Dans l’étude menée par Agathe Laurent – ( SpringVoice ) auprès de 60 femmes de différents âges et milieux sociaux en France, Argentine et USA*, la pandémie révèle comment les femmes du monde entier font face à la crise. L’occasion de briser les stéréotypes, ou les confirmer ?
Dans nos foyers, le confinement s’avère un fardeau et un luxe : les femmes réinvestissent leur rôle domestique, mettant de côté leur indépendance pour s’occuper de la famille. Pour beaucoup, la crise permet un recentrage au point que certaines aimeraient rester enfermées plus longtemps. Cependant, les pressions sont multiples pour assurer sur tous les fronts, sans oublier le soutien aux parents et amis isolés. La question est là : la crise brise-t-elle les stéréotypes ou bien les ravive-t-elle ?
1- Les femmes ré-enchantent leur vie domestique : Dévouement ou émancipation ?
Dans cette période, on voit les femmes passer des heures à cuisiner, nettoyer la maison, s’occuper de leurs enfants avec un dévouement nouveau. En attestent les médias sociaux, révélant à quel point elles sont devenues les championnes des bonheurs simples et des nouveaux rituels. Ainsi, qu’elles le veuillent ou non, elles reconnectent massivement aux obligations du foyer. On dirait qu’elles embrassent les rôles traditionnels dont elles ont essayé de s’éloigner. Pourquoi ? Beaucoup n’ont pas le choix, seules à bord, ou peu soutenues. Pour d’autres, c’est un mécanisme de défense, un anti-stress. Ou peut-être aussi qu’ après tant de sacrifices, les femmes peuvent enfin revoir leurs priorités, se recentrer. « J’ai réalisé que j’ai mis le travail et d’autres choses moins importantes avant mes enfants et que ce n’est pas une bonne éducation », confie cette femme américaine.
ET APRES ?
L’occasion de construire un vrai dialogue pour une nouvelle équation de l’égalité : 1 foyer = 1 équipe ! Pour ce prochain chapitre, souhaitons qu’elles puissent discuter librement de leurs priorités. Et si cela fait sens pour elles, elles devraient pouvoir maintenir ces activités. Sans sacrifier leur indépendance.
2- Les femmes restent super-productives bien que confinées : course en avant ou conscience d’une opportunité ?
Dans notre monde hyper-compétitif, la pression sur les femmes pour asseoir leur crédibilité fait qu’elles doivent sans cesse ‘sur-délivrer’. Avec le confinement, la pression est pire : elles doivent prouver leur talent pour rester concentrées, passer d’une réunion à l’autre, ‘multi-tasker’, malgré une avalanche de responsabilités, et sans sas de décompression. « pas de temps pour moi. Je me lève en vitesse, je me connecte, je prépare le repas, je serai encore plus épuisée si cela continue », se plaint cette interviewée française. Toutefois elles savent que ce moment est aussi une chance. Elles s’en rajoutent, malgré la fatigue: elles rattrapent les retards, apprennent, créent : vive le yoga en ligne, la lecture, la musique… Ce temps suspendu ne reviendra pas . « Il ne faut pas que cela se termine trop vite sans profiter de ce cadeau. MAIS cela nous met sous pression, si nous ne profitons pas de cet enfermement, c’est inutile », affirme cette Française.
Et celles qui s’écoutent osent aussi favoriser ‘le temps intérieur’, pour lâcher prise, revoir leurs priorités. Au point que certaines femmes admettent même vouloir rester confinées plus longtemps (L’Express, dimanche 19 avril), « Impossible de retourner travailler à plein temps au bureau. Quelle joie de rester avec mon fils, mes chiens, ne porter ni soutien-gorge ni maquillage ! » , reconnaît cette Américaine.
ET APRES ?
Cette ‘pause’ forcée est pour celles qui le peuvent, une occasion de valoriser des temps de réflexion et de développement personnel. Mais après la crise, comment maintenir un équilibre, sans qu’elles subissent encore la pression d’en faire plus ?
3- Avec la crise, les femmes réinventent le lien social : prédisposée à l’Empathie ou actrices du changement ?
On dit les femmes championnes du Care, douées pour répandre amour et attention aux autres. Pendant ce confinement, elles sont encore plus présentes pour leurs proches : téléphone, réunions virtuelles, messages aux vieux amis… « J’ai un journal où je note les noms de ceux que je dois contacter tous les jours », expliquer cette Américaine. Ainsi, tout en se redéfinissant elles-mêmes, elles vont encore plus loin pour aider les autres : elles s’engagent passionnément dans des initiatives solidaires. Elles ont compris la violence extraordinaire de la crise et déploient une énergie tout aussi extraordinaire pour aider. Elles soutiennent tête baissée l’effort collectif, elles réinventent le ‘lien social’ et lui donnent un sens plus profond. Elles savent que le monde de demain se construit maintenant. Ce n’est ni par culpabilité ni par pression, et en plus, ça leur fait du bien ! « Cette crise confirme que je dois changer de carrière, faire un métier utile », réalise cette interviewée française
ET APRES ?
Les femmes démontrent un leadership remarquable en créant une réelle dynamique d’entre-aide. Elles confirment que la Solidarité est un sujet urgent, notre priorité à tous, pour demain.
* Source : étude auprès de 60 femmes de différents âges et milieux sociaux en France, Argentine et USA. En partenariat avec Josette Halegoi et Marcela DeGrande)
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