19 mars 2020

Temps de lecture : 2 min

Quel qu’en soit le coût…

L'histoire prend toujours de ces détours inattendus : on la réclame depuis des années, c'est finalement un virus qui conduit les économies les plus libérales et les plus polluantes, Chine et Etats-Unis en tête, à s'imposer une diète radicale. Et qui épargne étonnamment, pour le moment, le continent le plus modéré.

L’histoire prend toujours de ces détours inattendus : on la réclame depuis des années, c’est finalement un virus qui conduit les économies les plus libérales et les plus polluantes, Chine et Etats-Unis en tête, à s’imposer une diète radicale. Et qui épargne étonnamment, pour le moment, le continent le plus modéré.

Et d’un coup, une solidarité mondiale envers les plus âgés et les plus vulnérables se met en branle. Quel qu’en soit le coût. La décroissance, terme repoussoir par excellence, est mise en œuvre en quelques heures par ceux-là même qui n’ont pour boussole que la croissance. Quel qu’en soit le coût.

Une formalité

La réduction drastique des émissions de CO2 ? Une formalité. En décidant brutalement l’arrêt des déplacements européens vers les USA, Donald Trump, climatosceptique en chef, va-t-il nous faire vivre le premier mois en ligne avec les accords de Paris au niveau mondial ? Quel qu’en soit le coût, combien de drames et de décès va-t-il ainsi éviter ?

Ciel bleu

Le ciel des grandes villes chinoises ? Bleu pour la première fois depuis des années. Sans doute des centaines de vies sauvées de la contagion par de salutaires mesures de confinement. Mais sans doute encore bien plus de vies sauvées par la réduction soudaine de la pollution atmosphérique.

D’autres possibles?

Certes, cet arrêt brutal de nos économies ne sera pas sans conséquences. Elle sera et est déjà douloureuse, catastrophique pour beaucoup, et va entraîner une réaction en chaîne qui pourrait elle-même avoir des impacts non négligeables sur nos vies, notre bien-être, notre santé. Mais si ça n’était pas le cas ? Si, de cette pause forcée, nous ressortions avec la démonstration qu’on peut vivre en voyageant moins, en consommant moins, en travaillant moins … et vivre quand même heureux ? Peut-être plus. Respirer plus. Rire plus. Aimer plus. Penser plus. A soi. Aux autres. A d’autres possibles ?

La Nature

Faisons de ce temps de confinement un temps d’introspection, de remise en cause et d’inspiration pour écrire la prochaine page de notre Histoire. La Nature, encore elle, a tant fait depuis tant de mois, pour nous mettre en alerte et nous implorer de nous soumettre à cette pause salutaire : tsunami provoquant des accidents nucléaires, méga-feux, températures tropicales aux pôles, fonte des glaciers, silence des pollinisateurs et des coraux… malgré une prise de conscience croissante, nous avons pourtant continué et même alimenté leurs causes.

Un pangolin…

En dernier ressort, un pangolin, fascinante créature dont l’évolution a le secret, seul mammifère à écailles, membre d’une de ces millions d’espèces condamnées, s’agrippe à nous dans sa chute et nous rappelle que nos destinées sont liées. Car nous sommes la Nature. Que la 6ème extinction de masse, c’est inexorablement la nôtre. Et il nous met dans l’obligation de puiser à nouveau, pour échapper à ce funeste destin, dans notre inégalable résilience et dans notre exceptionnelle force collective dans les moments les plus sombres.

Surmonter l’épreuve

Souhaitons qu’elles nous aident à surmonter cette épreuve aujourd’hui avec le moins de dommages possibles. Souhaitons qu’elles nous poussent aussi à mettre, dès demain, les plans de relance massifs déjà annoncés au service de l’invention d’une économie contributive, enfin consciente et respectueuse du vivant.

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