Les 8 et 9 décembre prochains, se déroulera en partenariat avec INfluencia, la troisième édition de l’événement Innov Audio Paris organisé par l’ACPM (cliquer ici pour s’inscrire) consacré à la structuration du marché de l’audio digital. L’occasion pour INfluencia de mettre à l’honneur l’audio digital et d’enquêter sur les dernières tendances du secteur. Aujourd’hui Louie Media. Louie Media (lire L’ouie) c’est l’aventure de trois journalistes aux multiples talents qui se jettent dans la piscine olympique des podcasts, il y a 3 ans. Charlotte Pudlowski, et Mélissa Bounoua, respectivement ex-rédactrice en chef et adjointe de Slate.fr en sont les co-fondatrices, Katia Sanerot, ancienne éditrice du Figaro Madame, les a rejointes l’an dernier en tant que directrice générale associée. Cette dernière prend la parole pour évoquer cette industrie où le compétiteurs sont nombreux, les écritures variées et le métier encore mal reconnu. Elle sera par ailleurs spekaeuse à Innov Audio le 8 décembre .
INfluencia : quel est le storytelling de Louie Media ?
Katia Sanerot : L’objectif pour les fondatrices, toutes deux journalistes, était de créer un media différent, de faire comprendre le monde à travers des histoires. Des programmes réalisés au sein de notre studio de production. La diversification s’est très vite imposée via le brand content, toujours avec cette même philosophie de raconter des histoires. Aujourd’hui nous travaillons avec 30 marques dont la FNAC, Free, Radio Nova, Vichy, etc.
IN. : ces marques travaillent avec des agences de communication, dotées de services de production son… Comment parvenez-vous à vous imposer dans un système déjà bien huilé ?
K.S. : la majorité de nos partenaires viennent nous chercher, (agences, annonceurs) car ils connaissent nos programmes phares, telles que l’émission Émotions programme haut de gamme sur le développement personnel qui réalise 350 000 écoutes par mois… Ils ont déjà une bonne idée de l’identité de nos programmes, et veulent ce type de traitements. Cela peut paraître étonnant effectivement, mais une agence comme Publicis nous fait travailler pour Vichy, Babel pour Orange. Leurs demandes sont bien spécifiques, n’entrent pas forcément en rivalité avec leurs expertises, simplement, ils veulent pour certains tirer leurs contenus audios vers le haut. Nous travaillons le storytelling, nous avons une expertise qu’il n’y a pas en agence, où il y a déjà beaucoup de problématiques publicitaires à régler…
IN. : la publicité cherche de nouveaux formats pour s’exprimer, vous représentez une nouvelle option, des offres métiers différentes. Ou puisez-vous votre inspiration ?
K.S. : la radio de service public est maître dans le domaine, mais il y a aussi cet engouement pour les séries TV américaines qui nous montrent la voie. Des séries qui racontent des histoires aux points de vues multiples comme The Affair, notamment, où une histoire est racontée du point de vue des divers narrateurs. L’audio permet à chacun de se projeter, et en cela elle est aussi très proche de la littérature. On va chercher le contenu, fonction de son humeur, de son envie du moment, de ce qu’elle va nous permettre de comprendre, ou de ressentir…
IN. : vos beaux succès de vitrine vous permettent d’accéder à des marques intéressées par ce type de « fictions », en ont-elles les moyens financiers ? On sait que le son est un peu le parent pauvre de la «com, le dernier poste auquel on pense lors d’une production…
K.S. : justement c’est cela qui est intéressant avec le podcast. En agence, on ne se demande plus au dernier moment ce que l’on va mettre comme « son », si on va aller acheter un accompagnement sonore sur une banque de musiques au kilomètre. On remet la voix, le son, le storytelling au centre… Louie Media accompagne ses clients. Si nous nous contentions de faire du contenu sans construire une stratégie autour, un podcast pourrait rester des semaines entières dans un coin sans être écouté. Lorsque nous faisons un devis, une ligne est consacrée à la médiatisation de ces contenus, relations presse, événements, mécaniques mises en place pour pousser les écoutes. En clair nous misons sur deux éléments déterminants : d’un côté des programmes de très grande qualité, originaux, inédits grâce à une équipe de 14 productrices, des auteurs, des autrices, etc. Et un accompagnement tout aussi stratégique pour les annonceurs.
IN. : quels impacts ont eu le premier et le deuxième confinement sur votre activité ?
K.S. : C’était rock&roll… Louie est vite devenu un laboratoire pendant le premier confinement, c’est là que nous avons créé Bookclub, podcast littéraire qui entrait dans l’intimité de bibliothèques de particuliers connus ou non, créant ainsi un rapport intime entre le livre et le public. C’est pendant cette période aussi que nous avons créé un podcast pour Radio Nova autour de la parole. La station souhaitait mettre en avant des voix chaque jeudi matin. Fracas est né. Un format très travaillé, très monté. Ce deuxième confinement n’a pas d’impact sur la production, en dehors de ceux qui ne souhaitent pas se déplacer, nous travaillons assez normalement.
IN. aucun projet annulé pour raisons économiques ?
K.S. : il y a un ralentissement sur le premier semestre. Peu de projets sont annulés, plutôt reportés. L’année 2020 sera meilleure que 2019. Notre chantier le plus important cette année est de structurer notre métier et de faire en sorte que la création journalistique bénéficie d’aides comme les autres activités artistiques. On vous l’a sans doute déjà dit, mais la création journalistique n’est pas reconnue par les professionnels comme étant une œuvre… C’est la seule. Nous avons des chantiers à mener c’est sûr pour une meilleure représentativité de la profession.