En mettant en lumière la dépendance de la France aux systèmes de production et d’approvisionnement mondiaux, la crise du Covid-19 a aussi permis aux populations aisées d’entrevoir le calvaire du manque. Supermarchés vidés des produits de première nécessité, rationnement, attente, et budgets revisités au gré des tumultes d’organisations professionnelles. Un aperçu vite oublié, alors même que la précarité, elle, subsiste. Pour en parler et rappeler les citoyens à leur soi-disant solidarité nouvelle, Action contre la Faim lance une campagne visuelle immanquable, signée DDB°Paris.
À l’échelle mondiale, à l’ombre des situations privilégiées, un milliard de personnes souffrent de la faim. Une précarité lourdement accentuée par les perturbations liées à la crise, mettant en péril la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables et augmentant leurs risques de sombrer en situation d’insécurité alimentaire.
Après plusieurs mois d’attention médiatique, de photos postées en continu sur les réseaux sociaux témoignant des rayons vides et de personnes se ruant sur les derniers rouleaux de papier toilettes tournant presque le phénomène en situation comique, tout semble être « revenu à la normale », pour chacun. Dans une récente publication utilisant l’anthropologie pour mieux comprendre l’empreinte de la crise sur nos sociétés, INfluencia délivrait un bilan plutôt triste quant au soi-disant nouveau paradigme de solidarité apparu ces derniers mois. Comme l’expliquait alors Fanny Parise, parler de société solidaire est compliqué, surtout dans des modèles comme les nôtres où « les individus sont encapsulés dans un ultra-libéralisme ». Une entraide contrainte qui donne l’image d’un corps citoyen uni dans la crise, mais visiblement pas dans la durée.
Retour à la réalité des inégalités sociales
Effectivement, il semblerait que la crise passée, le corps citoyen oublie la dynamique d’entraide insufflée par l’urgence. Pourtant, l’urgence, la précarité, la faim, sont les éléments qui rythment le quotidien d’une grande partie de la population. Pour en parler et saisir les citoyens de l’importance de cette lutte pour la survie, Action contre la Faim lance aujourd’hui #HungerPandemic. L’idée : rappeler la réalité des inégalités sociales, et souligner les effets collatéraux de la pandémie de Covid-19 sur la faim dans le monde.
Avec DDB° Paris en pro bono aux manettes, (Maximilien Guibert, Directeur artistique et Jeremy Burnand Concepteur-rédacteur sous la direction de création de d’Alexander Kalchev), Action contre la Faim dévoile une série de 3 visuels qui remettent définitivement les idées et priorités en place. Exit les terrains d’intervention à l’international et les clichés culpabilisants habituels, l’agence profite de la mémoire collective liée à la crise pour mieux parler aux citoyens. En fond de tableau donc, des rayons de supermarchés vides. Et pour le propos, la réalité du monde : « pour 821 millions de personnes dans le monde, le réapprovisionnement n’arrivera peut-être jamais ».
Toucher les foules dans un univers familier
Direct, incisif, urgent : un message clair et provocateur pour appeler les citoyens et acteurs du système à poursuivre leurs efforts de solidarité auprès de ceux qui n’ont pas la chance de connaitre une sortie de crise. Comme l’explique Jean-François Riffaud, Directeur Général d’Action contre la Faim en France, « en utilisant trois visuels présentant ce qu’a pu être la réalité éphémère des enseignes de distribution en Europe et aux Etats-Unis, Action contre la Faim entend toucher, pour la première fois, les Français.es avec des images qui appartiennent à leur environnement », et non à ceux de nos terrains d’intervention à l’international ». Via le hashtag #HungerPandemic, l’association entame aujourd’hui une première phase de sensibilisation, suivi à la rentrée d’un temps appelant les Français.es à se mobiliser en les invitant à agir pour repenser nos systèmes alimentaires actuels.