On connait les désormais « safe places to have diner », serres créées à Amsterdam, pour le restaurant Mediamatic. L’agence américaine de design The Rockwell Group a créé des structures qui permettent aux restaurateurs d’étendre leurs terrasses dans les rues. Un modèle à importer en France?
Les mairies ne l’autorisent pas encore mais un restaurateur préparé en vaut deux. L’agence américaine d’architecture et de design The Rockwell Group a créé des kits modulaires pour permettre aux propriétaires de bars et de restaurants d’étendre facilement leurs terrasses sur les trottoirs et dans les rues des grandes villes et des villages. Le déconfinement permet enfin aux spécialistes des métiers de bouche et aux bistrotiers de pouvoir ouvrir de nouveau leurs établissements. Les nouvelles réglementations en vigueur modifient toutefois en profondeur leur façon de travailler. Port du masque et distanciation physique obligatoire entre les clients compliquent singulièrement la vie de professionnels qui ont déjà été durement touchés par la fermeture de leurs commerces pendant plusieurs semaines. La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a en effet provoqué une perte d’activité de -37,5% dans la capitale et de -34,5% en France. De nombreuses municipalités ont donc décidé de leur venir en aide en leur permettant d’accroître la superficie de leurs terrasses.
Paris montre l’exemple
La mairie de Paris autorise ainsi jusqu’au 30 septembre les bars, cafés et restaurants à installer des espaces provisoires dans les rues. Ces lieux, qui peuvent être exploités de 8 h à 22 h tous les jours, « doivent avoir un impact visuel le plus réduit possible (… et le mobilier doit être discret et homogène pour s’intégrer harmonieusement dans le paysage urbain », exige la municipalité qui autorise l’installation « de tables, chaises et de parasols, mais pas de dispositif fixe ». Ces derniers mois ont toutefois montré que les règlements en vigueur pouvaient radicalement changer d’un jour à l’autre. Nul ne sait quand les restaurants pourront reprendre une activité normale. L’ouverture éventuelle de leurs salles intérieures leur donnerait une bouffée d’oxygène bienvenue mais le respect de la distanciation ne leur permettra de recevoir autant de clients qu’à l’accoutumée et il est peu probable que les municipalités lèvent toutes leurs interdictions avant l’arrivée d’un vaccin contre le Covid-19. L’autorisation provisoire concernant l’agrandissement des terrasses pourrait en conséquence devenir pérenne.
Mediamatic, dîner confiné à deux
Certains designers ont déjà trouvé des idées originales pour permettre aux restaurateurs d’accueillir leur clientèle dans de meilleures conditions. A Amsterdam, le restaurant Mediamatic accueille les couples dans cinq petites serres installées le long d’un canal.
Ikea fait des émules
The Rockwell Group a été plus loin en imaginant plusieurs kits modulaires. Cette agence de 250 personnes fondée en 1984, -qui a conçu de nombreux hôtels et restaurants ainsi que le Dolby Theatre qui accueille chaque année la cérémonie des Oscars à Los Angeles-, a créé des structures capables d’accueillir entre 30 et 216 personnes. Ces éléments peuvent être assemblés les uns aux autres en fonction des besoins des chefs et de leur personnel en salle. Des planchers en bois qui s’encastrent les uns aux autres, des tables parfaitement espacées, des présentoirs pour des bouteilles de gel hydroalcoolique… Ces kits sont actuellement testés en grandeur nature dans le restaurant new-yorkais Melba’s à Harlem. « Il n’existe pas une solution unique et facile pour l’instant pour résoudre les défis auxquels doivent faire face les restaurants mais il est clair que nous devons repenser la façon dont nous utilisons les espaces publics extérieurs, juge David Rockwell qui a vécu une partie de son enfance au Mexique avant d’étudier l’architecture à l’Université de Syracuse et l’Architectural Association de Londres. Les croisements des rues et des trottoirs, – et même les voies centrales des avenues, dans certains cas-, peuvent fournir une capacité d’accueil bien nécessaire aux restaurants ». Les chefs parisiens et leurs collègues de province ne diront pas le contraire…