Face au confinement généralisé des populations, les opérateurs redoutent une rupture brutale d’Internet liée à l’augmentation fulgurante des activités en ligne. Bien que la capacité du réseau à absorber les flux soit pour l’instant assurée, le risque de black-out n’est pas nul et nécessite un civisme numérique assidu.
Alors que le confinement se renforce en Europe et que les plateformes hautement énergivores comme Netflix, PornHub et Fortnite ne cessent d’accueillir plus d’utilisateurs, nombreux sont ceux qui se demandent si le web pourrait craquer. Une question pas si bête au regard des derniers chiffres. Rien que le 10 marfs, l’équivalent de 2 millions de vidéos furent consommées en l’espace d’une seule seconde sur le plus gros opérateur mondial d’Internet, soit l’équivalent de 2 milliards de pages A4. Il s’agit du « plus haut record mondial » jamais atteint pour le géant de la télécommunication allemande DE-CIX (Deutsche Commercial Internet Exchange).
2 millions de vidéos consommées le 10 mars
Avec la fermeture des écoles, musées, restaurants et salles de spectacles partout en Europe et bientôt au-delà, ce record sera inévitablement dépassé dans les semaines qui viennent. Le PDG de Telecom Italia, Luigi Gubitosi a constaté « une augmentation de plus de 70% du trafic Internet sur le réseau fixe, dont une part importante provient de jeux en ligne comme Fortnite ». En Espagne, même constat avec une hausse du trafic Internet de 40% et une hausse des appels de 50%.
L’effondrement d’Internet ?
Cette hausse inédite du trafic pourrait-elle provoquer le blackout du World Wide Web ? Si la question n’est pas nouvelle, sa pertinence est aujourd’hui à son zénith. Selon les chercheurs, les câbles et fibres optiques qui maillent le réseau ont une capacité maximale d’absorption qui pourrait saturer dans les prochaines années. En cause, les vitesses de connexion (4G, 5G…) qui ont crû de façon exponentielle en l’espace d’une décennie. En face, les antennes et câbles optiques peinent à transmettre l’ensemble du trafic en flux tendu.
Chacun doit disposer d’un accès égal au web
Pour autant, la plupart des experts s’accordent pour dire qu’Internet n’a que très peu de chances de s’effondrer. D’abord parce que le réseau est capable de décongestionner certaines artères numériques saturées par les consommateurs, mais aussi par sa capacité à améliorer ses performances énergétiques. Plus concrètement, les opérateurs disposent de leviers d’action radicaux pour éviter tout black-out numérique. Deux méthodes sont possibles : brider le flux des plateformes vidéo énergivores types Netflix afin de dégager une vaste portion de bande passante, ou donner la priorité d’accès aux données à certaines personnes ou à certains domaines qui relève de l’intérêt général. Des méthodes musclées qui rendent l’hypothèse d’une panne mondiale très peu probable, mais qui remettraient en cause la neutralité du web selon laquelle chacun doit disposer d’un accès égal au web.
Faire preuve de civisme numérique
Si les risques d’explosion d’Internet sont faibles, les opérateurs invitent néanmoins les utilisateurs à faire preuve de modération. Arthur Dreyfuss, président de la Fédération française des télécoms, en appelle au « civisme numérique […] pour éviter que la consommation de certains pénalise celle des autres ». Ces nouvelles habitudes de consommation ont déjà une résonance supranationale : en Espagne, les opérateurs recommandent aux clients de ne télécharger et consommer du contenu que durant les heures creuses, soit entre 14h et 16h puis entre 20h et 8h. Ceci étant dit, le confinement modifie les plages horaires traditionnelles de consommation de sorte qu’il est aujourd’hui difficile de déterminer quelle est la meilleure heure pour binge-watcher en paix.
Privilégier le wi-fi aux connexions mobiles type 4G
Parmi les recommandations des différents pays en confinement, on notera l’importance de privilégier le wi-fi aux connexions mobiles type 4G, de favoriser le téléphone fixe au téléphone portable, mais aussi et surtout d’éviter les vidéos HD de longue durée… Alors que Pornhub a ouvert « généreusement » sa formule prenium à l’ensemble des Français ce 17 mars, allons nous assister à un goulot d’étranglement des réseaux ?