1 mai 2020

Temps de lecture : 2 min

Covid-19 et évenementiel : l’évenement sera un acte de courage

Édouard Auger et Fred Bault de Havas Events nous délivrent une très belle tribune, poétique, touchante qui va au-delà de l'événementiel, leur métier, pour évoquer la rencontre, l'autre. Physiquement.

Édouard Auger et Fred Bault de Havas Events nous délivrent une très belle tribune, poétique, touchante qui va au-delà de l’événementiel, leur métier, pour évoquer la rencontre, l’autre. Physiquement.

Rencontrer l’autre.

Doit-on garder espoir pour le secteur de l’événementiel ?
La crise que nous traversons révèle l’essence de notre métier.
Le besoin humain de rencontre physique.
Notre « matière première ».
Cette même rencontre physique qui nous met aujourd’hui en danger.
Le secteur de la santé a évidemment été le premier impacté.
Ses professionnels continuent, quand tout devient grave, de rencontrer l’autre.
Il y a tous les métiers qui permettent de se nourrir, d’être en sécurité, d’avoir des rues salubres…
Ils continuent de rencontrer l’autre.
Alors les événements que nous organisons apparaissent bien futiles.

Nous avons été, à notre mesure, dans les premiers à vivre l’interdit.
Pas plus de 5000 personnes.
Pas plus de 1000.
Pas plus de 100.
Personne.
Alors vite, il fallait se projeter dans « l’après », car « tout redeviendra normal rapidement », pensait-on.
Et puis lentement, au rythme de notre système de santé et des éléments de langages de nos dirigeants, nous intégrons le déconfinement progressif.
Certains prédisent que nous devrons changer durablement.
Sûrement.
Nous aurons de nouveaux réflexes.
Nous resterons à un mètre.
Nous ne nous serrerons plus la main.
Nous porterons des masques.
Devra-t-on prévoir de se montrer nos tests de dépistage avant de se rencontrer ?
Peut-être.

Alors que nous reste-t-il ?
Comment continuer à rencontrer l’autre ?
La réponse est quasiment du domaine de la foi.
Une foi païenne.
Celle de notre tribu bien soudée.

On nous a déjà promis qu’une longue série de 1 et de 0, appelée révolution digitale, aurait notre peau.
Nous l’avons apprise, nous l’avons déjouée, pour jouer aujourd’hui avec elle.
Et qui l’eut cru, ce qui devait mettre fin à la rencontre physique, a fini par la revaloriser.
Mais aujourd’hui, il y a plus que notre sociabilité commune en jeu.
Il y a notre santé.
Le prix de la rencontre physique vient d’augmenter.

Alors voilà ce que nous dirons.
L’événement sera un acte de courage.
Entendons-nous, pas le prétendu courage de ceux qui ont opposé une résistance stupide et dangereuse aux demandes de confinement et au respect des gestes barrières.
L’événement sera un acte de courage car il faudra être sûr, il faudra être safe.
Nous rencontrerons l’autre pour participer à la vie de la cité.
Pour nous aider à débattre.
À avancer.
À s’émerveiller.
Au-delà de tout ce que nous créerons à distance.
Au-delà de la rationalité, au-delà de l’intellect.
Rencontrer l’autre.

Nous ferons peut-être moins.
Mais nous ferons mieux.
Y croire deviendra un combat.
Nous serons de ceux qui le mènent.

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