières sont parquées dans un système de tuile sans logo afin de limiter l’incitation.

Si le prix reste élevé (360€), son ambition justifie davantage son coût. Le pari est en effet de proposer un produit qui trouve l’équilibre entre volonté de déconnexion et impératifs de la modernité. Là où le Light Phone se présente malgré lui comme un téléphone d’appoint, le Blloc propose un minimalisme rationalisé dont on peut faire usage comme d’un smartphone principal.

Le bon vieux Nokia 3310

L’annonce en 2017 du retour du Nokia 3310 a permis de mesurer l’appétence des consommateurs pour un téléphone en plastique dont le seul argument de vente est la nostalgie des années 2000. Car si le 3310 a le mérite de cristalliser l’époque du langage SMS et du jeu Snake, il ne permet pas grand chose de plus que d’appeler et d’envoyer des messages. Le succès du nouveau 3310 est donc moins la quête d’un minimalisme numérique que le regret attendri d’un archétype du passé.

Il convient donc de se demander si la tendance du minimalisme technologique ne serait pas la lubie de quelques privilégiés sensibilisés à la guerre de l’attention. Ceci étant dit, il ne faudrait pas non plus discréditer d’emblée des initiatives de sobriété numérique qui tentent de bousculer l’oligopole consolidé des GAFAM. Alors que les progrès en matière de technologie ne cessent de croitre en symétrie avec les syndromes d’anxiété et de FOMO (Fear Of Missing Out), les tentatives destinées à renverser l’assujettissement entre l’homme et l’objet sont plus que louables.

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