La crise sanitaire a modifié les méthodes de recrutement des entreprises. Certains de ces changements sont là pour durer même s’il faut parler d’évolution et non pas de révolution. Stedy montre la voie.
Bridgestone, Auchan, Alinéa, Bénéteau, La Halle, Camaïeu… Les plans de licenciements se suivent à un rythme effréné en France. Entre le 1er mars et le 27 septembre, 454 plans de sauvegarde de l’emploi ont été enregistrés, selon les données de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). L’an dernier, ce chiffre ne dépassait pas 267. En moins de sept mois, 65.000 ruptures de travail ont été envisagées dans le cadre de PSE contre un peu plus de 19.000 sur la même période de 2019. Près de 3500 licenciements économiques supplémentaires ont été déclarés au ministère du travail par des sociétés qui se séparent de moins de dix salariés. Ces chiffres inquiétants ne résument pourtant pas la complexe situation du marché du travail dans notre pays.
Les licenciements ne touchent pas tous les secteurs
« 15.000 emplois devraient être perdus dans l’industrie cette année mais les deux-tiers de ces coupes devraient toucher uniquement les entreprises spécialisées dans l’aéronautique, calcule Karl Rigal directeur du marketing de Stedy. Beaucoup d’autres secteurs comme l’énergie, l’environnement, les sciences de la vie, la santé ou la défense continuent de bien tourner et d’embaucher».
Le recrutement dans l’industrie, la santé, le ferroviaire et l’ingénierie
Sa société est spécialisée dans le recrutement dans l’industrie, la santé, le ferroviaire et l’ingénierie. Et le moins que l’on puisse est que la crise sanitaire n’a pas vraiment eu d’impact négatif sur son activité. « Les secteurs dans lesquels nous travaillons n’ont pas été pénalisés par la pandémie, reconnaît cet ancien cadre de Monster. Les entreprises présentes dans les métiers liés à la transformation numérique se sont même renforcées depuis l’arrivée du Covid-19». Le confinement et aujourd’hui la mise en place de nouvelles règles sanitaires de plus en plus strictes pour limiter l’ampleur d’une seconde vague ont toutefois modifié les méthodes de recrutement des employeurs à la recherche de sang neuf. Modifié mais non pas révolutionné…
La crise accélère certaines tendances
« Des tendances qui existaient dans les ressources humaines avant l’arrivée de la pandémie se sont accélérées ces derniers mois », confirme Karl Rigal. Les limites liées à la distanciation ont provoqué l’annulation de tous les salons d’étudiants et les entreprises ne peuvent plus organiser de forums de recrutement. Les jeunes sont pourtant toujours à la recherche de travail. Beaucoup d’employés qui ont déjà un job rêvent pour leur part d’en changer. Selon une étude du cabinet de recrutement Robert Half, 70% des salariés ont récemment réévalué leurs priorités en termes de carrière et de futures conditions de travail .
Pour tenter de trouver la perle rare, les employeurs font de plus en plus recours aux nouvelles technologies. Certains n’hésitent pas à faire appel aux chatbots et à l’intelligence artificielle comme l’expliquaient dans une tribune parue sur La Quotidienne INfluencia, Michel Berry, fondateur de l’école de Paris du Management Mines et Paris Tech et le chercheur Christophe Deshayes . L’efficacité toute relative de l’IA est souvent montrée du doigt par ses détracteurs mais d’autres technologies moins « révolutionnaires » apportent une certaine aide aux recruteurs. « De plus en plus d’entretiens d’embauches se font à distance, constate Karl Rigal. C’était déjà le cas avant la crise sanitaire mais ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur». Et pour cause.
22% des jeunes utilisent Instagram pour étudier leurs potentiels employeurs
Les déplacements au sein du pays sont de plus en plus difficiles. Un nombre croissant de jeunes diplômés et de cadres à la recherche d’une meilleure qualité de vie ne veulent plus également d’emploi dans lesquels ils devront aller chaque jour au bureau. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à choisir la société pour laquelle ils vont postuler. « Qui aurait cru que 22% des étudiants et des jeunes diplômés iraient sur Instagram pour faire des recherches sur les entreprises pour lesquelles ils pourraient travailler, s’étonne le CMO de Stedy. C’est pourtant le cas aujourd’hui. Ce taux atteint même 49% pour YouTube. Les employeurs se doivent d’être transparents notamment au sujet de sujets sensibles comme ceux liés à l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle ».
Les entretiens en face à face ne sont vont pas disparaître pour autant
Le retour éventuel à une certaine normalité ne devrait toutefois pas permettre aux spécialistes en RH de revenir à leur « vie d’avant ». « Les forums et les salons pour l’emploi devraient réapparaître car les entreprises qui ont besoin de beaucoup embaucher apprécient ces rendez-vous qui leur permettent de voir un nombre élevé de candidats sur une période assez restreinte, prédit Karl Rigal. Mais les entretiens à distance sont là pour durer même si les interviews en face à face ne sont vont pas disparaître pour autant car une rencontre physique reste nécessaire pour valider les profils que l’on recherche ». Le monde de demain sera donc un mélange de « l’ancien régime » et des nouvelles règles imposées par la crise actuelle. Qu’on se le dise…