26 mars 2020

Temps de lecture : 4 min

Bioplastiques : mythe ou réalité écologique ?

Plastiques recyclés, plastique bio, des matières en vogue dans les pratiques de consommation qui pourtant sèment le trouble dans les esprits avisés. « BIO-PLASTIQUE », comme « ECO-CONSOMMATION » ne sont-ils pas qu’oxymoron brandi fièrement en étendard d’une société capitaliste ultra-consumériste qui tentera tout pour ne (presque) rien changer ? Compte rendu de la conférence « Bioplastiques : mythe ou réalité écologique ? » organisée par Dream Act.

Plastique recyclés, plastique bio, des matières en vogue dans les pratiques de consommation qui pourtant sèment le trouble dans les esprits avisés. « BIO-PLASTIQUE », comme « ECO-CONSOMMATION » ne sont-ils pas qu’oxymorons brandis fièrement en étendard d’une société capitaliste ultra-consumériste qui tentera tout pour ne (presque) rien changer ? Compte rendu de la conférence « Bioplastiques : mythe ou réalité écologique ? » organisée par Dream Act.

Il y a quelques semaines, Dream Act lançait la première d’un cycle de conférences intitulé « Le vrai du faux de la consommation ». Une initiative visant à décortiquer les comportements et concepts de consommation quotidienne ultra marketés. Parce que l’urgence environnementales oblige le système de consommation à se repenser mais que les solutions apportées sont parfois illusoires, l’e-shop de la consommation responsable se penche sur le sujet du bioplastique. En thème de la première conférence : « Bioplastiques : mythe ou réalité écologique ? ». En avant la déconstruction des idées reçues et la démystification de ces nouvelles pratiques marketing évidemment pas si saines. Compte-rendu.

Puisque l’on essaye ici ce distinguer le vrai du faux, qu’est-ce qu’un vrai bioplastique ? Il s’agit d’un plastique biosourcé, c’est-à-dire issu d’une matière végétale ET 100% biodégradable ou compostable. Exit donc le « 50% de matières recyclable » et autres phrasés vendeurs.

Pour répondre à l’urgence tout en stimulant la croissance…

Et pour quoi faire ? Face à des politiques qui doucement se réveillent sur l’urgence climatique et la nécessité d’intervenir sur les habitudes de consommations des populations, les entreprises se mettent à la page. Pollution, disparition des espèces vivantes : la mise à mort de la planète est largement causée par la surproduction de plastique. De la bouteille d’eau aux jouets, en passant par TOUS les objets de consommation. Pour ralentir cette soif avide des ressources fossiles (pétrole), le bioplastique arrive comme à la rescousse. Mais, attention, bio ou pas, sa production reste énergivore… De plus, si le bioplastique est biodégradable, il y a aussi le plastique biosourcé non-biodégradable, un plastique composite ou fragmentaire : il contient des éléments végétaux ET des éléments fossiles. On le retrouve, pourtant encore, désigné à tort par le terme « bioplastique »…Vous commencez à voir l’embrouille ?

Ce type de plastique « semi-végétal » se fragmente en minuscules morceaux, qu’il est encore plus difficile de récolter une fois dans la nature : c’est donc une pollution directe pire que celle du plastique lambda.  Mais s’il présente l’inconvénient d’utiliser du carbone fossile et de ne pas se dégrader dans la nature, il est cependant utilisable pour des objets durables qui n’ont pas vocation à être jetés. Cela permet de réduire, au moins, la charge de plastique utilisé.

Petit coup d’oeil sur les formes de dégradation du bioplastique. Au sens strict, il doit pouvoir se dégrader selon son lieu de fin de vie :

En compostage industriel : doit se dégrader en moins de 6 mois, grâce à des micro-organismes capables de digérer la matière à de très hautes températures.En compost domestique : doit se dégrader à 90 % au bout d’1 an – à condition de ne pas saturer le compost de bioplastique.Dans la nature, au sol : doit se dégrader en en 2 ans.

Pas si simple et efficace donc. Et s’il est indispensables d’inscrire sur chaque produit en bioplastique la manière dont il doit être dégradé, pour assurer un résultat écologique réel, en réalité peu de produits mentionnent ces conditions.

Une marche à suivre

En somme, si vous n’avez pas de bac à compost, évacuez l’idée que vous agissez en bon écolos en consommant bioplastique. Il est très important de composter le bioplastique : cette matière n’a aucun intérêt si elle est jetée, car elle sera incinérée ou enfouie. Si elle est incinérée, elle dégagera du CO2, si elle est enfouie, elle dégagera du méthane par manque d’oxygène. Attention : ce n’est pas propre au bioplastique, c’est le cas de tous les déchets.

 Si  toutefois vous compostez vos restes alimentaires, il est indispensable qu’ils puissent être en contact avec la nourriture. Il est alors une bonne alternative pour les packagings et emballages alimentaires qui représentent la 1ère source de plastique utilisée au monde.

Ce n’est pas LA solution

Second point, pour insister : la production de bioplastique ne règle pas le problème du « jetable » et de l’usage unique. La production d’un objet, quelqu’il soit, a un impact : consommation d’eau, ressources naturelles, transport… L’idée n’est pas de remplacer un produit jetable par un autre, mais d’abord d’essayer de lui trouver une alternative durable.

Le bioplastique n’est pas fait pour remplacer tous les plastiques : cela doit faire sens. Faire de l’usage unique en bioplastique n’a pas toujours de sens, puisque l’usage unique tout court est un problème. Les bioplastiques n’ont pas vocation à remplacer des produits qui, par définition, devraient être arrêtés.

Le point sur le recyclage en France

20% seulement de nos déchets sont recyclés : cela signifie qu’une bouteille sur dix seulement pourra être recyclée, ce jusqu’à 4 fois. Le problème du recyclage et du recyclé, c’est qu’aujourd’hui,  « le recyclage est plus cher que le produit en lui-même (collecte, tri, …) » explique Frédéric Willemart, Directeur-Général de Terravox, organisme de lutte contre les déchets. « Pour recycler, il faut qu’il y ait minimum 70 millions de tonnes de collectes d’un matériau donné. Sinon, ce n’est pas rentable » renchérit Christophe Doukhi, président du Club Bioplastiques. Le mot recyclage n’est d’ailleurs pas toujours exact, il faudrait parler de sous-cyclage quand la matière recyclée servira à la création d’un autre produit que l’initial car on assiste à une dégradation des propriétés de la matière. Par exemple, une éco-cup recyclée ne donnera pas une nouvelle éco-cup mais certainement une polaire.

Pour conclure, le bioplastique n’est ni une solution ultime, ni un ennemi : le problème de fond reste la façon dont nous consommons au global. C’est donc la question des usages qui doit primer : cela ne sert à rien de remplacer du plastique par du bioplastique sans changement de consommation plus général, concernant le plastique il s’agit donc de réduire drastiquement la consommation de produits jetables et à usage unique.

Le conseil de Citizen aux entreprises : « Arrêtez de choisir en fonction du prix moins cher, ce n’est pas la voie de l’écoresponsabilité. Arrêtez les objets publicitaires à usage unique : choisissez des produits durables, et faites attention aussi aux normes sociales »

Le conseil de Novamont aux entreprises : « Vérifiez les possibilités de recyclage d’un produit : s’il a a une vraie filière de recyclage, le choisir. S’il est difficile à recycler, optez pour du biodégradable »

Le conseil de Surfrider aux citoyens et aux entreprises : « Avant de consommer, se poser la question du besoin, de l’utilisation et de la fin de vie »

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